Rapports de Human Rights Watch

II. Recrutement aux fins de placement dans le service domestique

Les filles deviennent travailleuses domestiques de différentes façons. Bien que le but explicite du processus de placement ne soit pas toujours l’utilisation de la fille pour les travaux ménagers, en réalité elles finissent presque toujours par faire du travail domestique. Beaucoup de filles employées comme domestiques font l’objet d’exploitation par le travail aussi bien que de mauvais traitements et de négligence envers les enfants. Les recruteurs et les employeurs en sont les principaux responsables, mais les parents négligent aussi leur devoir de veiller sur leur enfant et d’assurer son bien-être, même à distance. Enfin, le gouvernement ne poursuit pas les crimes contre les enfants et ne garantit pas que leurs droits soient respectés.

Recrutement de filles de Guinée

En Afrique de l’Ouest, les enfants sont souvent élevés par des parents proches (oncle, tante, grands-parents) ou par des parents éloignés de la famille élargie ; cette tradition est parfois appelée en anglais child fostering, ou en Afrique de l’Ouest francophone  placement ou confiage.38 Si beaucoup de ces placements sont faits auprès de membres de la famille, les parents envoient aussi leurs enfants vivre avec des personnes qui ne sont pas de la famille, comme des amis, des parrains, des connaissances, ou même de complets étrangers. Sur les 32 filles guinéennes interrogées, 17 ont indiqué qu’elles avaient été envoyées à leurs oncles ou tantes directs. L’une avait été envoyée à une cousine ; pour les 14 autres, les familles d’accueil n’étaient pas des parents.

Motifs des parents

Fréquemment, les parents envoient leurs enfants vivre avec des membres de la famille lorsque ceux-ci vivent dans une ville plus importante. Les parents des zones rurales pensent souvent que la vie en ville est plus facile, et qu’elle offre plus de possibilités – même si leurs parents en ville sont pauvres. En particulier, les parents espèrent souvent que leurs enfants auront une éducation ou une formation professionnelle en ville et qu’ainsi ils auront plus tard un bon travail.39 A vrai dire, les niveaux généraux de santé, de nutrition et d’éducation sont beaucoup plus bas dans les zones rurales que dans les zones urbaines.40 Beaucoup de familles ont un grand nombre d’enfants et jugent impossible de les nourrir tous convenablement ; ce problème est accentué par la polygamie et un accès limité à la planification familiale, ce qui signifie qu’un homme a plusieurs femmes et encore plus d’enfants, aux besoins desquels il doit subvenir. Un père a expliqué :

J’ai trois épouses et beaucoup d’enfants. J’ai envoyé une de mes filles vivre avec ma plus jeune soeur. Elle est à Tamagali, dans la préfecture de Mamou. Ma fille a onze ans. Je l’ai envoyée quand elle avait cinq ans. Je l’ai envoyée parce que j’ai beaucoup d’enfants, et ma soeur a proposé de m’aider en prenant un de mes enfants.41

Mais la pauvreté et le sous-développement  ne sont pas les seuls facteurs en jeu. Il y a aussi de forts préjugés contre l’éducation et l’indépendance des filles dans les zones rurales, qui servent à « diriger » les filles sur la voie du travail domestique. On attend des filles qu’elles fassent des travaux domestiques et puis qu’elles se marient jeunes. Envoyer les filles ailleurs pour faire du travail domestique devient un des quelques « débouchés » accessibles.42 Les parents « offrent » parfois leur enfant à titre d’aide dans la maison de quelqu’un de la famille, ou quand on le leur demande. Par exemple, ils peuvent le faire quand d’autres membres de la parenté n’ont pas d’enfant, presque comme une façon « d’ajuster le déséquilibre démographique ».43

Plus particulièrement, les parents envoient les filles pour faire du travail domestique quand le membre de la famille d’accueil n’a lui-même pas de fille, comme l’illustre le cas de Mahawa B., de Forécariah, âgée de huit ans, qui a été envoyée au village de son oncle et de sa tante, dans la même préfecture. Elle nous a dit : « Mon oncle a demandé à ma mère d’envoyer une fille. Il n’a pas de fille. Mon père a beaucoup d’enfants. »44 Mahawa a alors été envoyée à son oncle pour faire des travaux domestiques et du travail agricole dans la plantation de la famille. Autant ses parents que son oncle et sa tante considéraient qu’il est normal que ce type de travail soit fait par une fille : ses trois frères allaient à l’école ; elle et ses sœurs n’y allaient pas. En envoyant Mahawa à son oncle et sa tante, ses parents privilégiaient son travail plutôt que son éducation, chose qui arrive souvent en Guinée pour les filles.

