Rapports de Human Rights Watch

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La violence sexuelle dans la guerre au Congo: un crime persistant

Au cours des cinq années de conflit armé en République Démocratique du Congo (RDC ou Congo), des dizaines de milliers de femmes et de filles1 ont été violées ou ont subi des violences sexuelles.2 Les victimes dont Human Rights Watch a examiné le cas n’avaient parfois pas plus de trois ans. Dans un certain nombre de cas, des hommes et des garçons ont également été violés ou agressés sexuellement. L’Organisation Mondiale de la Santé a mené une enquête sur l’incidence du viol dans deux provinces, le Sud Kivu et le Maniema, et dans deux villes, Goma (province du Nord Kivu) et Kalémie (province du Katanga) et elle en a conclu que quelque quarante mille personnes avaient été violées.3

Des combattants de la plupart des armées et groupes armés présents à l’Est du Congo ont commis des actes de violence sexuelle tant avant qu’après la mise en place du gouvernement de transition.4 Les présumés auteurs de ces actes sont notamment des combattants des anciens mouvements rebelles, le RCD-Goma, le MLC et le RCD-ML, ainsi que des soldats de l’ex-armée nationale, les FAC, qui sont tous supposés faire aujourd’hui partie d’une armée congolaise intégrée. Sont également impliqués dans ces violences des combattants de groupes armés locaux, les Maï Maï (groupes résistant à tout contrôle extérieur), des groupes armés hutus burundais et rwandais et les groupes ethniques basés en Ituri, l’UPC et le FNI.5 Il est rare que les autorités judiciaires civiles et militaires et les dirigeants des groupes armés aient puni les auteurs de ces crimes. A l’occasion, les commandants militaires et les chefs de groupes armés semblent même avoir encouragé le recours à la violence sexuelle afin de terroriser les civils.

Suite à de très longues négociations, la fin de la guerre a été déclarée et un gouvernement de transition a été mis en place en juin 2003. Mais les opérations militaires se sont poursuivies dans l’Est du Congo et en décembre 2004, donc tout récemment, les civils subissaient encore des attaques, notamment des actes de violence sexuelle. A la fin 2004, l’arrangement difficile pour le partage du pouvoir entre les anciens belligérants a commencé à vaciller et deux des principaux partenaires étaient prêts à quitter le gouvernement. Les forces militaires sont toujours fidèles aux mouvements rebelles qui les ont fait naître et ne sont intégrées qu’en théorie dans la nouvelle armée nationale, les FARDC. Des forces mutines du RCD-Goma se sont rebellées en juin et à nouveau en décembre 2004 contre ceux qui étaient censés les commander. En général, les groupes armés locaux continuent à contrôler leurs secteurs, faisant peu de cas des fonctionnaires du gouvernement national. En Ituri, un district fort disputé de la Province Orientale,6 des groupes armés fondés sur l’appartenance ethnique continuent à se battre entre eux ainsi que contre des soldats de l’armée nationale et la MONUC, la force de maintien de la paix de l’ONU. Selon des panels d’experts onusiens –l’un sur l’exploitation des ressources, l’autre sur les violations de l’embargo sur les armes imposé par les Nations Unies dans l’Est du Congo, – des responsables des pays voisins que sont le Rwanda et l’Ouganda aident plusieurs de ces groupes armés, encourageant ainsi la poursuite du conflit armé.7

Les cas présentés ici illustrent différents types de violence sexuelle ainsi que la nature généralisée de ces crimes, à la fois d’un point de vue géographique et numérique.

Types de violence sexuelle

Plusieurs types d’abus sexuels contre les civils ont été constatés.8 Des soldats et combattants rebelles ont perpétré des actes de violence sexuelle dans le contexte de confrontations militaires afin d’effrayer la population civile et la forcer ainsi à se soumettre, mais aussi afin de la punir pour avoir soi-disant appuyé les forces ennemies ou encore afin de satisfaire les combattants, parfois après une défaite. En Ituri, où des groupes armés de différentes ethnies se battent depuis des années, les combattants utilisent souvent la violence sexuelle à l’encontre de personnes d’autres groupes ethniques considérés ennemis.9 Selon les estimations fournies en octobre 2004 par des agences humanitaires, de huit à dix personnes étaient violées chaque jour dans la ville de Bunia et un nombre limité d’autres localités d’Ituri.10 Comme le faisait remarquer la représentante d’une ONG de femmes, “Nous pourrions remplir toute une bibliothèque avec des ouvrages consacrés à l’utilisation du viol ici en Ituri. C’est trop horrible. Nous devons maintenant vivre avec tout cet héritage et je ne sais pas comment nous allons y parvenir.”11

Les combattants, seuls ou en petits groupes, ont commis des agressions lorsque l’occasion se présentait, prenant pour cible des femmes et des filles qui étaient chez elles ou qui vaquaient à leurs activités quotidiennes, se rendaient à pied au marché ou cultivaient leurs champs. Les cas de violence sexuelle étaient devenus tellement fréquents dans certains secteurs que les femmes et les filles ont cessé de travailler au champ ou d’aller au marché, elles se cachaient dans la forêt la nuit au lieu de dormir chez elles et parfois, elles ont carrément quitté le secteur.

Les combattants vivant dans la forêt ont enlevé des femmes et des filles et les ont gardées dans leurs camps, parfois pendant des mois entiers, pour qu’elles fournissent des services sexuels et autres services traditionnellement considérés comme étant du “travail de femme” – cuisiner, nettoyer et aller chercher de l’eau ou du bois.12 Par exemple, pendant la guerre, les rebelles Maï Maï ont maintenu en captivité un grand nombre de femmes dans la région de Shabunda au Sud Kivu et à Masisi au Nord Kivu. Les rebelles hutus rwandais ont enlevé des femmes et des filles et les ont emmenées à leurs bases dans la forêt de Kahuzi-Biega. Les rebelles burundais des Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD) ont retenu des femmes et des filles dans la forêt de Rukoko, dans la vallée de Rusizi au Sud Kivu.

