Africa - West

Previous PageTable Of ContentsNext Page

ETUDE DE CAS: SÉLOM S., TREIZE ANS

La mère de Sélom S. est décédée en 1988 et son père en 1994. Trois ans avant le décès de son père, Sélom a cessé de fréquenter l'école. Il a continué à vivre avec ses deux plus jeunes frères et son frère plus âgé qui est mécanicien.

Un jour, un homme plus âgé a demandé à Sélom s'il voulait aller au Nigeria. L'homme a dit que s'il allait avec lui, il lui apprendrait un métier et lui donnerait une bicyclette, une radio et des piles. Il a dit que si Sélom voulait, il pourrait vendre la bicyclette et la radio et ainsi payer pour l'école. Sélom a décidé de partir mais il n'a rien dit à son frère plus âgé. Il savait que s'il avait demandé la permission à son frère, celle-ci lui aurait été refusée.

L'homme a dit à Sélom de le rencontrer de nuit à Balanka, un village proche de la frontière avec le Bénin. Quand il est arrivé là-bas, Sélom a vu qu'il y avait aussi de nombreux autres garçons là-bas. L'homme a dit à tous les garçons de monter dans un camion et ils se sont dirigés vers la frontière entre le Togo et le Bénin. A la frontière, l'homme a ordonné aux garçons de sortir du camion et de passer par les buissons, à pied, un par un. Une fois de l'autre côté de la frontière, les garçons sont remontés dans le camion et ont poursuivi leur voyage pendant trois jours. Le camion était bien plein et il n'y avait pas assez de nourriture.

Quand il est arrivé au Nigeria, Sélom a été conduit au village d'Awo, proche de la ville d'Ibadan. Deux heures plus tard, il a été emmené dans une ferme et il a reçu l'ordre d'aller travailler dans les champs. L'homme qui l'a emmené a dit que s'il ne travaillait pas dur, il n'aurait pas à manger. Il a ajouté qu'il trouverait du travail à Sélom dans de nombreuses fermes différentes et que tout salaire paierait son voyage vers le Nigeria.

Sélom a travaillé au Nigeria pendant onze mois, défrichant des champs et plantant des pousses d'igname dans de petites buttes. Il travaillait de 5 heures du matin à 6 heures du soir chaque jour, dormant dehors dans des huttes de fortune. Parfois, il était contraint d'utiliser des machettes pour couper des branches d'arbres. Une fois, il s'est presque coupé le doigt et sa main a été complètement enflée pendant deux jours. Lorsqu'il a montré sa blessure à son patron, celui-ci a dit : « Ce n'est rien, tu es trop paresseux pour travailler. »

Après onze mois, le patron de Sélom lui a donné une bicyclette et lui a dit de rentrer avec chez lui, au Togo. Le patron lui a donné trois bols de gari et 6 000 CFA (U.S.$9) et lui a dit de partager avec cinq autres garçons. Sur le trajet entre le Nigeria et le Bénin, Sélom et les autres garçons ont dû payer des soldats 100-200 CFA (U.S.$0.15-$0.30) pour pouvoir passer. Parfois, ils étaient arrêtés par des bandits qui demandaient 500 CFA (U.S.$0.75) ou les forçaient à vendre leurs radios pour un faible prix. Ils ont dormi dans les champs ou les buissons et quand ils avaient faim, ils déracinaient du manioc dans les champs.

Après quatre jours, Sélom S. est arrivé au Togo. Maintenant, son frère s'occupe de lui et parfois, il aide son frère à réparer des voitures. Il ne peut pas se permettre d'aller à l'école. S'il trouve du travail dans un champ quelque part, il l'accepte.

Previous PageTable Of ContentsNext Page