Africa - West

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III. LE CONTEXTE : LES ACTEURS EXTERIEURS

Le processus de paix et l'Ituri

La seconde guerre du Congo a débuté en 1998 et a opposé le gouvernement de la RDC, soutenu par l'Angola, le Zimbabwe et la Namibie, à plusieurs mouvements rebelles appuyés par l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi. En 1999, les principales parties à la guerre ont signé les Accords de paix de Lusaka, qui ont eu pour effet le déploiement, en 2000, d'une force des Nations Unies, la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUC) pour observer les dispositions devant mettre un terme au conflit. Mais les accords n'ont pas été respectés et la RDC a été de fait divisée entre quatre régimes, chacun dépendant de troupes étrangères pour survivre. Après des négociations supplémentaires, le gouvernement de la RDC est parvenu à un accord sur de futures dispositions politiques avec deux des trois mouvements rebelles les plus importants, le MLC et le RCD-ML1. Connu sous le nom d'Accord de Sun City, cet accord a été signé en avril 2002, sans la signature du troisième mouvement rebelle d'importance, le RCD-Goma.

Après de nouvelles pressions internationales et des navettes diplomatiques, le gouvernement de la RDC a signé des accords bilatéraux avec le Rwanda (juillet 2002) et l'Ouganda (septembre 2002), préparant ainsi la voie aux retraits des troupes de ces deux pays. Les soldats rwandais sont partis en octobre et les troupes ougandaises ont commencé leur retrait peu de temps après, même si certaines sont restées2. Début 2003, l'Ouganda a brièvement augmenté le nombre de ses soldats en Ituri mais sous une pression internationale considérable, l'Ouganda a commencé le retrait final de ses troupes en mai. En avril 2003, le RCD-Goma a rejoint les autres parties de la RDC impliquées dans le conflit dans l'Accord global et inclusif sur le gouvernement de transition censé régler les dispositions politiques intérimaires.

En dépit des accords et des mouvements de troupes, la guerre en Ituri s'est intensifiée alors que les substituts locaux poursuivaient les combats des acteurs nationaux et internationaux.

Le RCD-ML et ses liens avec des groupes ethniques en Ituri

Les liens entre le RCD-ML et les groupes ethniques constituent l'un des fils du complexe écheveau politique en Ituri. Le RCD-ML est le résultat d'une scission avec le RCD originel en 1999 et il a déplacé sa base de Kisangani à Bunia. Mbusa Nyamwisi a cherché à chasser le premier président du RCD-ML, Wamba dia Wamba, de son poste. Au cours de leur affrontement d'un an en 2000, chacun a cherché un soutien auprès de groupes ethniques, Wemba s'appuyant sur les Lendu et Mbusa Nyemwisi, avec l'homme d'affaires hema, Tibasima Ateenye, puisant leur force auprès des Hema. Des milices à base ethnique, incorporées dans les forces du RCD-ML, soutenaient les candidats qu'elles avaient choisis, parfois par les armes. Mbusa Nyamwisi l'a emporté et Wemba a disparu de la scène. Nyamwisi, lui-même nande, a alors commencé à forger des liens avec les Lendu. Début 2002, il a nommé Jean-Pierre Molondo Lompondo, un étranger du Kasai, gouverneur de l'Ituri et lui a permis de prendre le contrôle des forces du RCD-ML, limitant ainsi le pouvoir de Thomas Lubanga, un éminent Hema membre du mouvement et nominalement son ministre de la défense. Alors que Nyamwisi dépendait davantage des Lendu, il s'est de plus en plus aliéné ses anciens soutiens parmi les Hema. En avril 2002, le garde du corps de Nyamwisi a été assassiné, crime largement attribué à Lubanga. Des accrochements se sont alors produits entre les troupes du RCD-ML, connues maintenant sous le nom de l'Armée Populaire du Congo (APC) qui soutenaient Nyamwisi et les combattants appuyant Lubanga. Lubanga et ses forces s'identifiant à l'Union des Patriotes Congolais (UPC) ont établi leur propre base à Mandro, à une vingtaine de kilomètres de Bunia et ont pris à l'APC le contrôle d'une partie de la ville de Bunia. Ce faisant, les deux côtés ont commis des abus contre la population civile.3

En avril 2002, Nyamwisi a participé aux négociations de Sun City, établissant des liens avec le gouvernement de la RDC qu'il pouvait utiliser pour renforcer sa base chez lui. Pendant son séjour à Sun City, l'UPC a fait circuler un document à Bunia dénonçant le fait que le RCD-ML soit prêt à traiter avec des étrangers. Avec le slogan « L'Ituri aux Ituriens », ils ont prôné une autonomie régionale.4

Dans les mois qui ont suivi, le gouverneur Molondo a intégré la milice lendu dans les forces du RCD-ML selon l'Accord de Sun City. La milice hema a accusé Molondo de favoriser les Lendu et est restée à l'écart de l'APC. En juin, les autorités ougandaises ont détenu Lubanga et huit de ses assistants alors qu'ils se trouvaient à Kampala, puis les ont livrés à Kinshasa où ils ont été assignés à résidence. Deux mois plus tard cependant, les autorités ougandaises ont changé de protégés et les troupes ougandaises ont rejoint l'UPC pour chasser le gouverneur Molondo et les forces de l'APC de Bunia. Peu de temps après, l'UPC a mis sur pied un gouvernement prétendant contrôler Bunia et le reste de l'Ituri.5

Manipulation par l'Ouganda de la situation politique locale

L'implication de l'Ouganda aux côtés du RCD-ML et d'autres groupes politiques en Ituri constitue un autre fil de cet écheveau politique complexe. Ce lien a parfois été prolongé par d'autres liens entre le RCD-ML et des groupes basés localement. Dans d'autres cas, les Ougandais ont coopéré directement avec les groupes basés localement, créant encore un nouveau fil dans cet écheveau d'implications politiques.

