Rapports de Human Rights Watch

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VI. Facteurs qui poussent les enfants à la rue

Le nombre d'enfants qui vivent et travaillent dans les rues de la RDC ne cesse de croître. Bien que les chiffres exacts ne soient pas connus, les militants de la protection de l'enfance estiment que le nombre d'enfants de la rue à Kinshasa et dans d'autres zones urbaines a doublé au cours des dix dernières années. Les causes qu'ils identifient pour expliquer cette augmentation sont multiples et parfois étroitement liées. Les deux guerres civiles successives, l'une qui a débuté en 1996, l'autre en 1998, ont fait plus de 3,5 millions de victimes civiles congolaises et ont dévasté le pays. Certains enfants vivant dans les rues ont perdu leurs parents pendant la guerre—soit directement dans le conflit, soit à cause de la faim ou de la maladie—ou ont été séparés d'eux alors qu'ils fuyaient la violence, en particulier dans l'Est du pays, ravagé par la guerre. La pauvreté déjà bien établie s'est aggravée en raison des combats et a également décimé les familles congolaises. Incapables de nourrir leurs enfants, encore moins de payer leur scolarité, certains parents envoient leurs enfants dans les rues pour mendier ou chercher du travail, ou ils les abandonnent lorsque, confrontés au chômage, ils quittent leur foyer pour partir en quête d'un emploi dans d'autres régions ou d'autres pays. Les hommes et les femmes qui élèvent seuls leurs enfants après un divorce, une séparation ou le décès de leur époux ou épouse exposent souvent leurs enfants à la violence et à l'abandon lorsqu'ils se remarient. Dans bon nombre de cas, la seconde femme ou le second mari que le parent seul vient d'épouser ne veut pas s'occuper des enfants d'un mariage précédent qui sont alors délaissés ou chassés. Dans le passé, les enfants dont les parents ne s'occupaient pas étaient pris en charge par des membres de la famille étendue. Mais certaines familles, déjà en peine de prendre soin de leurs propres enfants, ne veulent ou ne peuvent pas se charger d'enfants supplémentaires.

Violences à la maison

Les enfants de la rue que nous avons interrogés ont donné des descriptions crues des violences physiques subies à la maison. Dans certains cas, ces violences étaient si graves qu'elles avaient été la cause de leur départ. Leurs beaux-pères et belles-mères étaient souvent les auteurs de ces sévices et ils traitaient différemment leurs enfants biologiques et ceux issus de mariages précédents (réservant notamment à ces derniers des châtiments sévères). Lors d'interviews réalisées à Lubumbashi et Mbuji-Mayi, des juges nous ont signalé que les violences physiques infligées aux enfants à la maison étaient courantes dans beaucoup de familles congolaises, mais que les cas de maltraitance d'enfants et de négligence aboutissaient rarement devant la justice. Ils ont indiqué qu'aux termes de la loi congolaise, un parent peut être inculpé et jugé responsable si un enfant est sévèrement battu mais généralement, ni les parents ni les enfants ne dénoncent les mauvais traitements à la police. Ce sont plutôt les voisins ou les membres de la famille étendue qui tentent d'intervenir pour résoudre les problèmes familiaux. Dans la plupart des différends familiaux, l'accent est mis sur la réconciliation et non sur le châtiment, en partie parce que l'Etat n'a pas les infrastructures nécessaires pour accueillir les enfants maltraités ou abandonnés.111

Jacques avait huit ans lorsque ses parents ont divorcé. Il est resté avec son père à Lubumbashi après que sa mère fut partie à Kinshasa. Peu après le divorce, son père s'est remarié avec une femme qui avait plusieurs enfants d'un mariage précédent. Il nous a raconté que peu de temps après avoir emménagé avec la famille, sa belle-mère a commencé à lui donner de plus en plus de tâches à faire à la maison. Il était responsable de faire toute la lessive et d'aller chercher de l'eau tandis que les enfants de sa belle-mère étaient dispensés des tâches ménagères. Il a dit qu'elle le frappait souvent et dans certains cas, elle le fouettait lorsque son père n'était pas là, lui disant qu'on ne voulait pas de lui dans leur maison. Bien qu'il s'en soit plaint à son père, la situation ne s'est pas améliorée. Jacques est parti de chez lui à cause de la violence lorsqu'il avait dix ans.112

Aaron, quinze ans, est né et a grandi dans la commune de Limete à Kinshasa. Sa mère est morte suite à des complications liées au SIDA en 1999 et peu de temps après son décès, son père s'est remarié. Aaron nous a expliqué que sa belle-mère l'a maltraité dès le départ, préférant les enfants qu'elle avait eus de son premier mariage. Elle lui donnait moins à manger qu'à ses propres enfants et lorsqu'ils regardaient la télévision, il devait quitter la pièce. Elle le battait pour la moindre incartade, parfois à mains nues, parfois avec le manche d'un balai et un jour, elle lui a claqué la porte sur les mains. Aaron s'en est plaint à son père mais ce dernier n'était pas souvent à la maison. Son père est finalement tombé malade, il a été hospitalisé et plus tard est décédé, sans doute aussi du SIDA. Pendant que son père était malade, la belle-mère d'Aaron accusait ce dernier d'être responsable de la maladie et elle le forçait à dormir dehors. Après les funérailles, elle l'a chassé de leur maison.113


Enfants de la rue jouant dans un centre pour enfants à Kinshasa.  © 2005 Marcus Bleasdale


Isaac a perdu son père pendant la guerre et sa mère s'est remariée après avoir emmené la famille à Goma à la fin des années 1990. Utilisant le terme “oncle” pour parler de son beau-père, il a raconté:

Mon oncle ne m'a jamais accepté dans leur maison. Il s'en prenait à moi devant les autres enfants et disait des choses terribles à propos de mon père. Il refusait de payer mes frais de scolarité et m'enfermait à la maison pendant la journée quand les autres étaient à l'école. Il achetait des vêtements et des chaussures aux autres enfants mais jamais pour moi. Lorsque les mauvais traitements sont devenus trop insupportables, j'ai finalement décidé de partir.114

Les enfants accusés de sorcellerie

L'augmentation du nombre d'enfants de la rue est également le résultat des nombreuses accusations de sorcellerie lancées contre des enfants rendus responsables des divers problèmes économiques et sociaux qui accablent les familles. Partout en RDC, mais particulièrement à Kinshasa et Mbuji-Mayi, les enfants accusés peuvent faire l'objet de violences verbales et physiques, être délaissés et, parfois, abandonnés par leur famille. Des personnes qui travaillent avec les enfants à Kinshasa estiment que jusqu'à 70 pour cent des enfants de la rue ont été accusés de sorcellerie chez eux avant de vivre dans la rue. Un militant qui prône l'aide et la protection des enfants de la rue nous a communiqué que les accusations de sorcellerie constituaient aujourd'hui le facteur principal qui poussait les enfants à la rue.115

Il est rare que les enfants qui vivent avec leurs deux parents biologiques soient accusés de sorcellerie. Dans les entretiens que nous avons réalisés avec des enfants faisant l'objet d'accusations, tous avaient perdu un ou leurs deux parents et avaient ensuite vécu avec des membres de leur famille étendue confrontés à des problèmes économiques extrêmement difficiles. En 2004, un prêtre catholique romain qui offre l'asile à des enfants de la rue à Kinshasa a mené une enquête auprès de 630 enfants accusés de sorcellerie. Seuls dix-sept d'entre eux avaient encore leurs deux parents en vie.116 En RDC, les enfants qui ont perdu un ou leurs deux parents sont traditionnellement pris en charge par les beaux-pères ou belles-mères, les grands-parents, les oncles et tantes ou les frères et sœurs plus âgés. Mais de nombreuses organisations qui travaillent avec les enfants nous ont informés que cette tradition a tendance à s'émousser car un nombre croissant de familles censées s'occuper des enfants de leurs proches sont elles-mêmes confrontées à des difficultés financières. Ces associations ont ajouté que certaines familles étaient simplement incapables de s'occuper des enfants de leurs proches mais elles ont précisé qu'envoyer les enfants à la rue était culturellement inacceptable.

Les accusations de sorcellerie, surtout lorsqu'elles émanent d'un responsable religieux, offrent toutefois un prétexte pour que les tuteurs chassent les enfants de chez eux. Le prêtre catholique qui a mené l'enquête sur les prétendus enfants-sorciers à Kinshasa nous a confié, “Je pense que dans la plupart des cas, les parents ou les tuteurs ne croient pas nécessairement qu'il s'agit de sorcellerie. Ils cherchent simplement une raison pour se débarrasser des enfants, des bouches supplémentaires qu'ils ne peuvent pas nourrir. Les enfants sont les victimes de problèmes sociaux plus larges et du démantèlement de la famille.”117

Selon de nombreux Congolais que nous avons interrogés et qui sont au fait des cas de sorcellerie imputés à des enfants, les accusations de sorcellerie et la croyance dans le pouvoir de faire du mal à d'autres par la sorcellerie existaient déjà en RDC avant le régime colonial. Ils ont expliqué qu'aujourd'hui, la principale différence était l'âge de l'accusé ainsi que le nombre et la localisation des accusations. Dans le passé, c'étaient les veuves ou les femmes restées célibataires, et non pas les enfants, qui étaient accusées de sorcellerie. Les accusations touchaient généralement des femmes rurales, lesquelles devaient vivre dans un relatif isolement, souvent aux abords du village de crainte qu'elles ne fassent du mal aux autres. Au cours des quinze dernières années, cependant, les enfants vivant en zones urbaines sont devenus les premières cibles des accusations de sorcellerie. Chaque semaine en RDC, des centaines d'enfants en sont accusés et subissent des sévices aux mains de leurs accusateurs—normalement des membres de la famille étendue mais aussi, de plus en plus, des prophètes autoproclamés ou des pasteurs.

Parallèlement au nombre croissant d'enfants accusés de sorcellerie sont apparues des églises qui se spécialisent dans l'exorcisme des esprits maléfiques habitant les “possédés.” Ces églises de réveil conjuguent prières, jeûne et sévices lors de cérémonies de “délivrance” visant à débarrasser les enfants de leur “envoûtement.” Quelque 2000 églises pratiquent des cérémonies de “délivrance” à Mbuji-Mayi et un nombre encore plus important opèrent à Kinshasa.118 Certaines de ces églises avec leurs responsables attirent de nombreux disciples et sont devenues des entreprises lucratives. Bien que les cérémonies de délivrance soient théoriquement pratiquées gratuitement, en réalité, les parents ou tuteurs sont vivement “encouragés” à verser un don financier ou à donner un cadeau à l'église en échange de la délivrance de l'enfant.119 Par ailleurs, ces cérémonies sont un moyen d'attirer de nouveaux fidèles qui peuvent par la suite apporter une contribution régulière lors des services dominicaux.


