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L'assistance internationale au gouvernement rwandais

Malgré de nombreuses questions restées sans réponse quant aux massacres de civils au Congo et au nord-ouest du Rwanda et la mauvaise situation en matière de respect des droits de l'homme dans le pays, le gouvernement rwandais bénéficie d'un soutien international massif. En 1999, l'aide internationale a représenté environ quarante-cinq pour cent du budget national. La Banque mondiale, le Royaume-Uni et les Pays-bas sont les principaux pays donateurs. L'Autriche, le Danemark et la Norvège ont indiqué leur intention d'augmenter leur niveau d'aide au Rwanda. Le 7 avril 2000, jour de commémoration du sixième anniversaire du génocide, le premier ministre belge s'est rendu au Rwanda et s'est excusé du fait que son pays ait refusé, à l'époque, d'essayer de mettre fin aux tueries. Il annonça la volonté de la Belgique de renouveler son aide financière au Rwanda et offrit immédiatement une aide de trois millions de dollars destinée au secteur de la santé. Plusieurs semaines auparavant, la Commission Européenne avait annoncé qu'un programme d'aide allait être mis en _uvre afin de relancer la coopération avec le gouvernement rwandais, mais aucune référence à la nécessité d'améliorer la situation des droits de l'homme n'a accompagné cette décision.

Les États-Unis ne fournissent pas au Rwanda une aide financière importante, mais ils sont restés fermes dans leur apparente volonté de soutenir politiquement le gouvernement rwandais. Bien que les officiels américains insistent sur le fait qu'aucun traitement de faveur n'est accordé au Rwanda, le maintien des programmes d'assistance militaire, même à petite échelle, et le silence prudent des autorités quant à la situation des droits de l'homme dans le pays, semblent démontrer une certaine tolérance vis-à-vis d'un gouvernement qui, dans ce domaine, est loin d'agir de manière satisfaisante.

Les acteurs internationaux, qui continuent à se sentir coupables de s'être montrés incapables d'intervenir pour arrêter le génocide, n'ont mis en doute ni les affirmations du gouvernement rwandais quant aux risques qui menacent la sécurité nationale, ni les solutions que ce même gouvernement estime être les plus à même de l'aider à éliminer ces risques. Anxieux de voir la région recouvrer une certaine stabilité et déterminés à éviter un nouveau génocide, ils ont eux-mêmes subordonné le respect des droits de l'homme au besoin de sécurité. Une telle politique, aussi bien intentionnée soit elle , équivaut à l'abandon de tous ceux qui au Rwanda appellent à des réformes et, de ce fait, réduit les chances de voir la situation des droits de l'homme s'améliorer. De plus, l'exception ainsi accordée au Rwanda au nom de la sécurité réduit l'efficacité des appels au meilleur respect des droits de l'homme lancés aux autres pays, particulièrement à ceux de la même région.

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