Pendant ses quatre années d'occupation du Nord-Est de la RDC, l'armée ougandaise - les Forces de Défense du Peuple Ougandais (UPDF) - a prétendu être « un faiseur de paix » dans une région déchirée par les dissensions ethniques. En réalité, l'armée ougandaise a provoqué une confusion politique et a créé de l'insécurité dans les zones sous son contrôle. De son implication initiale dans un conflit foncier entre les groupes ethniques hema et lendu en 1999 jusqu'à son opération conjointe avec les milices lendu et ngiti pour déloger les Hema de Bunia en mars 2003, l'armée ougandaise a plus souvent aggravé les hostilités ethniques et politiques qu'elle ne les a apaisées.6

Depuis 1999, le conflit initial entre les Hema et les Lendu a attiré d'autres groupes ethniques et a engendré la création d'un nombre croissant de milices à base ethnique. L'Ouganda a fourni son assistance à nombre de ces groupes, les aidant souvent à se lancer, s'armer et se former mais son soutien a été irrégulier et déterminé par ses propres intérêts.7 Un politicien local qui a discuté des affaires politiques de l'Ituri avec les autorités ougandaises, fin 2002, a affirmé aux chercheurs de Human Rights Watch : « Il était clair pour moi que l'Ouganda voulait placer un pion en Ituri. Quand ce pion n'a pas fonctionné, ils ont été contents de le remplacer par un autre... Si l'Ouganda continue de jouer à de tels jeux, il n'y aura jamais de paix en Ituri. »8

La liste ci-dessous résume certains des moyens par lesquels l'Ouganda est intervenu dans la politique de l'Ituri.9

· Dix groupes politiques armés opèrent actuellement en Ituri (voir l'encadré ci-dessous). Depuis 1998, la plupart de ces groupes ont, à un moment ou à un autre, été armés, formés ou soutenus politiquement par les autorités ougandaises. Pour certains, ce soutien a été seulement de courte durée alors que pour d'autres, il s'est prolongé.10 L'Ouganda a joué un rôle majeur dans le lancement ou le soutien d'au moins cinq de ces groupes.11

· Au niveau politique, les Ougandais ont ordonné d'importants changements dans les mouvements rebelles basés à Bunia, y compris le remplacement de Wamba dia Wamba à la tête du RCD-ML par Mbusa Nyamwisi ; le soutien à la création de deux coalitions, le Front pour la Libération du Congo (FLC) qui regroupe des mouvements rebelles au niveau national et le Front pour l'Intégration et la Paix en Ituri (FIPI) qui regroupe des groupes rebelles locaux de Lendu, Alur et d'Hema insatisfaits ; le départ du RCD-ML et l'aide apportée pour son remplacement par l'UPC, à Bunia, en août 2002. Ces changements ont été ordonnés depuis Kampala et soutenus par les forces ougandaises en Ituri.

· L'Ouganda est intervenu dans l'administration locale en établissant une nouvelle province, Kibali-Ituri en 1999, en nommant son premier gouverneur et en jouant un rôle majeur dans le changement de quatre des six gouverneurs depuis. Trois gouverneurs ont été directement démis de leurs fonctions par les Ougandais, leur armée fournissant la force nécessaire dans deux de ces cas.12 Un gouverneur a été contraint de partir après l'échec de la coalition FLC, soutenue par l'Ouganda et un autre gouverneur n'a jamais été accepté par la population locale et s'est trouvé dans l'incapacité de remplir ses fonctions.13 Entre janvier et mai 2001, le Colonel Edison Muzoora de l'armée ougandaise a dans les faits agi comme un gouverneur, période au cours de laquelle la violence inter-ethnique a considérablement augmenté.14

· Sur les sept commandants ougandais en charge des forces ougandaises en Ituri, quatre ont été accusés par des acteurs locaux et par d'autres groupes indépendants de favoriser les Hema au détriment des Lendu.15 La Commission Porter organisée par le gouvernement ougandais a également reconnu qu'elle avait reçu des preuves selon lesquelles quatre officiers supérieurs de l'armée ougandaise (dont deux étaient également accusés par des groupes locaux) avaient, d'une façon ou d'une autre, été fortement soupçonnés d'implication dans le conflit entre les Hema et les Lendu.16 Un autre commandant a été démis de ses fonctions après avoir soi-disant tenté de stopper l'exploitation par l'Ouganda des ressources de la RDC.17

· Les autorités ougandaises ont souvent géré et présidé des négociations politiques sur l'Ituri. Entre 1999 et février 2003, les responsables de l'Ituri se sont rendus plus de quinze fois à Kampala pour des négociations politiques et ont fréquemment rencontré soit le Président Museveni, soit son frère, Salim Saleh.

Le fait que l'Ouganda se soit mêlé de la politique en Ituri a stimulé la formation de nouveaux partis politiques et de milices et la plupart l'ont été selon des lignes de partage ethniques, contribuant à la montée d'un extrémisme à base ethnique.

A de nombreuses occasions depuis leur arrivée en Ituri en 1998, les forces ougandaises ont échoué à protéger les civils dans les zones sous leur contrôle, le plus gravement à Bunia le 19 janvier 2001 et entre le 6 et le 10 août 2002 lorsque des tueries ethniques se sont produites à un kilomètre du vaste camp militaire ougandais à l'aéroport. Dans certains cas, cependant, les soldats ougandais ont effectivement protégé des civils. Lors des attaques de début août à Bunia par exemple, deux soldats ougandais seraient morts en protégeant des Hema à Lengabo. Dans un autre cas à Mabanga, le 28 août 2002, les troupes ougandaises ont offert un refuge à des centaines de Lendu et à d'autres pour les protéger contre une attaque hema. Puis le lendemain, ces troupes ont escorté ces personnes vers un lieu sûr, au-delà des miliciens hema hostiles et des corps de leurs parents et amis.