La famille demande aussi fréquemment à ce qu’une fille lui soit envoyée à la naissance d’un bébé, pour qu’elle aide à s’occuper de l’enfant. A l’âge de cinq ou six ans, Dora T. a quitté Norassaba en Haute Guinée pour Conakry, une distance de 500 kilomètres :

Une femme [la tante de Dora] est venue me chercher – elle voulait que je m’occupe de ses enfants. Elle a promis qu’après j’irais à l’école ou faire un apprentissage. Mais depuis que je suis ici, l’enfant a grandi, va à l’école maintenant, mais pas moi. Jusqu’à maintenant, c’est moi qui fais tout dans la maison…. Mes parents m’ont envoyée ici parce ce que la femme a fait la promesse. Mon père maintenant est très mécontent de la situation.… Quand nous sommes arrivées à Conakry, j’ai nettoyé la maison, lavé les habits des enfants, préparé le petit pour la crèche et je suis restée avec le bébé à la maison. Maintenant que je suis plus grande, les choses sont pires. Avant, je ne pouvais pas tout faire, j’étais trop petite [cinq ou six ans]. Maintenant, je fais tout dans la maison, je travaille dur à la maison. Au début j’étais en contact avec mon père. Mais depuis la dernière fois qu’il est venu, il n’a plus été en contact, parce qu’il était en colère [avec sa soeur]. Une fois, il est venu me chercher pour me ramener au village. Mais …  elle a prétendu qu’elle s’était déjà habituée à moi, qu’elle m’aimait vraiment, qu’elle ne pouvait pas rester sans moi. Alors elle a promis que maintenant, elle me mettrait à l’école. C’était il y a trois ou quatre ans.45

Dans d’autres cas encore, les parents envoient leurs enfants chez d’autres membres de la famille parce qu’il y a une crise dans la famille, par exemple un divorce ou une maladie.46 Quand les parents divorcent, soit les enfants restent avec leur mère, soit leur père les envoie chez une femme de la famille, sa sœur en général.47 Dans ce cas, ces familles sont considérées comme rendant un service aux parents, et comme « apportant de l’aide » en prenant un enfant. Les enfants sont aussi envoyés vivre dans d’autres familles en cas de divorce. C’est ce qui est arrivé à Justine K., qui a été envoyée chez sa tante :

Je suis venue à Conakry quand j’étais petite, après le divorce de mes parents. Mon père m’a envoyée ici de Kankan et m’a donnée à ma tante.  J’ai trois autres frères et soeurs, et ils ont tous été envoyés à d’autres membres de la famille. Mes deux parents vivent maintenant à Conakry, mais ma mère s’est remariée, et je ne la vois plus.  Mon père ne s’est pas remarié. Chez ma tante, j’étais chargée de tous les travaux ménagers et je n’étais pas payée.  Ma tante me battait quand elle pensait que j’avais fait quelque chose.  Quelquefois c’était avec un bout de bois, et d’autres fois avec un balai.48

Après avoir été abandonnée par son mari, Aminata Y. du village de Madina dans la préfecture de Forécariah, a envoyé sa fille Rosalie, âgée de cinq ans, vivre chez une amie de la famille. Elle a sept enfants et s’est trouvée incapable de s’occuper de tous. L’amie qui vivait près de chez elle avait proposé de l’aider. Toutefois, elle a fait travailler Rosalie si dur que quatre ans plus tard, sa mère l’a reprise. Elle a expliqué : « Mon amie était méchante avec la fille. »49

La maladie d’un parent est encore un autre facteur qui conduit à mettre un enfant en famille d’accueil. Quand les parents tombent gravement malades et réalisent qu’ils peuvent mourir, ils envoient souvent leurs enfants vivre chez d’autres membres de la famille. Il y a environ 370 000 orphelins en Guinée, soit environ 8 pour cent de tous les enfants. Parmi ces enfants, il y a environ 28 000 orphelins du SIDA.50 Ce grand nombre d’orphelins représente un défi pour les systèmes traditionnels de mise en famille d’accueil, car les familles peuvent se retrouver avec plus d’enfants qu’elles ne peuvent en élever. Sur les 32 filles guinéennes interrogées par Human Rights Watch pour ce rapport, quatre étaient orphelines et neuf avaient perdu un parent.51 Deux autres avaient une mère souffrant de maladie chronique. Fanta T., âgée de quatorze ans, fait partie des orphelines que nous avons interrogées ; elle nous a dit :

Ma mère est morte du diabète. Mon père est mort aussi. Ma mère vendait du poivre au marché, mon père lavait des voitures. Quand ma mère est tombée malade, elle m’a envoyée vivre chez le jeune frère de mon père. J’avais huit ans alors. Je nettoie la maison, je fais la vaisselle, le marché, la cuisine, et je m’occupe des enfants.52

La mère de Brigitte M. est morte quand des groupes armés de Sierra Leone ont attaqué la ville frontalière de Pamelap. Brigitte a vécu avec son père, qui a sombré dans la misère tandis que ses autres enfants partaient, et qu’un fils est mort. Elle a raconté comment son père avait décidé de la confier à une totale étrangère :

Un jour une femme est venue au marché hebdomadaire tout à côté. J’étais au marché aussi. Je m’étais fait mal au pied, et je pleurais parce que j’avais mal. La femme m’a trouvée et m’a consolée, et elle a dit à mon père qu’elle pourrait s’occuper de moi et m’envoyer à l’école. Il était d’accord. Alors je suis allée avec elle. Je devais avoir huit ans. Depuis, je n’ai jamais été en contact avec mon père. Je ne sais pas s’il est encore en vie.53