Dans l’attente d’une paix future: la violence sexuelle après juin 2003

Malgré la mise en place d’un gouvernement de transition prétendument unifié, la violence dans l’Est du Congo persiste. Des femmes et des filles, attendant toujours la paix promise, continuent d’être victimes d’agressions sexuelles commises par les combattants. En plus, elles sont devenues la proie de vulgaires criminels qui commettraient de plus en plus d’actes de violence sexuelle dans certaines régions du Nord Kivu.13

En septembre 2004, le Centre Olame, un centre catholique pour femmes de Bukavu, recevait chaque mois plus de deux cents nouveaux cas de violences sexuelles provenant de différentes parties du Sud Kivu, ce qui représente une forte augmentation par rapport à la fin 2002 où le centre recevait environ cinquante cas par mois.14 Entre janvier et mai 2004, l’hôpital de Panzi, également à Bukavu, a traité 1.124 victimes de violence sexuelle.15 Entre août 2003 et janvier 2004, l’hôpital de Médecins Sans Frontières dans la petite ville de Baraka a traité plus de 550 victimes de viol, dont beaucoup avaient été agressées sexuellement après juin 2003.16 Baraka est située dans le territoire de Fizi, dans la province du Sud Kivu, qui a été le théâtre de combats intenses et de graves exactions au cours de la guerre. 

Les forces dissidentes du RCD-Goma sous le commandement du Colonel Mutebutsi et du Général Nkunda, mai-juin 2004

Le 26 mai 2004, un officier mutin, le Col. Jules Mutebutsi, s’est soulevé contre l’armée gouvernementale nouvellement créée. Avec un autre dissident, le Gén. Laurent Nkunda, et – selon un rapport de l’ONU – avec l’appui d’officiers de l’armée rwandaise, Mutebutsi a mené ses forces à Bukavu dont il a pris le contrôle le 2 juin 2004.17

Les mutins sont allés de maison en maison à Bukavu, violant et pillant. Bon nombre de femmes et de filles qui craignaient d’être violées se sont enfuies pour se cacher. A Kadutu, un quartier de Bukavu, une centaine de femmes et de filles ont trouvé refuge dans une église du coin, portant sur elles des couches supplémentaires de vêtements pour décourager les violeurs potentiels.

Le 3 juin, les combattants ont fait irruption dans une maison où se cachaient quatre adolescentes. Ils ont trouvé les filles, leur ont réclamé de l’argent et ils les ont ensuite violées, chacune à plusieurs reprises. Dans un autre incident survenu le même jour, six soldats mutins du RCD-Goma ont violé une femme sous les yeux de son mari et de ses enfants, tandis qu’un autre soldat violait sa fille de trois ans. Après le viol, les combattants ont pillé la maison, emportant la plupart des biens de la famille. Dans un autre cas, le 4 juin, six combattants ont violé deux fillettes de trois ans qui se cachaient avec dix autres femmes et filles. Ils auraient déclaré aux femmes, “Nous allons vous montrer que ces filles sont des femmes comme vous.”18

Cent soixante-neuf femmes et filles qui avaient subi des violences sexuelles lors des combats de mai et juin ont cherché de l’aide au Centre Olame entre juin et septembre 2004. Cent dix-sept ont dit avoir été attaquées par des combattants des forces de Mutebutsi et de Nkunda.19 Cinquante-huit victimes de violences sexuelles commises en mai et juin avaient demandé de l’aide à l’hôpital de Panzi à la fin juillet, selon les déclarations du personnel.20

Les forces dissidentes sous le commandement de Nkunda, basées dans la région de Goma, se sont également livrées à des actes de violence sexuelle dans des villages à l’extérieur de Bukavu les jours qui ont précédé leur attaque de la ville. Léonie W.,21 une femme d’âge moyen de Minova, une petite ville située sur la route menant de Goma à Bukavu, a décrit les abus sexuels commis sur ses nièces à la fin mai:

Ma sœur aînée a été tuée dans une balle perdue. Ses trois filles ont été violées dans les champs, elles avaient treize, quatorze et dix-huit ans. Celle de treize ans est décédée. Quatre hommes l’ont violée. Ils lui ont écarté les bras et les jambes et l’ont maintenue par terre. Au départ, j’étais avec elle mais je me suis cachée dans un bananier et j’ai regardé ce qui se passait. Après cela, elle a commencé à vomir du sang, nous l’avons emmenée à l’hôpital de Kirotshe mais elle est morte deux jours plus tard. Nous avons une dette de 18$ envers l’hôpital mais nous ne savons pas comment nous la paierons. Mes deux autres nièces ont été emmenées à Bunia par l’Eglise pour recevoir des soins médicaux. Elles avaient été violées ailleurs; quand elles sont rentrées à la maison, elles avaient déjà été violées.22

Le 30 mai 2004, trois femmes qui se trouvaient dans la ville de Katana, à une trentaine de kilomètres au nord de Bukavu, ont été violées par des soldats de Nkunda. L’une d’entre elles a été violée par cinq combattants. Les hommes ont aussi systématiquement pillé les maisons à Katana et dans les environs.23 Selon les habitants de Minova, les soldats de Nkunda ont violé d’autres femmes et d’autres filles lorsqu’ils se retiraient de Bukavu pour se replier sur Minova.24 Dans l’un des cas, ils ont violé une mère et son enfant de huit ans. La fillette est décédée des suites de ses blessures quelques jours plus tard.25 Une autre femme a été violée par quatre combattants.26 Certaines avaient trop peur pour dormir dans leurs propres maisons la nuit et d’autres ont fui à Goma, une plus grande ville, en quête de sécurité.