La réponse du gouvernement ougandais
Le 15 avril 2003, le brigadier ougandais Kale Kayihura, s'adressant à la Commission de Pacification en Ituri au nom du Président Museveni, se serait écarté du texte qu'il avait préparé pour demander aux délégués d'excuser les atrocités commises par les troupes ougandaises en Ituri.18 Si tel était le cas, ceci représenterait une reconnaissance inhabituelle, par les autorités militaires ougandaises, des actes répréhensibles commis, autorités qui ont plus fréquemment prétendu avoir agi en artisans de paix et avoir même peut-être évité un génocide. Comme l'a dit le brigadier Kayihura à des journalistes : « Il y a des indicateurs d'un possible génocide si l'UPDF quitte la région sans une force effective de maintien de la paix et une administration. Les tueries sauvages à Drodro sont un rappel à la communauté internationale qu'elle doit stopper le génocide avant qu'il n'atteigne des proportions alarmantes. »19 Le Président Museveni aurait dénigré la MONUC et sa capacité à traiter la menace, en disant que « La MONUC, c'est juste un groupe de touristes. »20

Les autorités ougandaises ont prétendu dans la presse que les Nations Unies leur avaient demandé de rester en Ituri bien que les Nations Unies n'aient jamais explicitement formulé une telle requête. Les porte-parole ougandais se sont appuyés sur un rapport de septembre 2002 par le Secrétaire Général des Nations Unies dans lequel il appelait l'armée ougandaise à exercer ses responsabilités en matière de sécurité « de façon impartiale »21 ainsi que sur des déclarations similaires des Nations Unies rappelant à l'Ouganda sa responsabilité de protection des civils en Ituri. Initialement, ni le Secrétaire Général, ni le Conseil de Sécurité n'ont réfuté ces assertions mais ils l'auraient fait par des voies diplomatiques plusieurs mois plus tard.22

Fin avril 2003, le Brigadier Kayihura a également prétendu que les troupes ougandaises étaient nécessaires pour « garantir le processus de la Commission de Pacification en Ituri » ainsi que pour protéger l'Ouganda contre le groupe ougandais dissident de l'Armée de Rédemption du Peuple (ARP) et contre des voleurs de troupeaux armés.23 Lorsque l'Ouganda a envoyé des troupes en Ituri pour la première fois, les autorités ont prétendu qu'elles étaient là-bas pour protéger l'Ouganda contre le groupe rebelle ougandais des Forces Alliées Démocratiques (ADF).

Les forces ougandaises ont ignoré plusieurs dates fixant leur départ d'Ituri mais ont finalement achevé leur retrait de Bunia, le 6 mai 2003 et ont continué à se retirer d'autres zones en Ituri, affirmant avoir achevé leur retrait total début juin. Le Ministre des affaires étrangères, James Wapakhabulo a écarté la responsabilité de l'Ouganda dans « toute situation horrible comme des massacres » qui pourrait se produire après le retrait ougandais.24 Il a été rapporté que le gouvernement de la RDC était disposé à permettre à un bataillon de l'armée ougandaise de rester sur les pentes des montagnes Ruwenzori, même si le lieu exact et la durée d'une telle mesure n'ont pas été précisés. Wapakhabulo aurait également mis en garde contre le fait que le retrait de l'armée ougandaise « n'ôterait pas le droit inhérent à l'autodéfense » et que l'Ouganda serait préparé à « réaliser de petites incursions militaires » en Ituri, si nécessaire.25

Lorsque les troupes ougandaises sont arrivées en Ouganda, elles ont été accueillies par le Ministre de la défense, Amama Mbabazi qui les a félicitées et a qualifié leur mission en RDC de « succès total ». Le Brigadier Kayihura rentrant avec ses troupes de Bunia a déclaré : « On rentre chez nous la tête haute parce qu'on a fait la fierté de l'Ouganda ».26

Le rôle du gouvernement de la RDC en Ituri

Jusqu'en avril 2002, le gouvernement de Kinshasa a joué un rôle mineur en Ituri mais avec l'Accord de Sun City, il a cherché à avoir plus d'influence dans des zones du Nord-Est du Congo, nominalement sous contrôle du RCD-ML mais de fait occupées par l'armée ougandaise. Se concentrant d'abord sur la reprise du contrôle des ressources et sur le renforcement des forces militaires de son allié, le RCD-ML, le gouvernement de la RDC a par ailleurs manqué de stratégie cohérente pour gouverner efficacement le Nord-Est. Contrairement à l'Ouganda qui a manipulé plusieurs liens politiques locaux simultanément, le gouvernement de la RDC a travaillé essentiellement avec le RCD-ML et à travers lui, avec les Lendu, les Ngiti et d'autres groupes ethniques. Ces liens ont terni la crédibilité du gouvernement de la RDC auprès des groupes ethniques hema et d'autres qui leur étaient alliés et a quasiment empêché le gouvernement national de servir de force neutre en Ituri.

Peu de temps après la signature de l'Accord de Sun City, les autorités de la RDC ont repris le contrôle des ressources de l'Ituri en signant une licence exclusive d'exploration pétrolière avec la compagnie canado-britannique Heritage Oil Company pour la zone située sur le côté RDC de la vallée Semliki.27 L'accord a rapporté de l'argent liquide et a établi un important précédent pour les marchés futurs sur l'exploitation des ressources mais n'a rien fait pour augmenter l'autorité des responsables de la RDC sur la zone. La branche militaire du RCD-ML, l'APC, n'avait pas de contrôle sur la plupart de la zone où la licence d'exploration pétrolière avait été accordée et son contrôle s'amenuisait ailleurs. Mbusa Nyamwisi lui-même s'est trouvé dans l'incapacité de rentrer à Bunia après la signature de l'Accord de Sun City et a été dans l'obligation de déplacer sa base vers sa ville natale, Beni.