Comme l’indique ce cas, parfois les filles ont été envoyées vivre avec des personnes inconnues des parents ; dans d’autres cas, les filles ont été envoyées chez des amis de la famille ou chez des patrons puissants.54 A l’âge de 13 ans, Angélique S. a été envoyée par sa famille vivre chez leurs patrons, dans une relation qui rappelle l’époque féodale : ses parents, ainsi que des frères et sœurs plus âgés, sont ouvriers agricoles sur une parcelle de terrain ; les propriétaires ne leur versent pas de salaire mais leur permettent d’y vivre et de garder pour leur propre consommation assez de riz et du sel.55 Elle nous a raconté son expérience et celle de sa sœur, qui ont été toutes deux obligées de faire des travaux domestiques sans être payées :

Les gens chez qui je fais les travaux domestiques possèdent une plantation dans notre village. Mes parents travaillent dans cette plantation, et ils la gardent en leur absence. Ma soeur aînée est allée avec ces gens à Conakry et elle a fait des travaux domestiques pour eux. Elle les a trouvés méchants et elle est partie. Elle a été placée alors chez la fille de la dame, pour s’occuper de ses bébés jumeaux.… Elle était souvent battue et insultée. Finalement, notre frère y est allé et il l’a ramenée chez nous. Alors ils ont demandé à ma mère de m’envoyer. Mais je ne voulais pas parce que ma soeur aînée avait déjà eu une mauvaise expérience. Alors on m’a envoyée chez la mère à la place. Mais elle a eu la même mauvaise attitude. Ma mère m’a dit qu’il faudrait que j’y reste jusqu’à ce que Dieu m’aide.56

D’après son frère, la famille était contente d’envoyer Angélique à Conakry, parce qu’il « n’y a pas de choix ici pour elle, ici il n’y a rien, ni école ni travail – tout ce qu’elle peut faire ici c’est trouver un mari ».57 Il a aussi expliqué que la femme du patron a donné son nom à Angélique, ce qui revient pour lui à être sa marraine. D’après le frère : « Nous savions qu’un jour ils l’emmèneraient [Angélique] à Conakry. » Alors qu’ils avaient promis qu’ils enverraient la jeune fille à l’école, cela ne s’est pas produit.

Motifs des filles

La plupart des filles sont envoyées dans des familles d’accueil à un si jeune âge qu’elles n’expriment aucun désir ni ne font elles-mêmes le choix de s’en aller. On peut plutôt supposer que beaucoup de ces jeunes enfants souffrent d’être tout à coup séparés de leurs parents et autres membres proches de leur famille. Toutefois, certaines des filles interrogées par Human Rights Watch ont dit qu’elles étaient impatientes d’aller chercher de telles opportunités de travail. Elles ont souvent l’impression qu’elles doivent le faire pour contribuer aux faibles revenus de leur famille. Par exemple, Thérèse I. a quitté sa famille à l’âge de 12 ans à Boké pour gagner de l’argent à Conakry :

Une femme est venue, qui cherchait une domestique pour sa soeur. La femme était une étrangère pour moi. Ma mère ne voulait pas que j’y aille mais je voulais gagner de l’argent. Alors je suis allée avec la soeur à Conakry.… Je voudrais m’en aller. Mais ma mère n’est plus à Boké. Elle est partie en Guinée-Bissau. Et je ne sais pas où elle est.58

Certaines adolescentes cherchent aussi une place de travailleuse domestique de leur propre volonté. Francine B. de Conakry a décidé à l’âge de 16 ans de chercher du travail parce qu’elle était orpheline et qu’elle n’avait qu’une aide limitée chez sa sœur, où elle vivait. Par une connaissance de son frère, elle a trouvé un couple libano guinéen qui l’a employée comme nounou.59 Ceci est un exemple du désir des enfants et des adolescents de contribuer à l’économie familiale ou d’être indépendants.

Méthodes de recrutement

Quand les parents ont envoyé leur fille pour qu’elle demeure chez un membre de la famille, le contact s’est fait facilement. Quand des filles n’ont pas été placées chez des membres directs de la parenté, le contact avec la famille d’accueil s’est fait souvent par le biais de relations dans le village ou les environs. Par exemple, les parents ont parfois placé des filles chez des voisins ou des gens vivant à proximité. Quand la famille d’accueil a déménagé, la fille est partie avec elle. Les parents ont aussi fréquemment envoyé leurs filles vivre dans des familles appartenant au même groupe ethnique ou au même village, et avec qui ils se sentaient reliés, même s’il n’y avait pas de lien familial ou de contact antérieur. Sylvie S., treize ans, de la préfecture de Kindia, a expliqué comment cela s’était passé pour elle :

Quand j’étais petite, une femme est venue au village et elle a demandé une fille pour être placée dans une famille à Conakry. Je n’ai pas de liens de parenté avec elle. C’était une connaissance d’un membre de ma famille. J’ai été placée dans la famille. Le mari est maçon. Il n’y a pas d’autre enfant dans cette famille. D’abord, quand je suis arrivée, je faisais de petites choses. Je cuisinais et je nettoyais. Maintenant je travaille beaucoup et je ne suis pas payée.60