En RDC, des milliers d'enfants sont soumis à des “cérémonies de délivrance” pour les débarrasser du mal qui les “possède.”
© 2005 Marcus Bleasdale


Violences subies à la maison en rapport avec des accusations de sorcellerie

Les enfants peuvent être accusés de sorcellerie pour de multiples raisons. La perte d'un emploi, une maladie ou un décès dans la famille, ou encore des difficultés conjugales peuvent conduire des parents ou des tuteurs à voir dans leurs enfants la cause de ces problèmes. Un comportement “inhabituel” des enfants, par exemple l'incontinence nocturne, un comportement agressif, le noctambulisme, des cauchemars, voire le fait de partager sa nourriture avec des petits voisins, peut déclencher des accusations de sorcellerie. Les enfants qui souffrent d'épilepsie, d'une affection chronique ou d'une maladie mentale peuvent également être montrés du doigt. Une fois qu'un enfant est considéré comme un sorcier, le traitement qu'il reçoit diffère de celui des autres enfants de la famille. Il doit parfois prendre ses repas seul ou dormir à l'écart du reste de la famille. Il se peut qu'on le prive de nourriture ou qu'on lui donne ce qu'il reste de moins bon. Il peut être retiré de l'école et forcé de faire une quantité exagérée de tâches ménagères, ou il est obligé de travailler dans la rue pour apporter sa part de revenus. Les enfants accusés de sorcellerie dénoncent des comportements particulièrement brutaux chez leurs parents ou tuteurs. Ils sont battus, fouettés ou giflés afin de les “désenvoûter” ou les forcer d'avouer qu'ils sont sorciers. Ils sont insultés, traités de noms humiliants et incités à se sentir moins qu'humains. Les enfants de la rue que nous avons interrogés à propos des accusations de sorcellerie ont exprimé leur confusion et leur frustration face aux accusations et aux mauvais traitements qu'ils ont subis. Beaucoup ont fait part de leur grande tristesse face aux violences commises par les membres de leur famille et ils se sont montrés très réticents à l'idée de retourner chez eux si une réunification était possible.

Michael, onze ans, a commencé à vivre dans les rues il y a trois ans après avoir été expulsé de chez lui par sa belle-mère. Peu après avoir commencé à habiter avec sa belle-mère, celle-ci l'a accusé de sorcellerie. Il était obligé de manger séparément des autres enfants de la famille et recevait de plus petites portions. Il n'avait pas le droit de s'asseoir près de ses demi-frères et sœurs et dormait tout seul dans un coin de la cuisine. Michael nous a expliqué que sa belle-mère insistait sur le fait qu'il ne fallait pas qu'il transmette la sorcellerie à ses frères et sœurs. A diverses reprises la nuit, elle l'a frappé sur les mains et le dos avec un manche de pelle pour qu'il avoue être “possédé.” On lui a ordonné de quitter la maison à moins qu'il ne remette les objets matériels qu'il utilisait pour pratiquer la sorcellerie. Ne sachant que faire, et bien évidemment ne possédant pas ce type d'objets, il est parti de chez lui à huit ans.120

Luc avait douze ans lorsqu'il s'est enfui de chez lui pour échapper à la maltraitance. Après le décès de ses parents, il est parti vivre chez son frère aîné, la femme de ce dernier et leurs enfants. Il nous a raconté que sa belle-sœur l'accusait d'être responsable de la mort de leur plus jeune fils, décédé peu après sa naissance. Elle a commencé à le maltraiter, ne lui donnant pas la même quantité de nourriture qu'à ses propres enfants. S'il se plaignait, elle le giflait ou le battait avec un manche de brosse. Elle l'insultait, le qualifiant de sorcier et d'assassin. Après qu'elle eut convaincu son mari que Luc était responsable de la mort de leur bébé, Luc s'est enfui et a commencé à vivre dans la rue.121

Nous avons interrogé Albert, dix ans, dans un centre pour enfants vulnérables financé par l'Eglise catholique. Sa mère est morte de tuberculose et après ses funérailles, il est allé vivre avec son père, la seconde femme de celui-ci et ses enfants. Albert raconte:

Mon père est parti pour affaires et c'est après que le problème a commencé. Mon demi-frère, qui vivait avec nous, m'a accusé d'avoir volé de la nourriture et de pratiquer la sorcellerie. Nous n'avions jamais suffisamment à manger, parfois nous ne mangions qu'une fois par jour et je recevais moins que les autres. C'est parce que mon demi-frère était le seul à gagner de l'argent. Il faisait en sorte que les autres aient de quoi manger et se vêtir mais pas moi. Il a dit que j'étais un sorcier et que je devais partir. Pour me forcer à m'en aller, il me battait avec une grande cuillère que ma mère utilisait pour préparer le foufou (repas de farine de manioc)… J'ai commencé à passer de plus en plus de temps hors de la maison dans l'enceinte d'une église voisine. Mon frère m'y a trouvé un jour et m'a donné de violents coups de poing, me disant de quitter le quartier. Le pasteur a dit à mon frère de cesser de me battre mais il a semblé le croire quand il lui a dit que j'étais un sorcier et il m'a obligé à quitter l'église. Je n'avais pas d'autre choix que celui d'aller dans la rue.122

Violences dans les églises

Les parents ou tuteurs qui accusent un enfant de sorcellerie peuvent l'envoyer dans une église pour des cérémonies de délivrance organisées par des pasteurs ou prophètes. Au cours des quinze dernières années, des pasteurs et prophètes autoproclamés ont fondé de nombreuses “églises de réveil”123 spécialisées dans la délivrance des enfants soi-disant possédés. Beaucoup de ces églises associent les croyances et rituels congolais traditionnels à des éléments du christianisme. 