Assistance militaire au RCD-ML et à d'autres groupes armés
Face au pouvoir grandissant de l'UPC, le gouvernement de la RDC a cherché à renforcer l'APC et à l'intégrer plus efficacement dans l'armée du gouvernement de la RDC, les Forces Armées Congolaises (FAC). Kinshasa a fourni à l'APC des uniformes, des munitions et des formateurs issus des FAC. Dans plusieurs camps comme dans celui de Nyaleke, les soldats FAC ont entraîné des forces locales, y compris l'APC, les milices lendu et ngiti et des Mai-Mai, des groupes de combattants locaux appartenant à divers groupes ethniques unis dans leur objectif d'expulser les étrangers. Selon des sources locales, environ deux bataillons des FAC sont arrivés dans la zone de Beni pour soutenir l'APC.

En février 2003, un témoin a décrit la formation à des chercheurs de Human Rights Watch :

      Il y a une alliance entre l'APC et les Ngiti. Ils cherchent des moyens pour intégrer plus de combattants dans l'armée. Il y a un centre de formation à Nyaleke où les FAC forment les APC, les Mai Mai, les Ngiti et les Lendu. Certains des combattants sont jeunes même s'il y a un accord disant que seuls peuvent être formés les gens ayant 18 ans ou plus. Dans le camp de formation de Nyaleke, un commandant FAC appelé Colonel Aguru est responsable de la formation. Actuellement, il y a plus de cinquante combattants ngiti et lendu en cours de formation dans le camp. A Mangangu, il y a un camp juste pour les Mai Mai parce qu'ils ont des exigences différentes de celles des soldats APC.

      Début février, un accord a été conclu entre les responsables ngiti et le colonel Aguru disant que les combattants lendu et ngiti n'auraient pas à venir à Beni pour leur formation mais qu'ils pourraient être formés localement, dans leur village même. Ils en ont été très heureux.28

Mbusa Nyamwisi a admis que ses troupes APC recevaient un soutien des FAC mais il a nié toute alliance avec les Ngiti et les Lendu. Comme il l'a dit aux chercheurs de Human Rights Watch : « Les Ngiti et les Lendu nous voient comme des alliés potentiels mais je mets un frein à cette alliance. »29 Les responsables lendu du Front Nationaliste et Intégratif (FNI) et les responsables ngiti de la Force de Résistance Patriotique d'Ituri (FRPI) ont cependant affirmé qu'une telle alliance existait bel et bien.30

La formation et le soutien à l'APC et à d'autres ont produit des résultats. Lorsque le MLC a attaqué les positions ANC dans Mambasa en octobre, novembre, décembre 2002, les troupes de Mbusa Nyamwisi avec les Mai-Mai ont usé d'armes lourdes pour la première fois et ont stoppé l'avance MLC près de Teturi et Eregenti. Des sources locales ont affirmé que ces nouvelles armes avaient été livrées par les FAC.31

Prêts à agir par l'intermédiaire de leurs mandataires locaux, les autorités de la RDC ont décliné un affrontement ouvert avec l'Ouganda. A la place, le gouvernement de la RDC a accepté un retrait progressif des forces ougandaises et une période de contrôle conjoint sur la zone frontalière, insistant sur la responsabilité ougandaise d'aider à restaurer l'ordre dans la zone. « L'Ouganda a contrôlé cette partie de notre territoire pendant les quatre dernières années, il a donc le devoir de réparer les dégâts qu'il a causés, » a avancé Kamerhe, le Commissaire Général du Congo pour la paix.32

Sans plan cohérent pour étendre son autorité dans le Nord-Est et avec peu d'informations exactes sur les réalités locales, le gouvernement de la RDC s'est engagé dans plusieurs interventions ad hoc allant de la déclaration symbolique qu'il paierait les salaires des employés du secteur public dans les zones RCD-ML à l'organisation à Kinshasa d'une prometteuse conférence sur la paix et la réconciliation pour résoudre la crise en Ituri. A la tête de l'initiative de paix se trouvait Ntumba Luaba, Ministre de la RDC pour les droits humains qui s'est rendu à Bunia un certain nombre de fois pour persuader des acteurs influents de se joindre aux discussions à Kinshasa.33

Prise en otage du Ministre RDC des droits humains
En août 2002, les négociations de paix sont devenues encore plus pressantes avec les tueries de Bunia (voir plus bas). Espérant gagner la coopération de l'UPC maintenant devenue essentielle à la fin du conflit, le Ministre RDC des droits humains, Luaba, s'est rendu à Bunia le 26 août avec Lubanga, encore nominalement assigné à résidence. Peu de temps avant que la délégation ne quitte Bunia, Lubanga a persuadé le Ministre de rendre visite à des Hema blessés au cours de récents combats. Le Ministre a accepté et a appris trop tard qu'il s'agissait là d'une ruse pour le prendre lui et les autres en otages afin de les échanger ensuite contre Lubanga et d'autres personnes encore à Kinshasa.

Un témoin a raconté :

      Fortement encadrée par la milice UPC hema, la délégation a été conduite à la maison du chef local, Kahwa Mandro. A leur arrivée, le chef Kahwa a informé les membres de la délégation qu'ils étaient maintenant tous ses otages. La MONUC a rapidement été informée de la situation et est devenue l'intermédiaire entre le chef Kahwa et le gouvernement RDC. Les exigences étaient claires : le gouvernement de Kinshasa devait libérer neuf personnes34 emmenées par les Ougandais à Kinshasa en échange du retour du Ministre des droits humains et de sa délégation.35

Les négociations se sont poursuivies pendant trois jours alors que les otages étaient gardés à Mandro. Le 27 août 2002, l'ancien gouverneur de l'Ituri, Adele Lotsove Mugisa est arrivée à Mandro et elle aurait déclaré qu'elle avait été envoyée par Salim Saleh pour libérer les otages.36 Deux jours plus tard, les otages ont eu l'autorisation de rentrer en avion à Kinshasa et les membres de l'UPC détenus à Kinshasa ont également été libérés.