D’autres filles ont été recrutées par des femmes qui sont venues dans leurs villages et ont négocié le placement de la fille et les conditions avec ses parents. Dans certains cas, les filles ont ensuite travaillé pour ces femmes. Dans d’autres cas, les femmes ont agi en tant qu’intermédiaires pour quelqu’un de la famille ou par une amie qui cherchait un enfant travailleur domestique ; Georgette M., de Lola dans la Région forestière de Guinée, se souvient :

Je suis arrivée il y a deux ans. La tutrice est enseignante. Ma mère m’a donnée à la femme. Elles ne font pas partie de la famille. La jeune soeur de la femme était venue à Lola pour chercher une travailleuse domestique, et elle m’a ramenée avec elle à Conakry. La mère de la dame [tutrice]est de Lola aussi. Mes parents sont fermiers. Je ne sais pas trop pourquoi ma mère m’a envoyée ici.… Parfois ma mère m’écrit. Ma tutrice achète des choses et les envoie à mes parents. Par exemple, elle envoie des chaussures ou des habits. Elle fait ça chaque mois et c’est elle qui me l’explique. Elle ne m’a jamais donné de salaire.61

Fille travailleuse domestique à Conakry. © 2007 Susan Meiselas/Magnun Photos

A Conakry, plusieurs femmes jouent le rôle de intermédiaires : elles placent des filles de leur région d’origine dans des familles de la capitale. Des filles peuvent arriver à Conakry et aller trouver une de ces femmes de leur propre initiative et rester chez elle jusqu’à ce qu’elles trouvent une place.62 Une représentante du ministère des Affaires sociales a observé :

C’est facile de devenir intermédiaire. Vous placez juste cinq filles de votre village et cela fait de vous un intermédiaire.63

En Haute et Moyenne Guinée, des ONG locales ont aussi signalé la présence d’intermédiaires qui envoient un grand nombre d’enfants vers le travail domestique.64

Les tutrices

Les employeurs sont surtout des femmes des classes moyennes urbaines. Elles ont tendance à demander une fille à leurs parents plus pauvres qui vivent à la campagne, ou à envoyer des personnes intermédiaires pour trouver une fille dans leur village d’origine ou à Conakry. 65 De façon ironique, des niveaux plus élevés d’éducation et d’emploi chez les femmes citadines africaines de la classe moyenne en Guinée, et dans d’autres parties de l’Afrique de l’Ouest, ont entraîné une plus forte demande de travailleurs domestiques.66 De nos jours, beaucoup de femmes africaines vivant en ville ont un travail et elles veulent avoir à la maison de l’aide bon marché pour s’occuper de leurs enfants et du foyer ; aussi, au lieu d’employeur des adultes qui vont plus probablement demander un salaire, elles utilisent des filles domestiques. Toutefois, certaines familles d’accueil sont également pauvres et vivent dans des zones rurales, en particulier lorsque l’arrangement se passe au sein de la famille.

Recrutement de filles du Mali

Dans toute l’Afrique de l’Ouest, les filles ont de plus en plus essayé de quitter leurs villages pour chercher du travail ailleurs. Des adolescentes du Mali vont parfois chercher du travail dans les pays voisins, comme la Guinée, la Côte d’Ivoire, et le Sénégal. Au Mali et dans d’autres pays du Sahel, les régions côtières sont considérées comme plus riches et sont donc devenues des destinations populaires. Les filles migrantes travaillent en général pour des employeurs avec qui elles n’ont pas de lien de parenté. L’émigration a donné à ces filles la possibilité d’expérimenter la vie urbaine, d’apprendre de nouvelles langues, et d’accumuler des biens propres. Les filles en particulier ont souvent voyagé pour accumuler des biens pour leur dot.67 Ce type de migration des adolescents est en général davantage décidé par l’enfant lui-même que le confiage, même si certains parents peuvent donner  leur consentement au départ de leur enfant, ou même s’impliquer dans le processus d’organisation du voyage et du travail. Par exemple, beaucoup d’enfants et de jeunes adultes migrent depuis le Burkina Faso, le Mali, et d’autres pays de la région pour travailler dans les plantations de cacao de Côte d’Ivoire, même si la guerre et le climat de xénophobie contre les gens du nord ont réduit le flux migratoire.68 

Motifs des filles

Les filles maliennes migrent souvent à la capitale, Bamako, mais aussi vers des pays voisins comme la Guinée pour constituer leur trousseau de mariage. La dot consiste souvent en ustensiles de cuisine, vêtements et bijoux, et elle est donnée au moment des fiançailles à la famille du futur mari. Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais le nombre de filles migrantes semble avoir augmenté, et les filles migrent plus loin maintenant. Des études faites au Mali et au Burkina Faso ont montré que la pression de l’entourage pour rassembler des articles originaux et précieux pour la dot a augmenté énormément dans toute la région. 69 Comme des filles sont allées loin et sont revenues avec de nouveaux articles pour leur dot, d’autres ont ressenti le besoin d’en faire autant. Après une période de travail, elles reviennent et se marient.70