Interrogé à propos des nombreuses accusations de viol mettant en cause ses soldats, le Général Nkunda a nié avoir entendu parler de cas de ce genre.27 Aucune enquête ni aucune arrestation de soldats n’a été rapportée pour les crimes commis à Bukavu.

Autres actes de violence et d’exploitation sexuelles commis par d’anciens membres du RCD-Goma

Le 31 août 2003, un soldat du RCD-Goma a agressé et violé Marianne L., âgée de vingt ans, dans la ville de Bunyakiri, au nord-ouest de Bukavu.28. Il l’avait d’abord abordée dans la rue aux alentours de 7 heures du matin et lui avait demandé d’avoir des rapports sexuels avec lui. Devant son refus, il lui a tiré deux balles dans la jambe. Alors qu’elle s’écroulait par terre, il a tiré en l’air pour effrayer les spectateurs, puis il l’a violée et l’a ensuite menacée de la tuer. Marianne a agrippé son arme et d’autres personnes sont venues l’aider. Le soldat s’est enfui, abandonnant son arme et son béret militaire. Marianne L. a été emmenée à l’hôpital où elle a dû être amputée de la jambe sous le genou.

A la mi-2003, le RCD-Goma entraînait des filles et des garçons dans un centre d’entraînement militaire appelé Nyamunyunu dans le Sud Kivu. Certaines de ces filles, qui provenaient de familles très pauvres, avaient rejoint le RCD-Goma en quête de sécurité. Mais les soldats du RCD-Goma ont violé certaines filles. Dans d’autres cas, les filles étaient forcées d’avoir des relations sexuelles parce qu’elles avaient peur ou pour s’assurer les moyens nécessaires pour survivre. Anne M., âgée de quatorze ans, a raconté à une chercheuse de Human Rights Watch qu’elle était tombée enceinte après avoir été violée par un commandant du RCD-Goma. Elle a expliqué,

Il m’a envoyée dans sa maison pour chercher de la nourriture. Puis il est entré et m’a demandé de l’aider à faire le lit. Ensuite il a fermé la porte et m’a attrapée. D’autres soldats sont alors arrivés pour fermer la porte pour qu’il puisse terminer ce qu’il voulait faire. C’était la première et la seule fois. Il ne m’a rien dit après cela. Avant, le commandant avait toujours dit qu’il m’épouserait après la formation. Je lui avais dit qu’il devrait donner une dot à ma famille. Les gens de la MONUC étaient venus [pour organiser la démobilisation des mineurs], c’est après cela qu’il m’a prise de force parce qu’il s’est rendu compte que nous allions bientôt partir…

Il y avait une autre fille au camp qui avait le même problème avec son commandant mais une fois l’entraînement terminé, ils se sont mariés. Elle avait dix-huit ans. Elle était satisfaite ; elle est encore au camp. Une des autres filles a aussi été prise de force.29

En août 2003, la MONUC a organisé la libération des enfants de moins de dix-huit ans du camp d’entraînement.30

Les actes de violence sexuelle commis par les Forces de Défense Locales au Nord Kivu

Les Forces de Défense Locales (LDF) ont été mises sur pied en 1999 en tant que force auxiliaire du RCD-Goma. Sous le gouvernement de transition, elles ont continué à opérer au Nord Kivu comme milice privée sous le contrôle du gouverneur actuel, Eugène Serufuli. Beaucoup de recrues étaient des enfants et les soldats du RCD-Goma ne leur ont donné qu’une formation rudimentaire. Ils étaient en théorie sous le commandement d’autorités civiles nommées par Serufuli. En février 2004, Serufuli a annoncé que les LDF seraient dissoutes et que ses soldats seraient incorporés au sein de l’armée et de la police nationale ou qu’ils seraient démobilisés. Mais bon nombre de soldats des LDF semblent continuer à opérer sous le commandement d’autorités civiles et même ceux qui sont prétendument intégrés dans l’armée seraient encore fidèles au gouverneur.31

Les habitants du Nord Kivu se plaignent des nombreuses exactions commises par des membres des Forces de Défense Locales, notamment des viols. Le matin du 28 août 2003, cinq membres des LDF ont attaqué Marie T., une étudiante en couture âgée de dix-sept ans, alors qu’elle se rendait à des funérailles dans son quartier à Goma. Elle a déclaré que les cinq hommes, qu’elle a identifié comme appartenant aux LDF en raison de leurs uniformes khakis et de leurs bottes en plastique, l’ont frappée et lui ont donné des coups de pied avant de la violer. Elle a dit,

J’étais en première année de couture mais j’ai quitté l’école à cause de ce qui est arrivé. J’étais honteuse parce que mes compagnes de classe savaient toutes ce qui s’était passé. Mes amies cancanaient beaucoup sur ce qui était arrivé. Maintenant ça va mais je suis triste.32

Abus sexuels commis par les forces armées gouvernementales, mai-juin 2004

Selon des sources locales, les soldats gouvernementaux de la 10e région militaire sous le commandement de Mbusa Mabe ont également commis des actes de violence sexuelle au moment du soulèvement de Mutebutsi et Nkunda. Beaucoup de ces soldats venaient de différentes anciennes forces telles que les FAC, dont Mbusa Mabe lui-même, le MLC et les Maï Maï. Cinquante-deux femmes qui ont demandé des soins au Centre Olame de Bukavu ont dit avoir été violées par des soldats des forces gouvernementales pendant ces semaines-là. Les soldats auraient violé beaucoup de femmes à Walungu, où ils étaient basés lorsque les combattants de Mutebutsi et Nkunda contrôlaient la ville de Bukavu. Dans certains cas, ils s’en sont pris aux femmes qui fuyaient Bukavu et dans d’autres cas, ils ont attaqué les femmes et les filles au moment où les troupes revenaient pour reprendre le contrôle de Bukavu.33

Les violences sexuelles commises par des membres de l’ex-RCD-ML à Lubero, au Nord Kivu

En juin 2003, le RCD-Goma a pris au RCD-ML le contrôle du territoire de Lubero, au Nord Kivu. Les vaincus ont alors commis de graves exactions contre les civils entre le 19 et le 22 juin à Musienene, située à une vingtaine de kilomètres au sud de Butembo, et dans les environs de Musienene. Le Centre d’Etudes Juridiques Appliquées (CEJA), une organisation des droits de l’homme basée à Butembo, a dit avoir été informé que les forces du RCD-ML avaient commis vingt-deux actes de violence sexuelle à cette période, dont beaucoup sur des enfants.34 Il se peut que bien d’autres cas de viol n’aient pas été dénoncés.