Le Chef Kahwa a affirmé aux chercheurs de Human Rights Watch :

      J'ai pris le Ministre des droits humains en otage parce que je voulais trouver un moyen de libérer Lubanga. Je les ai tous pris et après on a négocié la libération de nos amis. J'ai tout planifié moi-même et ça a très bien marché. Lubanga et les autres ont été libérés.37

Peu de temps après le départ de l'avion, l'UPC a établi un gouvernement qui prétendait contrôler Bunia et le reste de l'Ituri. Les participants à la prise d'otages assumaient des postes clefs dans le nouveau gouvernement : Thomas Lubanga est devenu président, Adele Lotsove Mugisa, critiquée pour avoir incité à la violence ethnique lorsqu'elle occupait les fonctions de premier gouverneur d'Ituri, est devenue Ministre des finances, Bosco Taganda est devenu Ministre adjoint à la défense, le Chef Kahwa a été nommé Conseiller du Président et Rafiki Saba Aimable, Chef des services de sécurité.

Ni le nouveau gouvernement UPC, ni Kinshasa n'ont enquêté sur la prise d'otages ou n'ont engagé des poursuites en lien avec le cas. Le succès de l'UPC pour faire libérer ses membres a montré sa force et la faiblesse correspondante du gouvernement de Kinshasa, handicapé par le faible nombre de ses protégés locaux et par son éloignement de l'action. L'incident aurait renforcé la détermination du gouvernement de la RDC à contrer l'UPC et aurait peut-être contribué à un soutien accru apporté aux groupes lendu et ngiti via le RCD-ML.38

Implication du RCD-Goma et du gouvernement rwandais en Ituri

L'UPC dépendait fortement de l'aide ougandaise pour emporter le contrôle de Bunia en août 2002 comme décrit plus bas mais il a apparemment commencé simultanément à cultiver des liens avec le RCD-Goma, soutenu par le Rwanda et avec le Rwanda même. Vers la fin de l'année, l'UPC a finalement basculé d'une dépendance par rapport à l'Ouganda à une dépendance par rapport au RCD-Goma. Le changement a été marqué par l'accord du 6 janvier 2003 dans lequel le mouvement soutenu par le Rwanda a accepté de fournir un soutien militaire et politique à l'UPC.39 L'accord qui engageait le partenaire local du Rwanda à aider le groupe hema, fut l'indication la plus claire et la plus publique jusqu'alors de l'implication du Rwanda en Ituri, implication qui selon des sources locales était allée en augmentant tout au long de l'année 2002.40

L'implication du Rwanda en Ituri, soit directement, soit par le biais du RCD-Goma, a accru la complexité du conflit ainsi que les risques de le voir se poursuivre et s'étendre. Le Rwanda et l'Ouganda, ennemis depuis trois ans, se sont mutuellement accusés de préparer des attaques dans l'Est de la RDC. Le gouvernement ougandais a accusé le Rwanda de soutenir des groupes armés lui étant hostiles, y compris l'Armée de Résistance du Seigneur (ARS) et de former d'autres dissidents, comme l'Armée de Rédemption du Peuple (ARP). Le gouvernement rwandais a de son côté affirmé que l'Ouganda aidait les rebelles rwandais et la milice Interahamwe impliqués dans le génocide de 1994, assistance perçue comme « une menace directe sur la sécurité » du Rwanda.41

En plus de la poursuite de leur conflit avec l'Ouganda, les autorités rwandaises cherchent peut-être aussi un rôle en Ituri pour contrer le déploiement des forces FAC et la possible poussée d'influence de la RDC dans la zone, pour obtenir une part des riches ressources de la région et pour soutenir les Hema perçus comme un groupe ethnique apparenté aux Tutsi et comme une minorité menacée.42

Le Chef hema Kahwa Mandro a apparemment été le premier acteur local à solliciter l'assistance du Rwanda. Il a affirmé aux chercheurs de Human Rights Watch qu'il avait demandé l'aide du Rwanda en juin 2002 et discuté de sa requête avec le Général James Kabarebe de l'état-major général rwandais.43 Son groupe a ensuite reçu des armes, des munitions et une formation du Rwanda. Le Chef Kahwa aurait apporté son aide pour mettre en contact d'autres membres UPC avec Kigali bien qu'il se soit lui-même finalement brouillé avec l'UPC et qu'il ait réaffirmé sa fidélité à l'Ouganda, son soutien premier.44

De nombreux témoins ont rapporté que le Rwanda avait aidé l'UPC par des conseils, des formations et la fourniture de munitions.45 Quelques uns ont même prétendu avoir vu des Rwandais se battre aux côtés des forces UPC (voir plus bas). Nombre de ces rapports proviennent directement ou indirectement du RCD-ML ou de sources ougandaises et doivent être traités avec réserve. D'autres cependant proviennent de témoins locaux apparemment sans liens avec des groupes anti-hema ou anti-Rwandais.

Mbusa Nyamwisi a, par exemple, prétendu que Kigali livrait des armes, des munitions et même des soldats rwandais sur les pistes d'atterrissage d'Irumu, Mongbwalu et Bunia.46 Un membre haut placé de son personnel militaire a affirmé aux chercheurs de Human Rights Watch qu'au cours de la première semaine de février 2003, un Antonov 26 avait atterri à Irumu avec des armes et des hommes en provenance de Kigali.47 Les soldats ougandais prétendent disposer de données de vols, enregistrées par radar, montrant des avions comme l'Antonov 26 quittant Kigali et se rendant vers des pistes d'atterrissage en Ituri.48