Toutefois, toutes les filles ne partent pas pour constituer leurs dots. Certaines filles partent simplement parce qu’elles souhaitent être indépendantes, et elles veulent obtenir des biens matériels, par exemple des vêtements et des bicyclettes. D’autres peuvent partir pour la dot, mais finissent par rejeter le mari qui leur est proposé, et cherchent davantage d’indépendance. C’est ce qui est arrivé à Carine T. quand elle a quitté Bamako :

Une femme appelée Fatoumata [pseudonyme] m’a dit qu’elle pouvait m’aider à venir à Conakry…. [A ce moment-là] je travaillais comme bonne pour une femme [à Bamako]. J’avais quinze ans alors. C’était une amie de Fatoumata. Fatoumata est une commerçante et parfois elle restait chez cette femme quand elle venait à Bamako…. Alors je suis allée à Conakry avec l’aide de Fatoumata. Fatoumata m’a placée dans la famille d’un officier des douanes…. La femme pour qui je travaillais a dit qu’elle paierait mon transport si je restais pendant deux ans. Si tu ne restes pas deux ans, nous serons obligés de l’enlever de ton salaire. J’ai travaillé là pendant deux ans.… La femme a donné de l’argent à Fatoumata…. Fatoumata a pris 20 000 CFA [environ 27$] pour le transport. Je n’ai pas été payée directement. La femme a tout mis ensemble et l’a donné à Fatoumata à la fin. Elle m’a donné le reste, 880 000 CFA [environ 1200$]…. Après les deux années, j’ai acheté des habits avec l’argent et je suis rentrée à Selingué. Mais je ne suis pas restée longtemps parce que j’étais censée me marier avec un homme que je ne voulais pas comme mari. Mon père m’a chassée. Alors je suis retournée à Conakry.71

Plusieurs autres filles sont d’abord allées à Bamako pour faire du travail domestique, et ont rencontré ensuite des femmes qui leur ont dit qu’elles pouvaient gagner plus d’argent à Conakry. Florienne C., dix-sept ans, a raconté son expérience :

J’ai rencontré une femme qui s’appelait Agios, une Guinéenne vivant à Bamako. Elle m’a dit qu’elle pouvait me trouver un travail pour 25 000 GNF [Francs Guinéens, environ 4,16 $] par mois. Alors je suis partie avec elle et trois autres filles à Conakry. C’était en 2002 et j’avais douze ans. Quand je suis arrivée ici, on m’a envoyée travailler à Madina [un quartier de Conakry].72

Les enfants travailleurs domestiques maliens à Conakry sont venus de différentes régions, mais au cours des dernières années, un grand nombre de filles est arrivé de la région de Sikasso dans le sud du Mali, en particulier de Selingué.73 Le départ de nombreuses filles de Selingué s’explique en partie par sa proximité avec la frontière entre la Guinée et le Mali. Mais il peut aussi s’expliquer par la pression et l’influence de l’entourage : comme plus de filles quittent le village et reviennent plus tard avec de l’argent, les prix des dots montent, et d’autres filles sont motivées pour partir.74

Méthodes de recrutement

D’après les entretiens de Human Rights Watch avec les victimes, les filles maliennes sont souvent recrutées par des femmes guinéennes ou maliennes à Bamako, qui les persuadent que si elles travaillent à Conakry, elles gagneront davantage et mèneront une vie meilleure qu’au Mali. Les actions de certaines de ces femmes peuvent s’apparenter à la traite, quand elles font de fausses promesses, placent sciemment une fille chez des employeurs qui les exploitent et les maltraitent, et gardent pour elles une partie de l’argent des filles.

D’après des membres de la communauté malienne, les filles sont fréquemment recrutées dans les quartiers de Oulofoulogou et de Médina Corah à Bamako. Plusieurs de ces femmes – maliennes et guinéennes – sont bien connues dans la communauté pour leur rôle d’intermédiaires entre les filles maliennes et les tutricesguinéennes.75 Les filles sont fréquemment envoyées en groupes à Conakry. D’après Carine T. : 

Fatoumata [pseudonyme] envoie beaucoup de filles. Elle est installée à Siguiri. Elle prend des marchandises et elle les envoie à Bamako. Elle recrute par ses amies qu’elle a à Bamako. Elle dit à ses amies qu’elle cherche des filles. Les amies font du porte à porte, et certains parents acceptent d’envoyer leurs filles. Après elle va dans les rues et elle s’adresse à des groupes de filles…. Quand elle repart à Conakry, elle emmène des filles avec elle, depuis la gare de trains. Puis elle les répartit aux familles.76

Deux filles, Vivienne T. et Mariame C., nous ont dit qu’elles avaient été approchées par une femme qui a éveillé leur intérêt en disant qu’elles pourraient gagner beaucoup d’argent à  Conakry. Elle a envoyé fréquemment des filles de Bamako en Guinée, et a travaillé avec un chauffeur qui y transportait les filles. Vivienne avait 16 ans et Mariame 14 quand elles ont été recrutées par cette femme à Bamako.77

Une liste78 de sept travailleuses domestiques maliennes à Conakry qui sont arrivées entre septembre 2002 et novembre 2003 ont identifié deux femmes intermédiaires qui avaient envoyé ces filles. D’après un membre de la communauté malienne, ces femmes étaient bien connues pour leurs activités.79