Les cérémonies que les pasteurs célèbrent vont des simples prières et des chants à l'enfermement des enfants pendant plusieurs jours dans les églises, où ils sont privés de nourriture et d'eau et fouettés ou battus pour leur arracher des aveux. L'organisation Save the Children/UK s'emploie activement à modifier le comportement des pasteurs les plus brutaux. Selon un directeur de projets de Save the Children/UK à Mbuji-Mayi, les pasteurs les plus violents privent les enfants d'eau et de nourriture, ils les fouettent ou les brûlent pour les contraindre à avouer, ou ils leur versent de l'eau salée dans l'anus ou la gorge pour purger leur corps du “mal.”124 Ces accusations ont été confirmées par un groupe organisé de pasteurs de Kinshasa qui, par un travail mené sur le terrain auprès de leurs pairs, essaient de changer le comportement des pasteurs violents. Ils ont  précisé que parfois, les enfants étaient attachés pendant leur séquestration dans les églises et que, dans quelques cas, des garçons et des filles avaient été agressés sexuellement pendant leur détention par des membres affiliés aux églises.125

Nous avons interrogé plusieurs enfants qui ont été soumis à des cérémonies de délivrance particulièrement brutales. Bruno, douze ans, n'a jamais connu son vrai père mais il a été accusé de sorcellerie par son beau-père peu après que sa mère se fut remariée. Il nous a raconté que les accusations ont commencé une nuit après qu'il eut uriné au lit. Dans les jours qui ont suivi, son beau-père l'a battu, l'a insulté et l'a ensuite emmené dans une église pour une cérémonie de délivrance. Bruno n'a pas dû rester à l'église la nuit mais il a dû y aller chaque jour pendant quatre jours. Il nous a expliqué: “Nous n'avons pas eu le droit de manger ni de boire pendant trois jours [que ce soit à l'église ou à la maison]. Le quatrième jour, le prophète a placé nos mains au-dessus d'un cierge pour nous forcer à avouer.” Lorsque ce fut au tour de Bruno, on lui a dit qu'il serait fouetté s'il n'avouait pas. Affaibli par la soif et la faim, il a reconnu qu'il était sorcier afin de pouvoir quitter l'église.126


Les pasteurs ou prophètes qui célèbrent les cérémonies de délivrance mêlent des éléments du christianisme aux traditions et rituels congolais.
© 2005 Marcus Bleasdale


Malachi n'avait que neuf ans lorsque son beau-père les a emmenés, lui et son frère, à une cérémonie de délivrance. Il nous a expliqué que son beau-père les avait battus brutalement à l'église devant le pasteur. Ce dernier a alors reconnu que Malachi et son frère étaient “possédés” et avaient besoin d'être désenvoûtés. Malachi nous a simplement dit que son frère avait dû passer par la cérémonie douloureuse mais il a refusé de nous décrire ce qui était arrivé.127

Beaucoup d'enfants avec lesquels nous nous sommes entretenus étaient incapables d'identifier l'église ou le pasteur qui avait célébré la cérémonie de délivrance. Un garçon de Mbuji-Mayi nous a toutefois confié que sa belle-mère les avait emmenés, lui et son petit frère, chez le Prophète Kabuni Wa Lesa au Centre évangélique charismatique. Les deux garçons ont dû rester à l'église pendant trois jours sans recevoir de nourriture ni d'eau mais n'ont pas subi d'autres violences physiques. Le troisième jour, on leur a donné un peu d'eau trouble, au point que son petit frère a commencé à vomir. Le fait que son petit frère ait régurgité de l'eau aurait poussé le pasteur à voir en lui la source de sorcellerie au sein de la famille.128

Lors d'un entretien avec Human Rights Watch, le Prophète Kabuni nous a déclaré que lors des cérémonies de délivrance, la vaste majorité de ses clients étaient des enfants. Il a dit qu'il était bien connu dans la communauté pour ses dons de devin et qu'en raison de sa réputation, on lui amenait chaque semaine une pléthore d'enfants. Il a précisé qu'il fallait priver de nourriture et d'eau toute personne soumise à une cérémonie de délivrance afin de réduire le pouvoir du mal qui habitait ceux qui étaient possédés. Interrogé sur la pratique et le mal qu'elle pouvait causer à un enfant, il a répliqué qu'il n'y avait jamais eu de mort dans son église et que les jeunes enfants—définis par lui comme étant âgés de moins de quatre ans—n'étaient pas privés de nourriture ni d'eau.129

Après les accusations

Certains enfants soumis à ces cérémonies retrouvent leurs proches qui croient que les esprits ont été exorcisés. Cependant, certaines familles ne semblent pas convaincues que la cérémonie a débouché sur un succès. Elles peuvent accepter l'enfant au départ et attendre pour voir si un autre mal visible survient et si c'est le cas, elles expulsent l'enfant. Il arrive aussi que les enfants rentrant des églises soient immédiatement forcés de quitter la maison, que la cérémonie ait ou non été considérée par les pasteurs comme une réussite.