La MONUC a transmis des informations similaires à son siège à Kinshasa, dont certaines obtenues de sources militaires ougandaises. Le 18 septembre 2002, l'équipe de la MONUC à Bunia a rapporté à Kinshasa que « le 16 septembre 2002 à 18h10, un avion du Rwanda a largué des armes, des munitions et des uniformes à Mandro. On voit maintenant l'UPC porter de nouveaux uniformes de camouflage et de nouvelles armes. » Le 7 octobre 2002, la MONUC a rapporté que « le major de l'armée ougandaise, David Muhoozi affirme que l'APR49 est à Bunia et est attendue au camp d'entraînement de Mandro. Les soldats sont en nombre réduit et sont en civil. » Un jour plus tard, les forces de la MONUC à Bunia ont de nouveau affirmé à Kinshasa que « [l'armée ougandaise] confirme que les soldats APR à Bunia sont d'anciens APR/Banyamulenge et qu'ils sont instructeurs à Mandro. [Chef] Kahwa (UPC) s'est également rendu au Rwanda pour chercher un soutien. »50

Un témoin civil, qui n'était lié ni au RCD-ML, ni aux Ougandais a vu arriver des Rwandais sur une piste d'atterrissage près de Mahagi, dans le Nord de l'Ituri, début 2003. Il a raconté aux chercheurs de Human Rights Watch :

      J'étais à la piste d'atterrissage avec un ancien militaire ougandais maintenant à la retraite qui avait autrefois formé des Rwandais lorsqu'ils étaient encore en Ouganda, il y a longtemps. Les Rwandais ont reconnu le vieil homme et se sont approchés pour le saluer alors que j'étais là-bas. Il leur a demandé ce qu'ils faisaient et ils ont dit qu'ils étaient là pour former l'UPC.51

Un autre témoin à Kigali a affirmé avoir vu Lubanga et une délégation d'officiels UPC de haut rang, comprenant Jean-Baptiste Dhetchuvi, Richard Lonema, le Commandant Kisembo et Rafiki Saba Aimable arriver dans la capitale rwandaise le 30 décembre 2002. Le témoin a déclaré :

      Après une réunion à Gbadolite où Lubanga s'est vu refuser une place dans les négociations avec le MLC, le RCD-N et le RCD-ML, la délégation UPC a pris place dans un Antonov 26 et est allée directement à Kigali. A Kigali, les officiels de l'UPC ont affirmé qu'ils avaient rencontré James Kabarebe et le Président Kagame. Ils ont passé une nuit à Kigali puis la délégation dans son ensemble est retournée à Bunia à l'exception du Ministre des affaires étrangères, Jean-Baptiste Dhetchuvi qui est resté sur place pour régler des détails supplémentaires avec Kigali. Il devait ensuite se rendre à Goma pour rédiger le nouvel accord. Avant leur retour [à Bunia], j'ai vu l'avion embarquer environ cinq tonnes de munitions et d'armes.52

Le Ministre UPC des affaires étrangères, Dhetchuvi, ancien professeur de biologie à l'Université nationale du Rwanda a apparemment négocié le 6 janvier 2003 un accord entre le RCD-Goma et l'UPC à Goma juste au moment où les Ougandais organisaient des discussions avec tous les groupes armés à Arua. Un moins plus tard, le Président Onasumba du RCD-Goma s'est rendu à Bunia pour consolider la nouvelle relation.53

Gain économique

L'Ituri est l'une des régions les plus riches du Congo avec des réserves d'or, de diamants, de coltan, de bois et de pétrole. Les gouvernements étrangers, leurs soldats et de nombreux autres acteurs qui leur sont liés de façon officieuse ainsi que le gouvernement de la RDC lui-même veulent profiter de ces ressources nombreuses et à forte valeur, dans cette région, y compris le commerce transfrontalier et les revenus des douanes. Un certain nombre de rapports indépendants dont ceux produits par le Groupe d'experts des Nations Unies et ceux d'organisations internationales non-gouvernementales ont recueilli des informations sur le lien entre le conflit en RDC et l'exploitation des ressources naturelles. Dans le cas de Mongbwalu décrit plus bas, les récits des témoins ont montré à quelle vitesse les forces victorieuses au combat se sont lancées dans l'exploitation des ressources locales, dans ce cas précis, l'or.

Les statistiques commerciales montrent combien l'Ouganda a profité des richesses de la RDC. Les exportations d'or de l'Ouganda ont plus que doublé après que les troupes eurent franchi la frontière avec la RDC alors qu'il n'y a pas eu d'augmentation dans les capacités de production nationales.54 Cet accroissement a coïncidé avec un fort déploiement de troupes ougandaises dans les zones minières de l'Ituri comme aux abords de Kilo Mito, décrit comme l'une des mines d'or les plus productives du Congo. Le bilan des exportations de diamants est encore plus clair. Aucune exportation ne diamants n'a été enregistrée pour l'Ouganda dans la décennie avant l'arrivée des troupes ougandaises en RDC. Puis de 1997 à 2000, les exportations de diamants sont brusquement passées de 2 000 à 11 000 carats. En 2001, des diamants pour une valeur totale estimée à $3,8 millions ont été exportés.55

Le rapport final du Groupe des experts des Nations Unies sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesse en RDC, publié en octobre 2002 conclut qu'un réseau d'élite de soldats ougandais, d'officiels et de politiciens, de rebelles locaux et d'entreprises internationales ont pillé le Congo pour leur propre bénéfice et pour financer la guerre.56 Selon ce panel, ce réseau comprenait des hommes d'affaires hema comme la famille Savo en Ituri. Le frère de Museveni, Salim Saleh et l'ancien Major de l'armée ougandaise, le Général James Kazini ont été identifiés comme étant les responsables du réseau, utilisant l'armée ougandaise et diverses milices rebelles comme leur force d'exécution personnelle à des fins commerciales.57

Le Panel a déclaré que le conflit Hema-Lendu avait en partie pour origine les tentatives par les Ougandais et par de puissants hommes d'affaires et politiciens hema d'augmenter leur profit à partir d'activités commerciales.58 Les Hema, d'après le Panel, remplissent un rôle important dans les opérations de ces entreprises criminelles en transportant les produits premiers d'Ituri de l'autre côté de la frontière en Ouganda, sous la protection des troupes ougandaises et en rapportant de l'essence, des cigarettes et des armes, sans taxes. Insatisfaits de la portion relativement limitée du commerce qui leur était réservée, de nombreux Hema ont rejoint l'UPC sous Lubanga dans une tentative pour se garantir des profits plus importants.59