Les violences sexuelles commises par les anciennes forces du MLC  en Ituri et en Equateur

Les forces du MLC ont commis de nombreux actes de violence sexuelle. Dans un cas particulièrement odieux de violence sexuelle, des soldats de l’ex-MLC ont commis des viols collectifs sur 120 femmes et filles dans deux villages du district de Mongala, dans la province de l’Equateur, les 21 et 22 décembre 2003.35 Ces ex-combattants du MLC venaient d’être incorporés à la nouvelle armée congolaise, les FARDC, et s’étaient révoltés contre leur commandant, qu’ils soupçonnaient d’avoir volé de l’argent destiné à payer leur solde. En avril 2004, la MONUC a visité les villages et a aidé l’Auditeur militaire des forces armées congolaises à entamer une enquête. En l’espace de deux jours, les enquêteurs ont reçu 119 plaintes pour viol et quatre vingt-six plaintes pour pillage. A ce jour, personne n’a été arrêté ou poursuivi pour ces crimes.36

Attaques commises par les combattants hutus rwandais

Une dizaine de milliers de combattants hutus rwandais poursuivent une activité militaire sporadique dans l’Est du Congo et bon nombre d’entre eux sont organisés au sein des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR).  Les combattants de nombre de ces groupes portent atteinte aux droits humains des Congolais qui vivent dans leur voisinage, notamment en commettant des viols, des pillages et des occupations forcées de propriété. Les combattants des FDLR ont parfois aussi été accusés de crimes qu’ils n’ont pas commis car les autorités locales leur font assumer la responsabilité d’attaques perpétrées par leurs propres forces. 

Au cours du second semestre 2003, les combattants rwandais basés dans la forêt de Kahuzi Biega au Sud Kivu semblent avoir multiplié les attaques contre les Congolais vivant dans les environs. En octobre 2003, 35 pour cent des cas de violence sexuelle enregistrés à l’hôpital de Panzi (l’hôpital le mieux équipé du Sud Kivu) provenaient de Walungu, une zone adjacente à la forêt.37 Dix femmes ont déclaré avoir été violées par ces combattants près de Ninja. L’une d’elles, Thérèse K.,une veuve de quarante-trois ans et mère de huit enfants, a dit à une représentante du Centre Olame,

C’était le 15 juillet 2003, aux alentours de 13 heures. J’étais chez moi. Les Hutus sont arrivés. Ils cherchaient quelque chose à manger. Je leur ai dit que je n’avais rien, ni chez moi ni à la plantation de bananes. Ils ont découvert un tas de terre fraîche et ont pensé que c’était là que je cachais mon trésor. Je leur ai dit que c’était le corps de mon enfant que j’avais enterré là trois jours auparavant. Mais ils ne me croyaient pas. Ils ont commencé à creuser jusqu’à ce qu’ils retirent l’enfant. Alors ils ont vu que c’était vraiment un corps et qu’il n’y avait rien d’autre. Lorsque j’ai vu ça, j’ai commencé à pleurer et mes autres enfants aussi. … Plus tard, je suis allée au champ pour chercher un peu de manioc. … Ils m’ont attaquée, j’ai essayé de résister mais ils étaient plus forts. L’un d’eux a menacé de me violer. L’autre m’a donné des coups de pied avec dégoût, comme s’il voulait écarter une saleté de son chemin. Je me suis enfuie, abandonnant mon panier et le manioc.38

Thérèse K. et les autres femmes de Ninja ont par ailleurs rapporté que les rebelles hutus rwandais s’étaient installés dans certaines maisons de façon permanente et qu’ils en avaient expulsé les propriétaires par la force.

Des combattants hutus rwandais ont également violé des femmes et des filles au Nord Kivu. Evelyne M., une veuve d’âge moyen, a été attaquée et violée en décembre 2003 par des membres des FDLR dans le Territoire de Masisi au Nord Kivu. Elle a expliqué,

C’était aux environs de la Noël. J’avais entrepris un voyage à pied d’une quarantaine de kilomètres pour aller vendre un panier de farine. Ils étaient au moins dix à me violer. J’en connaissais certains de vue parce qu’ils viennent souvent dans notre village ; mais je ne connais pas leurs noms. J’ai un fils de six ans qui était là lorsque j’ai été violée. Nous avons tous deux été battus avec des bâtons et il a encore des problèmes de santé. Moi, j’ai même perdu connaissance et j’ai passé plusieurs jours dans la brousse à la même place, sans bouger. Des personnes sont ensuite arrivées, elles ont alerté le chef local et il a envoyé des gens pour me transporter dans un centre médical. Ils nous ont portés, mon fils et moi, sur leur dos. J’étais vraiment dans un sale état et on m’avait pris mes vêtements. J’étais nue et ceux qui m’ont transportée m’ont donné des vêtements. Depuis lors, j’ai eu une descente de l’utérus, il bouge et je perds de l’eau et du sang, surtout quand je porte de lourdes cruches d’eau. Cela brûle.39

