Rapports de Human Rights Watch

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VII. Conclusion

Dix ans après le génocide rwandais, les horribles violences sexuelles qui ont brisé la vie de dizaines de milliers de femmes et de filles sont gardées à l'abri des regards, les auteurs de ces actes continuent de jouir de l'impunité et la souffrance des victimes n'est toujours pas reconnue. Les femmes et filles rwandaises qui ont subi des violences sexuelles en 1994 ou par la suite voient sans cesse se dresser des barrières au recours juridique et aux soins de santé pourtant nécessaires pour s'attaquer aux conséquences de ces exactions. Certains obstacles, comme le manque de preuves médicolégales, sont peut-être insurmontables pour les femmes violées pendant le génocide mais ils peuvent être vaincus dans le cas des futures victimes de violences sexuelles. D'autres obstacles au recours juridique trouvent plus aisément remède et ces remèdes rendront la désignation des responsables plus faciles pour les rescapées de viols passés et présents.

La priorité du gouvernement rwandais devrait être d'agir immédiatement pour mettre en œuvre les protections prévues aux termes de la Loi de 2004 relative au génocide pour les rescapées du génocide qui souhaitent témoigner à propos d'un viol devant les juges gacaca ou au bureau du procureur, et pour les victimes d'après 1994 qui souhaitent faire une déposition à la police. De telles mesures devraient inclure une formation intensive à l'intention des autorités afin que les victimes de viol se trouvent face à des interlocuteurs efficaces et bien informés. Le gouvernement devrait davantage veiller à ce que les professionnels de la médecine qui examinent les victimes de viol soient formés dans le domaine de la procédure médicolégale, et spécialement pour les enquêtes sur les violences sexuelles. Il devrait garantir la confidentialité aux victimes de viol, en ce qui concerne leurs conversations avec la police et d'autres autorités et leur témoignage lors du procès. Il est indispensable que le gouvernement adopte une loi sur les réparations pour indemniser les rescapés du génocide, notamment les victimes de viol, pour les atteintes aux droits humains qu'ils ont subies, garantissant leurs droits fondamentaux au meilleur état de santé susceptible d'être atteint et à un niveau de vie suffisant.


<<précédente  |  index  |  suivant>>septembre 2004