Clinton Devrait Soutenir Une Justice Efficace Au Burundi

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« Clinton peut faire naître de ses quelques heures à Arusha un événement qui fera date pour les six millions de Burundais déchirés par cette cruelle guerre. Pour y arriver, il doit apporter son soutien à un traité qui marchera réellement – un traité qui établira la responsabilité de tous les coupables, qu'ils soient Hutu ou Tutsi. De plus, Clinton doit promettre l'aide des Etats-Unis pour rendre possible la justice internationale. »

Peter Takirambudde
Directeur de la Division Africaine de Human Rights Watch
New York, le 22 août 2000 -- Avec un accord de paix Burundais prévu pour le 28 août, Président Bill Clinton devrait promettre le soutien des Etas-Unis pour une justice rapide et efficace, afin de punir les graves crimes commis pendant la guerre, a annoncé Human Rights Watch aujourd'hui.

Clinton est attendu à une cérémonie de signature mettant fin à la guerre civile qui oppose les Hutu aux Tutsi au Burundi – guerre qui a tué bien au-delà de 100.000 personnes ces six dernières années. La plupart des victimes sont des civils, et les coupables sont les Forces Armées Burundaises et les rebelles Burundais.

« Clinton peut faire naître de ses quelques heures à Arusha un événement qui fera date pour les six millions de Burundais déchirés par cette cruelle guerre », a souligné Peter Takirambudde, Directeur de la Division Africaine de Human Rights Watch. « Pour y arriver, il doit apporter son soutien à un traité qui marchera réellement – un traité qui établira la responsabilité de tous les coupables, qu'ils soient Hutu ou Tutsi. De plus, Clinton doit promettre l'aide des Etats-Unis pour rendre possible la justice internationale. »

L'accord exige une enquête internationale sur le génocide et les crimes de guerre au Burundi ainsi que la mise en place par le Conseil de Sécurité de l'ONU d'un tribunal international. Une commission onusienne antérieure a constaté qu'un génocide et des crimes de guerre avaient été commis au Burundi en 1993 et a recommandé des procès internationaux, mais la recommandation est restée lettre morte.

« Une enquête sans poursuites judiciaires équivaut à l'amnistie », a averti Takirambudde. A l'origine certains négociateurs soutenaient une amnistie pour toutes les parties au Burundi. Cependant, Takirambudde dit que ce modele a été discrédité au Sierra Leone. Là, le chef de la rébellion, Foday Sankoh, a été amnistié en échange de sa signature d'un traité de paix, mais il a repris ses crimes de guerre peu après la signature de l'accord.

Takirambudde a déploré la récente escalade de violences qui peut faire dérailler la signature de l'accord tel que prévu ou déranger sa mise en application. Il a demandé pour le tribunal international un mandat sans limite de durée comme celui du Tribunal International pour l'Ex-Yougoslavie. Ceci permettrait de poursuivre quiconque commettrait des crimes après l'accord. « Les atrocités actuelles et les indictions d'une violence à venir au Burundi soulignent l'importance d'un tribunal fort avec un mandat sans limites de durées. Le tribunal doit être à mesure de fonctionner jusqu'à ce que le Conseil de Sécurité juge que le conflit est bel et bien terminé. De cette façon, le tribunal aurait le pouvoir de décourager les criminels qui peuvent inciter à la violence pour entraver contrecarrer l'accord », a dit Takirambudde.

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