La Commission Porter établie par le gouvernement ougandais le 23 mai 2001 afin d'examiner les allégations sur l'implication de l'Ouganda dans une exploitation illégale des ressources congolaises a produit son rapport final en novembre 2002, bien que ce dernier n'ait été rendu disponible que récemment. Le rapport a disculpé le gouvernement ougandais et son armée de toute implication officielle dans une telle exploitation.60 La Commission a cependant soutenu les conclusions du Panel des Nations Unies relatives à des officiers de haut rang de l'armée ougandaise, qui selon la Commission, « avaient menti pour se protéger. » Le rapport a également affirmé que « des officiers de très haut rang et des hommes de l'armée ougandaise s'étaient conduits de façon inappropriée en RDC. »61 Le rapport montre particulièrement du doigt le Général Kazini pour avoir « déshonoré le nom de l'Ouganda62 » et recommande des mesures disciplinaires à son encontre. La Commission a fermement recommandé une enquête supplémentaire sur le trafic des diamants, affirmant qu'il existait un lien entre des membres haut placés de l'armée ougandaise, des trafiquants de diamants connus et une entreprise ougandaise.63

Les autorités rwandaises auraient également espéré profiter de l'or de l'Ituri. L'UPC de Lubanga aurait été prêt à aider le Rwanda à obtenir une part de l'or extrait de Mongbwalu mais s'est trouvé dans l'incapacité de le faire lorsque ce groupe a perdu le pouvoir à Bunia.64

La découverte de pétrole dans la vallée Semliki, une zone qui enjambe la frontière entre l'Ouganda et l'Ituri, est une garantie que la compétition au sujet de l'Ituri va augmenter. Heritage Oil à qui le gouvernement de la RDC a concédé les droits d'exploration en Ituri a procédé à des forages tests sur le côté ougandais de la frontière. Le 31 mars 2003, la compagnie a annoncé qu'elle avait trouvé du pétrole en Ouganda et a déclaré que la zone avait le potentiel pour devenir un nouveau basin pétrolier d'importance mondiale.65 Le directeur ougandais d'Heritage Oil envisageait de débuter les activités du côté congolais de la frontière en mars 2003, projetant qu'il faudrait 5 ans et $US15 à $US20 millions d'investissements pour dégager un profit.66 En plus de son contrat avec le gouvernement de la RDC, Heritage Oil maintient des liens étroits avec les autorités ougandaises.67 En 2002, des agents de la compagnie ont commencé à prendre contact avec des chefs locaux en Ituri, dont plusieurs à Burasi ainsi qu'avec le Chef Kahwa de Mandro.68 Chef Kahwa a déclaré : « J'ai été contacté par les Canadiens de la compagnie pétrolière qui sont venus me voir. Je leur ai dit qu'ils ne pourraient commencer à travailler en Ituri que quand j'aurais pris Bunia à l'UPC. »69

La déclaration de Kahwa impliquant que les droits sur le pétrole pouvaient être échangés contre le soutien nécessaire pour emporter Bunia suggèrent de nombreux risques si des acteurs locaux ambitieux commencent à solliciter et à recevoir un soutien de la part d'un autre groupe encore d'acteurs extérieurs, les puissantes entreprises internationales. Des observateurs locaux et internationaux craignent les conséquences si l'une des industries d'extraction à plus forte proportion de capitaux au monde arrive dans l'une des zones de conflit les plus complexes du monde. Comme l'a affirmé le Ministre des affaires étrangères Dhetchuvi : « En Ituri, on est dans une guerre du pétrole. »70

1 Initialement connu sous le nom de RCD-Kisangani, le nom a été changé en RCD-ML après le déplacement vers Bunia. Ce mouvement est parfois désigné par le sigle RCD-K-ML pour traduire ses origines premières.

2 Selon les Accords de Luanda, l'Ouganda a promis de retirer immédiatement ses troupes de Gbadolite et Beni mais a décidé de laisser des soldats à Bunia jusqu'à l'établissement d'une administration civile là-bas.

3 Human Rights Watch, , "Chaos in Eastern Congo : UN Action Needed Now," Briefing Paper, octobre 2002.

4 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, février 2003.

5 Human Rights Watch, "Chaos in Eastern Congo: UN Action Needed Now."

6 Human Rights Watch, Short Report, L'Ouganda dans l'est de la RDC : une présence qui attise les conflits politiques et ethniques, mars 2001

7 Ibid. Voir aussi Réseau Régional Intégré d'Information des Nations Unies (IRIN), Special on Ituri, décembre 2002.

8 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, février 2003.

9 Entretiens conduits par Human Rights Watch, Bunia, Beni et Kampala, février 2003 ; Human Rights Watch, L'Ouganda dans l'est de la RDC : une présence qui attise les conflits politiques et ethniques, mars 2001 et chronologie IRIN sur l'Ituri, décembre 2002.

10 Ibid.

11 RCD-ML, MLC, RCD-N et le regroupement FIPI de trois groupes à base ethnique. Pour le soutien apporté au RCD-ML, au MLC et au RCD-N, voir Human Rights Watch, A Short Report, L'Ouganda dans l'est de la RDC : une présence qui attise les conflits politiques et ethniques, mars 2001. Pour le soutien à l'UPC et au FIPI, voir les chapitres suivants de ce rapport.

12 Gouverneurs Adele Lotsove Mugisa, Ernest Uringi Padolo et Jean-Pierre Molondo Lompondo.

13 Il s'agit du Colonel Mohammed Buli Bangolo dans le premier cas et de Ruhugwa Baguma dans le second.

14 Pendant cette période, il n'y avait pas de gouverneur officiel et le Colonel Muzoora a effectivement exercé un contrôle administratif.