Selon un prêtre catholique romain qui travaille avec les enfants de la rue à Kinshasa, bon nombre des pasteurs qui célèbrent ces cérémonies tiennent parfaitement compte des souhaits des adultes qui leur amènent les enfants pour la délivrance. S'ils semblent ne pas vouloir le retour de l'enfant, le pasteur peut alors conseiller aux parents ou aux tuteurs de ne pas reprendre l'enfant ou il peut laisser entendre que le garçon ou la fille pourrait avoir besoin de revenir à l'église pour des consultations ultérieures.130 Un prophète qui “délivre” les enfants à Kinshasa a confirmé que réunir les enfants avec leur famille après une cérémonie était un défi. Il nous a expliqué, “Notre plus grand problème est que les enfants viennent ici, nous faisons le service mais ensuite, les parents ne veulent pas reprendre les enfants. C'est particulièrement vrai dans les cas où l'enfant a “mangé”131 quelqu'un de la famille. Nous essayons le plus possible de convaincre les parents.”132

Bruno, douze ans, brutalisé lors d'une cérémonie de délivrance, nous a confié: “Après avoir reconnu être sorcier, je n'ai pas dû retourner à l'église. Mais les choses ont empiré à la maison. Mon beau-père n'a jamais cru que le prophète avait réussi. Il me battait quand il me voyait. Même ma mère a commencé à croire que j'étais un sorcier. Un jour pendant que je dormais, elle m'a versé de l'essence dans les oreilles.133 Un autre jour, elle m'a emmené dans une partie de la ville que je ne connaissais pas et elle m'a abandonné là. J'ai fini par retrouver mon chemin mais je n'étais pas le bienvenu à la maison. A ce moment-là, j'ai décidé qu'il valait mieux vivre dans la rue.”134


Jeunes enfants lors d'une cérémonie de délivrance. Au cours de la cérémonie, les yeux des enfants sont couverts et leurs oreilles bouchées pour interrompre la transmission de la “sorcellerie.” © 2005 Marcus Bleasdale


Les militants qui tentent de réinsérer les enfants de la rue dans leur famille considèrent que les cas d'enfants accusés de sorcellerie sont les plus difficiles et ceux qui ont le moins de chances d'aboutir. Les tuteurs ou membres de la famille refusent souvent d'écouter les travailleurs sociaux ou de reprendre un enfant une fois qu'il a quitté la maison. Pour ces militants, étant donné qu'il est en général impossible de réintégrer les enfants accusés de sorcellerie, le succès de la prévention est d'autant plus important mais ils ont déploré le fait qu'en dépit des efforts de certaines organisations non gouvernementales, le gouvernement ne faisait pas grand-chose pour dissuader les abus.

La police, les enquêteurs de la justice et les fonctionnaires du gouvernement interviennent rarement dans les cas d'accusations de sorcellerie et de sévices corporels dont sont victimes les enfants chez eux ou dans les églises. Le personnel policier que nous avons interrogé a prétendu que les cas de violences physiques ne leur étaient généralement pas rapportés car les accusations devraient provenir des enfants.135 Les juges des tribunaux de paix de Mbuji-Mayi et Lubumbashi n'étaient au courant que de quelques cas de parents ou tuteurs inculpés de violences physiques mais aucun cas n'était lié à des accusations de sorcellerie.136 Peu de choses ont été faites pour endiguer les pratiques des pasteurs et prophètes violents. A Mbuji-Mayi, les organisations congolaises de défense des droits humains, le personnel judiciaire et la police elle-même ne connaissaient aucun cas où un pasteur ou une église avait fait l'objet d'une enquête pour maltraitance d'enfants. A Kinshasa en 2004, le Ministre des Affaires Sociales de l'époque, suite à l'insistance des associations de défense des droits de l'enfant, aurait mené une enquête sur un cas où des responsables d'une église abusaient d'enfants. Le pasteur a été arrêté et l'église fermée temporairement mais le pasteur n'a jamais comparu en justice.137 Des fonctionnaire des Ministères de la Justice et des Affaires Sociales étaient d'accord pour dire qu'il faudrait agir davantage pour juguler les pratiques violentes des parents et des pasteurs, en particulier parce que ces violences sont expressément interdites et punies par la loi aux termes de la nouvelle constitution.138

VIH/SIDA

Avec l'épidémie actuelle de VIH/SIDA, le nombre d'enfants orphelins augmente et les accusations de sorcellerie visant les enfants se multiplient. Le taux de prévalence national du VIH/SIDA est estimé à 4,2 pour cent en RDC, soit un chiffre inférieur à celui de nombreux pays d'Afrique de l'Est et australe; toutefois environ un million d'enfants congolais sont devenus orphelins en raison de l'épidémie.139 Les orphelins sont souvent pris en charge par des membres de la famille étendue qui ne sont pas toujours en mesure de s'en occuper convenablement. Ces enfants sont ceux qui ont le moins de chances d'aller à l'école, ils sont donc plus susceptibles de travailler dans les rues pour subvenir aux besoins de leur famille et ils sont confrontés à d'énormes désavantages par rapport aux autres enfants.140 Par ailleurs, la stigmatisation, la discrimination qui frappe les séropositifs ou les malades du SIDA et la désinformation à propos de la maladie sont très répandues en RDC.

Nombreux sont les Congolais qui semblent croire que le VIH/SIDA peut être propagé par la sorcellerie. Dans les pires cas que nous avons étudiés, les proches accusaient les enfants survivants d'avoir causé la mort de leurs parents malades du SIDA en pratiquant la “sorcellerie.” C'est le cas de Timothée, quinze ans, dont les parents sont tous deux décédés en 1995 des suites de complications liées au SIDA. Il vit dans un orphelinat depuis près de dix ans. Suite à la disparition de ses parents, il a vécu pendant un bref moment avec ses frères et sœurs plus âgés mais ils l'ont accusé de sorcellerie, d'avoir transmis le virus à ses parents et de les avoir “mangés” Ses frères et sœurs l'évitaient, le forçaient à rester hors de leur maison et ne s'en occupaient pas convenablement. Un voisin qui avait remarqué son état lamentable a fini par intervenir et l'a placé dans un orphelinat.141