Toutefois, ces dernières années, certaines intermédiaires semblent soit avoir réduit leurs activités, soit les mener clandestinement. Elles ont tendance à opérer depuis la Guinée plutôt que du Mali, apparemment parce que le gouvernement malien surveille de près leurs activités. Une femme aurait réduit son travail à la suite de pressions de la communauté malienne en Guinée ; une autre serait passée à la clandestinité.80

Les tutrices

La plupart des familles qui emploient des filles maliennes sont basées à Conakry, et appartiennent aux classes moyennes urbaines. Notre enquête a trouvé des cas de filles maliennes travaillant pour un juge,81 un officier des douanes, un pharmacien, un chauffeur de taxi et un homme d’affaires.82 D’après un Malien vivant à Conakry, les filles maliennes sont considérées comme plus sérieuses et « contrôlables » que les enfants travailleurs domestiques guinéens.83

Recrutement d’enfants réfugiés de la région

En plus des types de migration mentionnés ci-dessus, de nombreux enfants ont franchi les frontières pour échapper aux violences ou à la guerre. A cause des conflits armés dans les pays voisins du Liberia et de Sierra Leone, la Guinée a accueilli en son sein des centaines de milliers de réfugiés au cours des dix dernières années. Au plus fort de la crise, plus d’un demi million de réfugiés vivaient à l’intérieur de ses frontières.84 Quand la situation dans ces pays s’est stabilisée, la plupart des réfugiés sont repartis ; mais d’autres, dont ceux qui sont venus étant enfants, sont restés et ont trouvé du travail en Guinée. Au cours des années récentes, les réfugiés de Côte d’Ivoire ont aussi cherché protection en Guinée. Actuellement, il y a environ 30 000 réfugiés en Guinée, d’après  le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (UNHCR).85 Les enfants réfugiés se trouvent dans une situation vulnérable, en particulier quand ils sont séparés de leurs parents. Beaucoup d’enfants réfugiés sont devenus des victimes de l’exploitation au travail, entre autres comme travailleurs domestiques.86 Par exemple, Julie M. de Sierra Leone a été envoyée par sa mère à Conakry quand elle avait environ sept ans, pour qu’elle échappe aux conséquences du conflit armé dans son pays natal. Sa mère l’a placée chez une connaissance, où la fillette a travaillé comme domestique.87 Jacqueline C., huit ans, est de Côte d’Ivoire et a fui la guerre avec sa mère et ses frères et soeurs. Elle a été recueillie par une femme guinéenne bien intentionnée qui a expliqué qu’elle avait, ainsi que d’autres personnes, pris chez elle des membres de la famille réfugiée. Si Jacqueline C. va à l’école, elle passe aussi la plupart de son temps à effectuer des travaux domestiques.88

Risques liés au voyage

Les filles guinéennes et maliennes courent des risques quand elles voyagent pour chercher du travail. Elles voyagent souvent avec des personnes qu’elles ne connaissent pas très bien, mais dont elles sont dépendantes pendant la durée du voyage. Quand Marianne N., 16 ans, a quitté Conakry pour Monrovia en autobus, elle était censée rencontrer le frère de sa voisine, qui devait l’aider à trouver du travail. Mais il n’est pas venu et elle était coincée :

Ma voisine pensait que son frère pourrait m’aider à trouver du travail. Elle m’a amenée à la gare d’autobus et elle a appelé son frère. Mais quand je suis arrivée à Monrovia je n’ai pas trouvé le frère. Alors le chauffeur du bus a trouvé un ami qui m’a hébergée. Je suis restée avec lui et il m’a forcée à coucher avec lui. Il m’a dit que sinon il me mettrait dehors.89

Susanne K. est partie toute seule à Conakry après la mort de ses parents. Elle s’est retrouvée dans une position également vulnérable :

Je suis de Kolifora près de Bofa, en Basse Guinée. On me dit que j’ai environ 14 ans. Mon père était un enseignant d’arabe dans une école coranique et ma mère, vendeuse ambulante. Mon père est mort de quelque chose qui lui faisait mal au ventre et ma mère est morte peu de temps après. J’ai quitté le village après la mort de mes parents. J’avais six ou sept ans à peu près. Je n’avais pas d’argent et je me suis débrouillée pour arriver à Conakry en allant avec des chauffeurs de camions. D’abord j’ai essayé d’y aller à pied, mais j’avais très faim. Alors j’ai été forcée d’aller avec des hommes qui voulaient coucher avec moi.90 

Les accidents de la circulation sont un sérieux problème en Afrique de l’Ouest, en particulier pour les personnes pauvres qui voyagent avec des moyens de transport bon marché.  La mort en 2003 de deux filles maliennes en route pour Conakry pour y être employées comme domestiques a dramatiquement souligné ce problème. Sata Camara, 15 ans, et Fati Camara, 14 ans, (leurs vrais noms), sont mortes sur le coup. Cinq autres filles entre 12 et 18 ans qui se trouvaient aussi dans le véhicule ont été blessées.91  Après cet accident, la communauté malienne en Guinée s’est mobilisée contre la traite et l’exploitation des enfants.