Ce n’est que trois mois après l’agression qu’Evelyne M. est arrivée à Goma, où elle a reçu des soins dans un centre dirigé par une ONG congolaise pour les victimes de tortures. Elle n’avait pas eu suffisamment d’argent pour payer le voyage de deux heures en voiture.40

Au cours des premiers mois de 2004, soixante et une victimes de violences sexuelles ont demandé de l’aide dans un centre pour victimes dirigé par une ONG congolaise, Promotion et Appui aux Initiatives Féminines (PAIF), sur le territoire de Kalehe, au nord de Bukavu. Toutes disent avoir été agressées par des combattants rwandais41

Attaques commises par les Maï Maï

Les femmes et les filles du territoire de Shabunda, dans le Sud Kivu, se plaignaient des actes de viol généralisés commis par les combattants Maï Maï dans le passé. Des violences sexuelles perpétrées par les forces Maï Maï non intégrées aux FARDC continuent d’être dénoncées.42

En juillet 2003, Sophie M., une femme de trente-neuf ans et mère de cinq enfants, ainsi que onze autres femmes ont été attaquées par une trentaine de combattants Maï Maï alors qu’elles se rendaient aux champs à environ 140 kilomètres de la ville de Shabunda. Elle a déclaré,

J’ai été violée par eux devant mon mari, qu’ils maintenaient par terre pendant ce temps. Ils m’ont ensuite relâchée parce que mon mari et mes enfants les imploraient, et ils pleuraient tout en criant “Ils vont tuer maman.” J’ai été violée par plus de trois hommes. Je ne me souviens pas du nombre exact parce que j’ai perdu connaissance. Après cela, une voisine est venue m’aider parce que je saignais. Elle a fait bouillir de l’eau et des herbes pour moi.43

Sophie M. a raconté que les Maï Maï avaient enlevé les onze autres femmes après les avoir violées. Les combattants Maï Maï lui ont dit que les femmes serviraient aux autres hommes dans les villages aussi longtemps qu’ils seraient sans femmes dans la forêt. Sophie M. a dit que plus tard,  quatre des onze femmes s’étaient échappées. Elle a ajouté,

Les femmes m’ont parlé de leur séjour avec [les Maï Maï]. Elles ont été violées tout le temps. Certaines étaient enfermées dans des cabanes pour qu’elles ne puissent pas s’enfuir. Les quatre qui sont revenues ont des problèmes de santé.44

Lorsqu’on lui a demandé comment elle savait que les agresseurs étaient des Maï Maï, Sophie M. a expliqué qu’ils portaient des peaux de bêtes plutôt que des uniformes, ce qui est typique des Maï Maï. Après le viol, elle saignait abondamment en raison d’une lésion interne. Elle a été transportée dans un centre médical de Bukavu où elle a reçu des soins. Sa santé s’est maintenant améliorée et son test de dépistage VIH/SIDA est négatif mais son mariage semble détruit:

Mon mari ne veut plus qu’on vive ensemble parce que j’ai eu des relations sexuelles avec des Maï Maï. Les coupables doivent être punis. Le chef des Maï Maï peut être identifié et devrait aussi être puni.45

Les groupes Maï Maï sont également actifs dans tout le Nord Kivu. Christine D. a été enlevée lors de combats entre deux groupes rivaux autour de Pinga en janvier 2003:

Ils m’ont emmenée de force parce que j’étais seule. Ma mère avait fui dans une autre direction. Ils étaient trois : l’un m’a violée et les autres étaient avec lui. Je suis restée avec eux dans la forêt longtemps, un an. Je suis tombée enceinte et j’ai perdu le bébé. Je suis retombée enceinte et alors je me suis enfuie ici. Il y avait une autre fille avec moi, d’une autre famille, et elle a aussi été violée par le même homme. Lorsqu’elle en était à son quatrième mois de grossesse, elle est morte ; il n’y avait pas de soins médicaux…. Chaque fois que nous essayions de nous enfuir, nous étions battues.46

Christine D. connaissait le nom de son agresseur et elle a dit qu’elle aimerait le voir arrêté. “Mais ce serait difficile de l’attraper parce qu’il est caché dans la forêt,” a-t-elle expliqué.

A la mi-mai 2003, des combattants Maï Maï, qui venaient d’être défaits par les forces du RCD-ML, ont violé des femmes et des filles et ont commis des actes de pillage et de destruction alors qu’ils abandonnaient les villages devant l’avancée des forces du RCD-ML. Selon une enquête menée par le groupe des droits de l’homme CEJA, six de leurs victimes ont été violées à Vuyinga, à environ quatre vingt quinze kilomètres de Butembo, entre le 8 et le 10 juillet 2003.47

Dans le cadre du processus de mise sur pied d’une nouvelle armée nationale, des forces rebelles et des groupes armés ont été cantonnés dans un certain nombre de secteurs où ils doivent soit suivre une réorientation, soit être démobilisés. Selon des groupes locaux de femmes, des combattants Maï Maï casernés au camp de Mangango, à une quinzaine de kilomètres de Beni, ont commis au moins seize viols dans le voisinage immédiat du camp au cours des neuf premiers mois de leur cantonnement à cet endroit.48

Violences sexuelles perpétrées par des groupes armés lendu et leurs alliés en Ituri

Selon des défenseurs des droits de l’homme et des membres du corps médical du district d’Ituri, le viol généralisé des femmes et des filles est devenu monnaie courante depuis que la présence des groupes armés s’est renforcée dans la région. Human Rights Watch fait état d’actes généralisés de violence sexuelle commis par les factions armées lendu et leurs alliés, surtout des groupes armés ngiti.49 La représentante d’un groupe de femmes rapporte:

[Les guerriers lendu] pénètrent dans les maisons la nuit et y violent les femmes, parfois sous les yeux du mari. Ils s’attaquent parfois à des femmes qui vont chercher de l’eau ou se rendent aux champs ou ils s’en prennent à des jeunes filles qui rentrent de l’école. Lorsqu’ils les violent dans les maisons, ils en profitent pour voler.50

Un professionnel de la santé de l’Ituri a déclaré à une chercheuse de Human Rights Watch qu’entre la fin 2002 et janvier 2004, plus de 650 femmes avaient été violées. Il a évoqué un cas datant du début 2004, dans lequel douze combattants du FNI s’en sont pris à deux femmes d’une autre ethnie qu’ils ont violées avant de leur infliger d’autres sévices, leur introduisant des bâtons dans le vagin.51

Nombreuses sont les femmes et les jeunes filles qui ne reçoivent pas les soins médicaux adéquats, par manque d’argent ou par peur d’être identifiées comme victimes de viol. Claudine N., jeune fille de dix-sept ans, a été violée en janvier 2004 et s’est retrouvée enceinte. Craignant que le viol ne soit rendu public, elle a tenté d’avorter à l’aide de remèdes traditionnels mais elle est tombée malade et s’est alors rendue dans un centre médical à une quinzaine de kilomètres de là, où personne ne la connaissait mais il était déjà trop tard. Elle est décédée.52

Dans quelques cas, les dirigeants du FNI ont puni les combattants accusés de viol. Le Président du FNI, Floribert Njabu, a déclaré à une chercheuse de Human Rights Watch que quatre combattants du FNI avaient été arrêtés à Kpandruma, début 2004. Bien qu’apparemment aucune enquête formelle n’ait été menée et que les hommes n’aient jamais été jugés, deux des accusés ont été exécutés alors que les deux autres étaient jetés en prison.  “Nous exécutons les auteurs de viol” a affirmé Njabu.  “Si nous les arrêtons sans rien faire, les gens diront que nous les laissons aller en toute impunité.”53 Le Président Njabu ne semblait pas dérangé par le caractère illégal des exécutions sommaires. Il a déclaré que “le droit congolais n’a pas cours ici. Nous sommes en République de l’Ituri.”54 

Attaques commises par l’UPC en Ituri

A Bunia et dans d’autres régions de l’Ituri, les combattants hema de l’UPC se sont rendus coupables de viols généralisés de femmes et de filles. Au cours du seul mois de mai 2003, alors que l’UPC tentait de regagner le contrôle de Bunia et de certaines régions isolées, 125 femmes et filles ont été violées.55 Cécile W., vingt-cinq ans, explique :

Une nuit de mai 2003, à 21h, des combattants de l’UPC sont entrés chez moi. Ils étaient quatre et j’étais seule à la maison. Ils m’ont violée à tour de rôle en me disant de ne pas crier sinon ils me tuaient. Ils ont littéralement pillé la maison. Pendant que l’un d’eux me violait, les autres fouillaient la maison et s’emparaient de ce qu’ils voulaient. Je n’ai pas pu voir leurs visages car il faisait sombre. Je n’ai osé le dire à personne. J’avais tellement peur que le lendemain, j’ai fui cet endroit. Maintenant, chaque mois, au moment des règles, je souffre. J’ai été soignée par MSF [Médecins Sans Frontières] mais ils ne peuvent pas me guérir. Ils m’ont dit qu’ils avaient fait tout ce qu’ils pouvaient mais je continue à souffrir.56

Brigitte K., fragile jeune fille de quinze ans a dit à une chercheuse de Human Rights Watch qu’elle avait été violée en mai 2003:

Ma famille m’avait envoyée en ville chercher une hache. Sur le chemin du retour, j’ai rencontré un groupe de combattants de l’UPC à Mudzipela, près de la station Radio Candip.  L’un d’eux m’a emmenée de force dans une maison près de là. Les gens qui s’y trouvaient se sont enfuis dès qu’ils ont vu le soldat. Il a arraché mes vêtements et m’a violée. C’était la première fois que ça m’arrivait. Il m’a dit qu’il me tuerait si je criais. Je suis rentrée et j’ai tout raconté à ma mère. Elle m’a emmenée au camp militaire où j’ai reconnu l’homme qui m’avait violée mais il s’est enfui. L’officier a dit à ma mère qu’il lui donnerait de l’argent pour qu’elle puisse m’emmener à l’hôpital mais il ne l’a jamais fait. Depuis lors, je souffre de maux de tête et j’ai toujours mal à l’estomac.57

Le combattant identifié par la jeune fille n’a jamais été arrêté. Aucune enquête n’a été menée sur les allégations de viols commis par des combattants de l’UPC, que ce soit dans ce cas-ci ou dans d’autres affaires.

Le viol des hommes et des garçons

Il est fait état d’un nombre croissant de viols et autres violences sexuelles commis par des combattants sur des hommes ou des garçons, mais aucun chiffre n’est disponible. Certaines victimes ont cherché de l’aide auprès de centres d’assistance aux victimes de violence sexuelle tels que le programme médical géré par Médecins Sans Frontières à Baraka au Sud Kivu.58 Rares sont les victimes qui font un rapport détaillé des sévices qui leur ont été infligés. Charles B., de l’Ituri, a cependant raconté à une chercheuse de Human Rights Watch:

J’ai été intercepté à Bunia le 31 août 2002, avec mon père. Les troupes de l’UPC nous ont arrêtés car elles pensaient que nous étions contre elles en raison de notre origine ethnique. Je n’ai pas compris car je n’avais rien fait de mal mais j’ai passé un mois et dix jours en prison. La première fois que les soldats nous ont arrêtés, ils nous ont interrogés, parfois tous les deux jours. Nous étions nus face aux dirigeants de l’UPC parmi lesquels se trouvait Rafiki Saba [Chef de la sécurité de l’UPC]. J’étais terriblement choqué. Je n’avais jamais vu mon père nu. Dans notre culture, c’est mal. Ils nous ont tout d’abord agressés sexuellement…avant de nous violer.  Aujourd’hui encore il m’est difficile d’en parler. C’est trop horrible. Après les interrogatoires, ils nous ont enfermés dans des parties différentes de la prison et, à ce jour, je ne sais pas ce qu’il est advenu de mon père, j’ignore s’il est mort ou s’il vit toujours. Je suis traumatisé par ce qui m’est arrivé et j’ai énormément de problèmes de santé.59

Par la suite, les soldats de l’UPC ont emmené Charles B. et une vingtaine d’autres prisonniers dans une camionnette. Ils ont arrêté la camionnette à plusieurs reprises. Chaque fois, ils faisaient descendre plusieurs prisonniers qu’ils abattaient. La victime faisait partie du dernier groupe. Les autres prisonniers avec lui ont été tués mais lui a eu la vie sauve parce qu’il a été reconnu par un des exécuteurs.60

Vu l’augmentation du nombre de victimes masculines (adultes ou enfants), les ONG locales et les agences internationales vont devoir déterminer les modalités d’une prise en charge médicale, psychologique et juridique spécifique à leurs besoins.



[1] Dans le présent rapport, conformément à la Convention relative aux droits de l’enfant, les termes fille, garçon et enfant sont utilisés pour décrire une personne âgée de moins de dix-huit ans.

[2] Le terme “violence sexuelle” est utilisé dans le présent rapport pour désigner toutes les formes de violence à caractère sexuel telles que le viol, la tentative de viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, l’agression sexuelle et la menace sexuelle.

[3] IRIN, RDC: Focus on rampant rape, despite end of war, 8 mars 2004. Le rapport a révélé qu’il y avait eu environ 25.000 victimes dans la province du Sud Kivu, 11.350 dans la province du Maniema, 1.625 à Goma et 3.250 à Kalémie. 

Voir http://www.reliefweb.int/w/rwb.nsf/0/253bfc93b573d42885256e51006c20e4?OpenDocument (consulté le 4 juin 2004). D’autres rapports ont confirmé la gravité du problème dans des zones non traitées dans le présent document. Voir Initiative conjointe de lutte contre les violences sexuelles faites à la femme et à l’enfant (fille et garçon), Rapport de mission effectuée dans les villes de Kalémie, Bukavu et Goma du 5 au 18 août 2003, août 2003; Médecins Sans Frontières, Mass rape, looting widespread in southeast DR Congo, 12 septembre 2003; et le 14e Rapport du Secrétaire Général sur la Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo. S/2003/1098, 17 novembre 2003.

[4] Les combattants sont des membres de toute force armée prenant part à un conflit. Les membres des forces gouvernementales régulières sont des soldats. Dans le présent rapport, les membres du RCD-Goma, lequel était fortement organisé et opérait parfois sous le commandement de l’armée rwandaise, sont aussi décrits comme étant des soldats. Les membres des autres groupes armés sont qualifiés de combattants ou de rebelles. Pour les abus sexuels commis par l’armée rwandaise, voir Human Rights Watch, La Guerre dans la guerre Violence sexuelle contre les femmes et les filles dans l'est du Congo. (New York: Human Rights Watch), juin 2002.

[5] Alors que les groupes Maï Maï se trouvant sous le commandement de Padiri ont été intégrés dans la nouvelle armée nationale, d’autres groupes Maï Maï opèrent entièrement en dehors des FARDC.

[6] Entre 1999 et 2003, le gouvernement ougandais qui contrôlait l’Ituri a tenté d’en faire une province séparée et un gouverneur a été nommé. Cependant, l’Ituri n’a jamais été reconnue comme province.

[7] Rapport du Panel d’Experts sur l’exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République Démocratique du Congo. S/2003/1027, Octobre 2003. Rapport du Groupe d’Experts sur l’application de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de Sécurité en République Démocratique du Congo. S/2005/30, janvier 2005.

[8] Pour de plus amples détails, voir Human Rights Watch, La guerre dans la guerre Violence sexuelle contre les femmes et les filles dans l'est du Congo. (New York: Human Rights Watch), juin 2002.

[9] Human Rights Watch, Ituri: "Couvert de sang" Violence ciblée sur certaines ethnies dans le Nord-Est de la RDC, vol.15, No.11 (A), juillet 2003. 

[10] Statistiques de Cooperatione Italiano (COOPI), Bunia, fournies le 9 octobre 2004.

[11] Entretien de Human Rights Watch avec une représentante d’une ONG de femmes, Bunia, 10 octobre 2004.

[12] Les enlèvements perpétrés dans de tels buts constituent une forme de violence basée sur le genre, c’est-à-dire une violence qui se fonde sur le rôle (ou la perception du rôle) attribué à la victime dans la société en fonction de son sexe.

[13] Synergie pour l’Assistance Judiciaire aux Victimes des Violations des Droits Humains (SAJ), Rapport sur la situation des droits humains: cas de violences sexuelles identifiées de janvier à juin 2004 au Nord Kivu, juin 2004.

[14] Entretien de Human Rights Watch avec une représentante du Centre Olame, Bukavu, 14 octobre 2003, et entretien téléphonique, 6 octobre 2004.

[15] Entretien de Human Rights Watch avec un membre du personnel de l’hôpital de Panzi, Bukavu, 23 juillet 2004. Les femmes et les filles ont été soignées pour des maladies sexuellement transmissibles, notamment le VIH/SIDA et/ou ont subi des interventions chirurgicales.

[16] Médecins Sans Frontières, I have no joy, no peace of mind. Medical, psychological and socio-economic consequences of sexual violence in eastern Congo. (MSF Amsterdam: 2004).