De nombreux pasteurs et prophètes qui se spécialisent dans la “délivrance” d'enfants renforcent le message selon lequel les enfants peuvent transmettre le virus à leurs proches en pratiquant la sorcellerie. Il leur arrive d'expliquer aux parents et tuteurs qu'un enfant a contaminé un membre de sa famille en recourant à la sorcellerie pour chercher à les convaincre de faire subir à l'enfant une délivrance à l'église. Interrogé à propos du VIH/SIDA, un prophète de Mbuji-Mayi nous a expliqué, “Les enfants sorciers ont le pouvoir de transmettre n'importe quelle maladie, dont le SIDA, à leurs proches. Le SIDA est une maladie mystérieuse utilisée comme arme par ceux qui pratiquent la sorcellerie.”142  Les campagnes de sensibilisation et de prévention du VIH/SIDA mettant l'accent sur l'approche ABC (du sigle anglais pour abstinence, fidélité et usage du préservatif) ne sont, à ce jour, pas parvenues à venir à bout de l'idée selon laquelle le VIH peut être transmis par la sorcellerie et elles n'ont rien fait pour s'attaquer aux violences subies par les enfants ou pour réduire leur vulnérabilité.143

Le directeur du Mouvement des Jeunes pour l'Excellence, une organisation basée à Kinshasa qui s'occupe des enfants de la rue et des veuves, nous a déclaré que près de la moitié des enfants dont il s'occupe sont affectés par le VIH/SIDA. Beaucoup de ces enfants ont été accusés de sorcellerie et tenus responsables du décès de leurs parents ou frères et sœurs suite à des complications liées au VIH/SIDA. Les enfants accusés peuvent faire l'objet de violences physiques et affectives exercées par les personnes qui les ont pris en charge et ils sont soit forcés de quitter leur maison ou ils partent d'eux-mêmes en raison de la maltraitance.144

La situation est pire encore pour les enfants qui sont eux-mêmes séropositifs et à qui l'on fait croire qu'ils sont responsables de leur maladie et du décès de leurs proches. Nous avons interrogé un garçon et une fille, tous deux infectés par le VIH, qui, au lieu de recevoir des soins et un traitement, ont été victimes de violences physiques de la part de leurs proches, accusés d'être des sorciers et chassés de chez eux. Un garçon de douze ans qui vit avec le VIH depuis plus d'un an a expliqué que comme il était souvent malade, son oncle paternel l'avait accusé d'être sorcier et d'être responsable de la disparition de ses parents morts du SIDA. Il a été privé de nourriture et de soins et forcé de quitter la maison. Un travailleur social au courant du cas nous a informés que lors de discussions avec les membres de la famille, l'oncle paternel lui avait déclaré qu'il refusait de croire que son neveu était séropositif et il a insisté sur le fait qu'il était possédé, ce qui pour lui expliquait la maladie du garçon. L'oncle a dit à l'assistant social que le garçon avait jeté un sort à ses parents, ce qui avait causé leur maladie et ensuite leur décès, et qu'il croyait que s'il acceptait de reprendre le garçon chez lui, un sort similaire attendait les autres membres de la famille.145


Garçon de la rue endormi dans un refuge à Kinshasa.   © 2005 Marcus Bleasdale


Certains enfants devenus orphelins du SIDA et accusés ensuite de sorcellerie par des membres de leur famille sont également déshérités et spoliés de leurs biens par leurs proches. Plusieurs enfants qui ont perdu leurs parents malades du SIDA et qui ont ensuite été accusés de sorcellerie par leurs tantes ou leurs oncles nous ont confié que peu de temps après, les biens des parents décédés avaient été divisés ou vendus, ils avaient été accusés de sorcellerie et maltraités. Paul, un orphelin qui vit dans les rues de Kinshasa, a dit que lorsque ses parents sont morts de complications liées au SIDA, son oncle paternel a vendu la maison de ses parents et a refusé de s'occuper de lui et de ses frères et sœurs. Son oncle les a accusés de sorcellerie, a refusé de les nourrir et de les vêtir convenablement ou de payer l'école pour eux, et il a gardé l'argent de la vente ainsi que les objets de valeur qui avaient appartenu à leurs parents.146 Simon, douze ans, nous a raconté que son père possédait plusieurs parcelles de terre qu'il louait à d'autres fermiers. Lorsque son père est mort du SIDA, ses oncles ont divisé les terres et les ont vendues. Tout comme Paul, Simon a été accusé de sorcellerie et chassé de la maison de l'oncle avec qui il vivait depuis le décès de ses parents.147 Une fonctionnaire de la Division des Affaires Sociales à Kinshasa a constaté qu'il existait un lien entre les cas d'enfants orphelins du SIDA, les accusations de sorcellerie formulées par des proches et la spoliation des biens ayant appartenu aux parents de ces enfants. Elle a ajouté que même si en vertu de la loi congolaise, les enfants peuvent hériter des biens de leurs parents, très peu d'enfants connaissent ce droit ou sont en mesure de réellement réclamer des comptes à leurs proches devant un tribunal.148

Education

De nombreux fonctionnaires et enfants interrogés pour le présent rapport ont souligné que l'impossibilité pour les parents ou les tuteurs de payer les frais de scolarité et autres coûts liés à l'enseignement primaire était l'une des raisons pour lesquelles les enfants commençaient à passer du temps dans les rues. Le Ministre des Affaires sociales, M. Laurent Otete Omanga, nous a déclaré que “beaucoup de parents ne peuvent pas payer l'éducation de leurs enfants. Ces enfants restent chez eux sans avoir rien à faire et très vite, ils vont dans la rue pour chercher du travail ou s'amuser. Ils peuvent facilement être exploités par des adultes qui les paient très peu, souvent pour des tâches très dures. Ou ils commencent à fréquenter des enfants qui vivent dans la rue depuis quelque temps. Ils risquent de commencer à boire de l'alcool, à se droguer ou à commettre des délits. Une fois habitués à la vie de la rue, ils quittent leur foyer et rejoignent des gangs de délinquants de rue.”149