La plupart des filles du Mali franchissent la frontière sans avoir de papiers d’identité  corrects. Elles comptent sur les intermédiaires pour s’occuper de la paperasserie à leur place et deviennent ainsi dépendantes d’elles. Les intermédiaires offrent parfois un pot-de-vin aux agents à la frontière en l’absence de papiers corrects – pour des enfants, cela veut dire une carte d’identité et aussi une autorisation parentale de voyager.92




38 Esther Goody, Parenthood and Social Reproduction: Fostering and Occupational Roles in West Africa. (Cambridge: Cambridge University Press, 1982); Fafo Institute of International Studies, “Travel to Uncertainty”; Enda Jeunesse, “Migrations, confiage et trafic d'enfants en Afrique de l'Ouest”, Dakar 2000, http://eja.enda.sn/docs/jeuda_106.doc (consulté le 15 mars 2007); UNESCO, “Confiage scolaire en Afrique de l’Ouest.

39 Fafo, “Travel to Uncertainty”, p.15-18.

40 Selon l’UNICEF, 35 pour cent de la population rurale utilise des sources d’eau potable de bonne qualité, contre 78 pour cent dans les zones urbaines. Pour consulter ces données, entre autres, voir UNICEF, “At a glance: Guinea”, http://www.unicef.org/infobycountry/Guinea_statistics.html (consulté le 15 mars 2007). 

41 Entretien de Human Rights Watch avec le père de la fille employée domestique, Forécariah, 7 février 2007.

42 Mike Dottridge, Trafficking in children in West and Central Africa, in: Gender and Development, vol. 10, no.1, mars 2002, p.38-42; Annababette Wils, Yijie Zhao et Ash Hartwell, “Looking Below the Surface. Reaching the Out-Of-School Children”, CWP-02-01,2006,  http://www.epdc.org/static/LookingBelowTheSurface.pdf (consulté le 28 mars 2007).

43 Fafo Institute of International Studies, “Travel to Uncertainty”, p. 9; Suzanne Lallemand, La circulation des enfants en société traditionnelle. Prêt, don, échange. (Paris: L’Harmattan 1993).

44 Entretien de Human Rights Watch avec Mahawa B., 8 ans, Forécariah, 7 février 2007.

45 Entretien de Human Rights Watch avec Dora T., 14 ans, Conakry, 5 février 2007.

46 Fafo Institute of International Studies, “Travel to Uncertainty”, p. 37.

47 ONG ACEEF, “Etude sur le trafic et le travail domestique des enfants en Guinée, Rapport provisoire” (novembre 2005), p. 17-18, http://www.crin.org/resources/infoDetail.asp?ID=6700&flag=report (consulté le 14 avril 2007).

48 Entretien de Human Rights Watch avec Justine K., 18 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

49 Entretiens de Human Rights Watch avec Aminata Y. et sa fille Rosalie Y., 9 ans, Forécariah, 7 février 2007.

50 UNICEF, “At a glance: Guinea”, http://www.unicef.org/infobycountry/Guinea_statistics.html (consulté le 15 mars 2007).

51 Les chiffres sont peut-être plus élevés puisque certains enfants ont perdu contact avec leurs parents.

52 Entretien de Human Rights Watch avec Fanta T., 14 ans, Conakry, 8 décembre 2006.

53 Entretien de Human Rights Watch avec Brigitte M., 15 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

54 Entretien de Human Rights Watch avec Laure F, 18 ans, Conakry, 8 décembre 2006.

55 Entretien de Human Rights Watch avec le frère d’Angélique S., Fokoufokou près de Forécariah, 7 février 2007.

56 Entretien de Human Rights Watch avec Angélique S., 15 ans, Conakry, 7 décembre 2006.

57 Entretien de Human Rights Watch avec le frère d’ Angélique S., Fokoufokou près de Forécariah, 7 février 2007.

58 Entretien de Human Rights Watch avec Thérèse I., 14 ans, Conakry, 8 décembre 2006.

59 Entretien de Human Rights Watch avec Francine B., 18 ans, Conakry, 7 décembre 2006.

60 Entretien de Human Rights Watch avec Sylvie S., 13 ans, Conakry, 7 décembre 2006.

61 Entretien de Human Rights Watch avec Georgette M., 16 ans, Conakry, 7 décembre 2006.

62 Entretien de Human Rights Watch avec Ramatoulaye Camara, Directrice de l’Unité Enfance en danger, ministère des Affaire sociales, Conakry, 7 décembre 2006.

63 Entretien de Human Rights Watch avec Ramatoulaye Camara, Directrice de l’Unité Enfance en danger, Conakry, 7 décembre 2006.

64 Entretien de Human Rights Watch avec Nanfadima Magassouba, directrice de la Coalition nationale de Guinée pour les droits et la citoyenneté des femmes (CONAG), et un membre de l’organisation, Conakry, 9 février 2007; communication par courrier électronique de Sabou Guinée, 13 avril 2007.

65 Entretien de Human Rights Watch avec Ramatoulaye Camara, Directrice de l’Unité Enfance en danger, ministère des Affaire sociales, 7 décembre 2006.