15 Captain Kyakabale, Colonel Arosha, Colonel Edison Muzoora et Colonel Freddy Segamwenge.

16 Rapport final de la Commission judiciaire d'enquête sur les allégations d'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesse en République Démocratique du Congo, 2001 (mai 2001-novembre 2002), novembre 2002, p. 138. La Commission Porter mentionne le Capitaine Kyakabale, le Colonel Arosha, le Capitaine Peter Karim et le Colonel Angina.

17 Colonel Charles Angina.

18 Communication électronique et téléphonique avec des délégués ayant assisté à la conférence, 16 avril 2003.

19 "A Whole New Genocide is Well Underway in Congo," The New Vision, Kampala, 17 avril 2003.

20 "Army Sets Terms for Pulling out of DRC," The Monitor, Kampala, 11 avril 2003.

21 Conseil de Sécurité des Nations Unies, "Special report of the Secretary-General on the United Nations Organization Mission in the Democratic Republic of the Congo," S/2002/1005, 10 septembre 2002.

22 Entretiens conduits par Human Rights Watch, Kampala, février 2003.

23 "A Genocide Could Erupt After UPDF Quits DRC," the New Vision, Kampala, 23 avril 2003.

24 "UPDF to Meet Congo Deadline, Says Wapa," The Monitor, Kampala, 18 avril 2003.

25 Ibid.

26 "UPDF Says Congo Mission a Success," The Monitor, 28 avril 2003.

27 Le 10 juin 2002, Heritage Oil a annoncé un accord avec le gouvernement de la RDC pour développer une production pétrolière sur approximativement 7,7 millions d'acres de l'Est du Congo (Ituri). Dominic Johnson, "Shifting Sands: Oil Exploration in the Rift Valley and the Congo Conflict," Pole Institute Report, 13 mars 2003.

28 Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, février 2003.

29 Entretien conduit par Human Rights Watch avec Mbusa Nyamwisi, Beni, 11 février 2002.

30 Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, février 2003.

31 Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, février 2003.

32 Réseau Européen Congo (REC), Bulletin d'Information no. 10 / 2002, 16 octobre 2002, item 17.

33 Des représentants du gouvernement, environ 100 délégués de neuf communautés ethniques d'Ituri, des membres de la MONUC, de la société civile et des religieux étaient présents à la conférence mais il n'y avait aucun représentant des factions rebelles et des milices ethniques.

34 Ceci incluait Bagonsa et Bosco Taganda qui seraient plus tard des individus clefs dans l'administration UPC.

35 Entretien conduit par Human Rights Watch, Kampala, février 2003.

36 Ibid.

37 Entretien conduit par Human Rights Watch, Chef Kahwa Mandro, Kampala, 22 février 2003.

38 Entretiens conduits par Human Rights Watch, Beni et Kampala, février 2003.

39 Entretien conduit par Human Rights Watch, Thomas Lubanga, Bunia, 14 février 2003.

40 Entretiens conduits par Human Rights Watch, Beni et Kampala, février 2003.

41 "Congo, Rwanda Sabre Rattling Turns Into PR War," The East African Standard, Nairobi, 31 mars 2003.

42 Entretiens conduits par Human Rights Watch avec des analystes locaux, Beni, Bunia et Kampala, février 2003.

43 Entretien conduit par Human Rights Watch, Chef Kahwa Mandro, Kampala, 22 février 2003.

44 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, février 2003.

45 Entretiens conduits par Human Rights Watch avec des sources diverses à Beni, Bunia, Kampala, février 2003.

46 Entretien conduit par Human Rights Watch, Mbusa Nyamwisi, Beni, 11 février 2003.

47 Entretien conduit par Human Rights Watch, commandant militaire, Beni, février 2003.

48 Entretien conduit par Human Rights Watch, source militaire ougandaise, Kampala, février 2003.

49 Connues alors sous le nom d'Armée Patriotique Rwandaise (APR), les forces armées rwandaises s'appellent maintenant les Forces Rwandaises de Défense (FRD).

50 Correspondance interne de la MONUC, septembre et octobre 2002.

51 Entretien conduit par Human Rights Watch, Paidha, février 2003.

52 Entretien conduit par Human Rights Watch, février 2003.

53 Entretien conduit par Human Rights Watch, Thomas Lubanga, Bunia, 14 février 2003. Voir aussi les articles de la presse locale dans The Millenaire, février 2003 et dans U.N. IRIN, février 2003.

54 Conseil de Sécurité des Nations Unies, "Addendum to the report of the Panel of Experts on the Illegal Exploitation of Natural Resources and Other Forms of Wealth of the DRC," S/2001/1072, 13 novembre 2001.

55 Ibid.

56 Conseil de Sécurité des Nations Unies, "Final Report of the Panel of Experts on the Illegal Exploitation of Natural Resources and Other Forms of Wealth of the DRC," S/2002/1146, 16 octobre 2002.

57 Ibid.

58 Ibid., paragraphe 118.

59 Ibid., paragraphe 121.

60 Rapport final de la Commission judiciaire d'enquête sur les allégations relatives à l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesse dans la République Démocratique du Congo 2001 (mai 2001 - novembre 2002), Kampala, novembre 2002, p 199.

61 Ibid., p. 202 et 207.

62 Ibid., p. 203.

63 Ibid., p. 205.

64 "UPC Rebels Grab Mongbwalu's Gold," African Mining Intelligence No. 53, 15 janvier 2003.

65 Heritage Oil Press Release, "Heritage Confirms Uganda Oil Potential and Outlines Further Investment Plans", 31 mars 2003.

66 Ibid., Johnson, "Shifting Sands," p. 24.

67 Ibid., p. 24.

68 Entretien conduit par Human Rights Watch, Kampala, février 2003.

69 Entretien conduit par Human Rights Watch, Chef Kahwa Mandro, Kampala, 22 février 2003.

70 Ibid., Johnson, "Shifting Sands," p.19.

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