A l'image de nombreux enfants de la rue que nous avons interrogés, Pierre, de Lubumbashi, nous a raconté qu'une fois qu'il avait abandonné l'école, il avait commencé à explorer la vie dans la rue. “J'ai dû arrêter l'école après avoir terminé ma troisième année. Mes parents ne pouvaient plus se permettre de payer les frais scolaires, donc j'ai commencé à fréquenter la rue à la recherche de quelque chose à faire. La vie ici dans la rue est dure, il n'y a jamais assez à manger et j'ai faim. J'aimerais retourner à l'école et poursuivre mes études.”150 De même, un autre garçon de la rue, Benjamin, de Kinshasa, nous a confié qu'après le décès de sa mère, son père avait cessé de payer sa scolarité. Il n'a terminé que sa quatrième année primaire. N'ayant rien d'autre à faire, il a commencé à travailler dans les rues, vendant des allumettes et de l'eau.151

Un militant des droits de l'enfant de Mbuji-Mayi, qui mène des recherches sur les formes d'abus dont sont victimes les enfants travaillant dans le secteur minier, estime que c'est le fait de ne pas aller à l'école qui pousse de nombreux enfants congolais à travailler et finalement à vivre dans la rue. Il nous a expliqué que beaucoup de parents et de tuteurs dans le pays ne sont pas en mesure de payer les frais de scolarité prohibitifs. En RDC, un parent ou tuteur doit débourser plusieurs dollars par mois pour envoyer un enfant à l'école primaire et il doit également fournir un uniforme et du matériel scolaire—des frais que ne peuvent couvrir bon nombre de familles qui ne survivent qu'avec un seul repas par jour. Selon ce militant, l'impossibilité pour les adultes de payer l'école conduit leurs enfants à commencer à travailler jeunes dans des activités liées à la mine. Il a expliqué que certains enfants qui commencent à recevoir de petites sommes d'argent pour leur travail ne veulent parfois pas les partager avec les membres de leur famille. A mesure qu'ils passent de plus en plus de temps hors de chez eux, ils s'habituent à la rue et peuvent devenir des enfants de la rue à plein temps.152

Albert est un orphelin qui vit dans les rues de Mbuji-Mayi. Il nous a raconté qu'à la mort de ses parents, il était parti habiter chez sa sœur aînée et le mari de celle-ci. Il nous a confié que son beau-frère le maltraitait, le battait et refusait de payer sa scolarité. Albert a alors décidé de chercher du travail à la mine afin de contribuer aux revenus de la famille. Pendant plusieurs mois, il a travaillé et partagé son maigre salaire avec sa famille mais les mauvais traitements infligés par son beau-frère se poursuivaient. Il a finalement pris la décision de se débrouiller seul et de commencer à vivre dans la rue en dehors de la ville.153

Après des années de guerre, de déclin économique, de services publics limités, voire inexistants, pourvoir à la scolarité des enfants congolais, en particulier à l'enseignement primaire gratuit, demeure un sérieux défi pour le gouvernement. Il faut néanmoins reconnaître que l'impossibilité pour les enfants de la RDC d'aller à l'école projette chaque année des milliers d'entre eux dans le monde du travail des enfants, où ils sont notamment confrontés à des conditions dangereuses et illégales. Cette non scolarité conduit certains enfants à vivre dans la rue. La nouvelle constitution, adoptée par l'Assemblée Nationale en 2005 et approuvée par une écrasante majorité d'électeurs en 2006, stipule clairement en son article 42 que l'enseignement primaire doit être obligatoire et gratuit dans les établissements publics.154  Le gouvernement devrait par conséquent faire tous les efforts possibles pour offrir une scolarité à un maximum d'enfants et élaborer une stratégie nationale visant à réduire progressivement, puis à éliminer les frais scolaires et autres dépenses connexes qui empêchent les enfants pauvres d'aller à l'école.




[111] Entretiens de Human Rights Watch avec le président du Tribunal de Paix, Lubumbashi, 19 septembre 2005, et avec le président du Tribunal de Paix, Mbuji-Mayi, 26 septembre 2005.

[112] Entretien de Human Rights Watch avec Jacques, douze ans, Lubumbashi, 18 septembre 2005.

[113] Entretien de Human Rights Watch avec Aaron, Kinshasa, 1er octobre 2005.

[114] Entretien de Human Rights Watch avec Isaac, quatorze ans, Goma, 13 septembre 2005.

[115] Entretien de Human Rights Watch avec Rémy Mafu Sasa, Kinshasa, 28 septembre 2005.

[116] Entretien de Human Rights Watch avec le Père Zibi, Centre ORPER, Kinshasa, 29 septembre 2005.

[117] Ibid.

[118] Entretien de Human Rights Watch avec Jean Valea, Save the Children-UK, Mbuji-Mayi, 22 septembre 2005.