66 Dottridge, Trafficking in children in West and Central Africa, p.39.

67 Castle and Diarra, The International Migration of Young Malians, p.22-45, p.154-164.

68 Nagel, “Kinderhandel in Westafrika“; Anti-Slavery International, “The Cocoa Industry in West Africa. A history of exploitation”(Londres : Anti-Slavery International 2004), http://www.antislavery.org/homepage/resources/cocoa%20report%202004.pdf (consulté le 20 avril 2007). En Côte d’Ivoire, les gens originaires du nord du pays, et des états voisins du nord, sont souvent accusés de soutenir les rebelles dans le nord. Voir Human Rights Watch, “Parce qu’ils ont les fusils… il ne me reste rien”. Le prix de l’impunité persistante en Côte d’Ivoire, vol. 18, no. 4(A), mai 2006, http://hrw.org/reports/2006/cotedivoire0506/cotedivoire0506web.pdf (consulté le 1er mai 2007).

69 Castle and Diarra, The International Migration of Young Malians, p.22-24; Terre des Hommes, “Les filles domestiques au Burkina Faso: traite ou migration? Analyse de la migration laborieuse des enfants de la province du Sourou au Burkina Faso”, 2003, p. 12.

70 Entretien de Human Rights Watch avec Berdougou Moussa Koné, Consul à l’ambassade malienne en Guinée, Conakry, 5 février 2007; Entretien de Human Rights Watch avec le vice-président du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 6 février 2007.

71 Entretien de Human Rights Watch avec Carine T., 22 ans, Conakry, 8 février 2007.

72 Entretien de Human Rights Watch avec Florienne C., 17 ans, Conakry, 8 février 2007.

73 Entretien de Human Rights Watch avec Berdougou Moussa Koné, Consul à l’ambassade malienne en Guinée, Conakry, 5 février 2007; Entretien de Human Rights Watch avec le vice-président du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 6 février 2007.

74 Un phénomène similaire s’est produit au Burkina Faso, où dans certains villages la plupart des filles sont parties. Voir Terre des Hommes, Les filles domestiques au Burkina Faso.

75 Entretien de Human Rights Watch avec le vice-président du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 6 février 2007; Entretien de Human Rights Watch avec une femme membre du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 8 décembre 2007.

76 Entretien de Human Rights Watch avec Carine T., 22 ans, Conakry, 8 février 2007.

77 Entretiens de Human Rights Watch avec Vivienne T., 17 ans, et Mariame C., 15 ans, Conakry, 8 février 2007.

78 Liste de sept cas de filles maliennes employées comme domestiques à Conakry, septembre 2002 – novembre 2003, archivée par Human Rights Watch. 

79 Entretien de Human Rights Watch avec le vice-président du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 6 février 2007. L’étude commandée par le gouvernement sur le trafic a aussi identifié une fille qui avait rencontré une femme à la gare d’autobus de Bamako, et qui l’a emmenée ainsi que deux autres filles à Siguiri puis à Conakry, pour les placer dans le service domestique et dans des restaurants. Stat View International, “Enquête nationale sur le trafic des enfants en Guinée”, p.16.

80 Entretien de Human Rights Watch avec le vice-président du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 6 février 2007; Entretien de Human Rights Watch avec Carine T., 22 ans, Conakry, 8 février 2007.

81 Entretien de Human Rights Watch avec une expatriée vivant à Conakry, 5 décembre 2006.

82 Entretiens de Human Rights Watch avec des filles maliennes, Conakry, 8 février 2007. 

83 Entretien de Human Rights Watch avec le vice-président du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 6 février 2007.

84 Human Rights Watch, Forgotten Children of War: Sierra Leonean Refugee Children in Guinea, vol. 11, no.5 (A), Juillet 1999, http://www.hrw.org/reports/1999/Guinée/, p.14-15, (consulté le 7 mai 2007).

85 UNHCR, “Guinea: Second repatriation convoy this week to Liberia”, 23 février 2007, http://www.reliefweb.int/rw/RWB.NSF/db900SID/JBRN-6YPKF6?OpenDocument&rc=1&cc=gin (consulté le 19 mars 2007).

86 Human Rights Watch, Forgotten Children of War. Sierra Leonean Refugee Children in Guinea, p.26-31.

87 Entretien de Human Rights Watch avec Julie M., 13 ans, Conakry, 8 février 2007.

88 Entretien de Human Rights Watch avec Jacqueline C., 8 ans, Forécariah, 7 février 2007; et avec la tutrice de Jacqueline C., Forécariah, 7 février 2007.

89 Entretien de Human Rights Watch avec Marianne N., 16 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

90 Entretien de Human Rights Watch avec Susanne K., 16 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

91 „Le voyage fatal“, Le Lynx, Conakry, No. 612, 15 décembre 2003; Entretien de Human Rights Watch avec une femme membre du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 8 décembre 2007.

92 Entretien de Human Rights Watch avec Michèle T., 20 ans, Conakry, 8 février 2007; Stat View International, “Enquête nationale sur le trafic des enfants en Guinée”, p. 18-19.