[17] Tant les forces gouvernementales que les forces dissidentes ont commis des exactions à l’encontre des civils. Voir Human Rights Watch, Crimes de guerre à Bukavu, RDC, juin 2004.

[18] Human Rights Watch, Crimes de guerre à Bukavu, RDC, juin 2004.

[19] D’autres victimes ont déclaré avoir été agressées sexuellement par les FARDC; voir ci-après. Entretien de Human Rights Watch avec une représentante du Centre Olame, 21 juillet 2004. Informations complémentaires fournies par courriel par une représentante du Centre Olame, 21 octobre 2004.

[20] Entretien de Human Rights Watch avec un membre du personnel de l’hôpital de Panzi, Bukavu, 23 juillet 2004.

[21] Tous les noms de victimes et témoins apparaissant dans le présent rapport ne sont que des pseudonymes.

[22] Entretien de Human Rights Watch avec Léonie W.,  Goma, le 16 juillet 2004.

[23] Promotion et Appui aux Initiatives Féminines (PAIF), Rapport sur les violations des droits de l’homme à Katana, juin 2004.

[24] Entretien de Human Rights Watch avec une victime, Goma, 16 juillet 2004.

[25] Entretien de Human Rights Watch, Goma, juin 2004.

[26] Entretien de Human Rights Watch avec une victime, Goma, 16 juillet 2004.

[27] Entretien téléphonique avec le Général Nkunda, 9 juin 2004.

[28] Entretiens de Human Rights Watch avec Marianne L. et un membre du personnel d’une ONG locale, Bukavu, 15 et 16 octobre 2003.

[29] Entretien de Human Rights Watch avec Anne M., Bukavu, 15 octobre 2003.

[30] Entretiens de Human Rights Watch avec un membre du personnel de la MONUC et des ONG locales, octobre 2003. Certaines victimes ont ensuite été envoyées dans un centre pour enfants défavorisés où elles ont bénéficié d’une prise en charge psychosociale.

[31] Entretiens de Human Rights Watch, Goma, juillet 2004.

[32] Entretien de Human Rights Watch avec Marie T., Goma, 18 novembre 2003.

[33] Entretiens de Human Rights Watch, Bukavu, 20 et 21 juillet 2004.

[34] CEJA, RCD-ML et RCD-Goma, Attaques contre la population civile dans le territoire de Lubero. Rapport sur les abus des droits de l’homme commis par les troupes rebelles à Musienene en juin 2003, août 2003.

[35] Troisième Rapport Spécial du Secrétaire Général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo, Annexe 1, paragraphe 3. S/2004/650, 16 août 2004.

[36] Troisième Rapport Spécial du Secrétaire Général.

[37] Entretien de Human Rights Watch avec un membre du personnel de l’hôpital de Panzi, Bukavu, 16 octobre 2003.

[38] Notes d’entretien du Centre Olame fournies à Human Rights Watch, 17 novembre 2003 (traduction de Human Rights Watch).

[39] Entretien de Human Rights Watch avec Evelyne M., Kitshanga, 18 mars 2004.

[40] Entretien de Human Rights Watch avec Evelyne M., Kitshanga, 18 mars 2004.

[41] Statistiques de PAIF, fournies à Human Rights Watch.

[42] Entretien de Human Rights avec un représentant d’une ONG locale du Sud Kivu, Goma, 24 septembre 2004.

[43] Entretien de Human Rights Watch avec Sophie M., Bukavu, 16 octobre 2003.

[44] Entretien de Human Rights Watch avec Sophie M., Bukavu, 16 octobre 2003.

[45] Entretien de Human Rights Watch avec Sophie M., Bukavu, 16 octobre 2003.

[46] Entretien de Human Rights Watch avec Christine D., Kitshanga, 18 mars 2004.

[47] CEJA, RCD-ML et Mai Mai, Attaques contre la population civile dans le territoire de Lubero. Rapport sur les abus massifs des droits de l’homme par les troupes rebelles du RCD-ML et les combattants Mai-Mai à l’ouest de Butembo de juillet à septembre 2003, octobre 2003.

[48] Rencontre de groupe avec des ONG de défense des droits humains, Beni, 24 février 2004.

[49] Human Rights Watch, Couvert de sang, pp.45-46.

[50] Entretien de Human Rights Watch avec le représentant d’une ONG, Rethy, 4 mars 2004.

[51] Entretien de Human Rights Watch avec du personnel hospitalier, Rethy, 3 mars 2004.

[52] Entretien de Human Rights Watch avec le représentant d’une ONG, Rethy, 4 mars 2004

[53] Entretien de Human Rights Watch avec le Président du FNI, Floribert Njabu, Mongbwalu, 7 mai 2004

[54] Entretien de Human Rights Watch avec le Président du FNI, Floribert Njabu, Mongbwalu, 7 mai 2004.

[55] Statistiques fournies par Cooperatione Italiano (COOPI), Bunia, 9 octobre 2004.

[56] Entretien de Human Rights Watch avec Cécile W., Bunia, 10 octobre 2004.

[57] Entretien de Human Rights Watch avec Brigitte K., Bunia, 10 octobre 2004.

[58] Médecins Sans Frontières, I have no joy, no peace of mind. Medical, psychological and socio-economic consequences of sexual violence in eastern Congo (MSF Amsterdam: 2004).

[59] Entretien de Human Rights Watch avec Charles B., Europe, 24 juin 2004.

[60] Entretien de Human Rights Watch avec Charles B., Europe, 24 juin 2004. Autres cas dans: Médecins Sans Frontières, I have no joy, no peace of mind: Medical, psychological and socio-economic consequences of sexual violence in eastern Congo, MSF Amsterdam: 2004; Initiative conjointe de lutte contre les violences sexuelles faites à la femme et à l’enfant (fille et garçon), Rapport de mission.


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