[119] Pour plus d'informations à propos des enfants de la rue et des accusations de sorcellerie d'enfants, voir: Javier Aguilar Molina, The Invention of Child Witches in the Democratic Republic of Congo Social Cleansing, Religious Commerce and the Difficulties of Being a Parent in an Urban Culture, Résumé des recherches et expériences du programme 2003-2005 de Save the Children financé par USAID, 2006; et Filip de Boeck, “On Being Shege in Kinshasa: Children, the Occult, and the Street,” dans Theodore Trefon ed. Reinventing Order in the Congo. How People Respond to State Failure in Kinshasa (London et New York: Zed Books, 2004), pp. 155-173.

[120] Entretien de Human Rights Watch avec Michael, Mbuji-Mayi, 23 septembre 2005.

[121] Entretien de Human Rights Watch avec Luc, quatorze ans, Kinshasa, 30 septembre 2005.

[122] Entretien de Human Rights Watch avec Albert, Mbuji-Mayi, 23 septembre 2005.

[123] Selon un groupe de pasteurs que nous avons interviewés, la majorité des cérémonies de délivrance ont lieu dans des églises de réveil;; d'autres cérémonies d'exorcisme sont pratiquées dans des églises de noir, des églises de guérir ou des églises chrétiennes.

[124] Entretien de Human Rights Watch avec Jean Valea, Save the Children/UK, Mbuji-Mayi, 22 septembre 2005.

[125] Entretien de Human Rights Watch avec le Révérend Gode et d'autres pasteurs, Kinshasa, 3 octobre 2005.

[126] Entretien de Human Rights Watch avec Bruno, Kinshasa, 30 septembre 2005.

[127] Entretien de Human Rights Watch avec Malachi, onze ans, Kinshasa, 1er octobre 2005.

[128] Entretien de Human Rights Watch avec Francis, neuf ans, Mbuji-Mayi, 25 septembre 2005.

[129] Entretien de Human Rights Watch avec Kabuni Wa Lesa, Centre évangélique charismatique, Mbuji-Mayi, 27 septembre 2005.

[130] Entretien de Human Rights Watch avec un prêtre, Kinshasa, 29 septembre 2005.

[131] Nous avons souvent entendu dire que les enfants ou les adultes accusés du décès d'une autre personne l'avaient "mangée", mais ce verbe faisait apparemment allusion à l'âme de la personne.

[132] Entretien de Human Rights Watch avec le Prophète Bisombolo, Eglise Viaka, Kinshasa, 3 octobre 2005.

[133] Les enfants qui ont été soumis à des cérémonies de “délivrance,” les pasteurs qui célèbrent ces cérémonies et les militants qui défendent le bien-être des enfants nous ont tous dit que couvrir les yeux d'un enfant et lui boucher les oreilles faisaient partie intégrante des cérémonies de délivrance. Il paraîtrait que cela interrompt la communication visuelle ou auditive avec les "esprits maléfiques” et contribue à ce que le message du libérateur soit reçu.

[134] Entretien de Human Rights Watch avec Bruno, Kinshasa, 30 septembre 2005.

[135] Entretiens de Human Rights Watch avec des policiers, Goma, 14 septembre 2005, et Mbuji-Mayi, 27 septembre 2005.

[136] Entretiens de Human Rights Watch, Lubumbashi, 19 septembre 2005, et Mbuji-Mayi, 26 septembre 2005.

[137] Entretien de Human Rights Watch avec des fonctionnaires du Ministère de la Justice, Kinshasa, 30 septembre 2005.

[138] Article 41 de la Constitution de la République démocratique du Congo, 2005.  L'Article 41 stipule que “l’abandon et la maltraitance des enfants notamment la pédophilie, les abus sexuels ainsi que l’accusation de sorcellerie sont prohibés et punis par la loi.”

[139] Programme conjoint des Nations Unies (ONUSIDA) et de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur le VIH/SIDA, Fiches épidémiologiques sur le VIH/SIDA et les maladies sexuellement transmissibles: République démocratique du Congo (Mise à jour 2004), p. 2.

[140] Human Rights Watch, “Letting Them Fail: Government Neglect and the Right to Education for Children Affected by AIDS,” A Human Rights Watch Report, vol. 17, no. 13(A), octobre 2005, [en ligne], www.hrw.org.

[141] Entretien de Human Rights Watch avec Timothée, Kinshasa, 1er octobre 2005.

[142] Entretien de Human Rights Watch avec le Pasteur Kabuni Wa Lesa, Mbuji-Mayi, 27 septembre 2005.

[143] Entretien de Human Rights Watch, Kinshasa, 29-30 septembre 2005.

[144] Entretien de Human Rights Watch avec John Lisumba, Kinshasa, 29 septembre 2005.

[145] Entretien de Human Rights Watch avec un travailleur social, Mbuji-Mayi, 23 septembre 2005.

[146] Entretien de Human Rights Watch avec Paul, douze ans, Kinshasa, 30 septembre 2005.

[147] Entretien de Human Rights Watch avec Simon, Mbuji-Mayi, 23 septembre 2005.

[148] Entretien de Human Rights Watch avec une fonctionnaire de la Division des Affaires Sociales, Kinshasa, 29 septembre 2005.

[149] Entretien de Human Rights Watch avec le Ministre des Affaires Sociales, Kinshasa, 29 septembre 2005.

[150] Entretien de Human Rights Watch avec Pierre, quinze ans, Lubumbashi, 16 septembre 2005.

[151] Entretien de Human Rights Watch avec Benjamin, dix-sept ans, Kinshasa, 1er octobre 2005.

[152] Entretien de Human Rights Watch avec M. Chimanga, Mbuji-Mayi, 22 septembre 2005.

[153] Entretien de Human Rights Watch avec Albert, douze ans, village de Chimuna, 24 septembre 2005.

[154] Article 42 de la Constitution de la République démocratique du Congo, 2005.


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