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Tunisie : la répression d’Internet jette une ombre sur le Sommet du Net

L’enquête régionale met en lumière une division de la forme numérique construite sur la censure et l’emprisonnement des critiques.

(Tunis, le 15 novembre 2005) Alors que le Sommet mondial sur la société de l’information s’ouvre aujourd’hui à Tunis, la Tunisie continue d’emprisonner des individus qui expriment leurs opinions sur le net et supprime les sites internet qui critiquent le gouvernement, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport détaillé sur la répression envers les utilisateurs d’Internet au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  

« Les gouvernements du Moyen-Orient devraient prouver leurs engagements pour la construction d’une société de l’information en mettant fin à la censure politique des sites internet et en libérant les écrivains emprisonnés pour avoir exprimé leurs opinons politiques en ligne »
Sarah Leah Whitson, Directrice de la division du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à Human Rights Watch
  

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Le rapport de 144 pages, “Fausse liberté: la censure sur le net au Moyen-Orient et en Afrique du Nord” documentera sur la censure en ligne et sur les cas dans lesquels des utilisateurs d’Internet ont été arrêtés pour leurs activités sur le net dans des pays de la région, incluant la Tunisie, l’Iran, la Syrie et l’Egypte. Ces tentatives pour contrôler la circulation de l’information sur le net contredisent les engagements juridiques nationaux et internationaux des gouvernements pour la liberté d’opinion et d’expression et la propre déclaration de principes du sommet.  
 
Le rapport est fondé sur une analyse de milliers de sites internet des pays du Moyen-Orient, et sur les entretiens avec plusieurs écrivains, bloggers, experts en informatique, et activistes pour les droits de l’homme  
 
« Les gouvernements du Moyen-Orient devraient prouver leurs engagements pour la construction d’une société de l’information en mettant fin à la censure politique des sites internet et en libérant les écrivains emprisonnés pour avoir exprimé leurs opinons politiques en ligne, » a annoncé Sarah Leah Whitson, Directrice de la division du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à Human Rights Watch.  
 
Dans les pays où le gouvernement muselle la presse, Internet offre de nouvelles opportunités pour une plus grande liberté d’expression et de communication. La vitesse avec laquelle Internet se propage au Moyen-Orient et en Afrique du Nord témoigne de l’envie grandissante, dans cette région, d’utiliser un moyen alternatif de réception et de transmission de l’information.  
 
« Les sites internet en langue arabe ou en farsi peuvent atteindre une audience de millions de visiteurs, gratuitement et très rapidement, » a affirmé Whitson. « Cependant, faisant face aux contestations sur Internet, beaucoup de gouvernements du Moyen-Orient essaient d’étouffer le mal déjà fait. »  
 
Human Rights Watch s’est aperçu que les gouvernements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord appliquaient des politiques contradictoires à l’égard d’Internet. Avec plus ou moins d’enthousiasme, ils cherchent à faciliter la diffusion des technologies de l’information et de la communication en gardant à l’esprit leurs intérêts économiques. Mais ils cherchent, en même temps, à garder la main mise sur la circulation de l’information.  
 
En Tunisie, le gouvernement détient des internautes qui font paraître leurs critiques sur le net et ferme des sites internet publiant des rapports sur les abus des droits de l’homme dans le pays. « Quand j’ai appris, la première fois, que le sommet aurait lieu ici, que la dictature aurait la chance de se montrer sous son meilleur visage, celui de la modernité et qu’elle pourrait cacher tout le reste, j’ai vu cela comme une humiliation » a confié Mokhtar Yahyaoui, du Centre tunisien pour l’Indépendance de la Justice, à Human Rights Watch.  
 
La police en civil a arrêté le journaliste en ligne tunisien Mohamed Abou le premier mars 2005. La veille au soir, Abou avait publié un article, sur un site internet prohibé, qui comparait le Président Zine El Abidine Ben Ali au premier Ministre israélien Ariel Sharon. Abou purge maintenant une peine de trois ans de prison à Le Kef, à environ 200 km au sud ouest de Tunis.  
 
En Iran, suite à la fermeture, par le gouvernement, des journaux réformistes, Internet est devenu le principal moyen de communication pour échanger librement des informations politiques et des idées. Aujourd’hui, on compte environ sept millions d’utilisateurs d’Internet en Iran, et cela alimente maintenant le développement de la société civile. Le gouvernement y réagit en emprisonnant plusieurs internautes, bloggers, et administrateurs de sites internet.  
 
En raison de son implication officielle à défendre les droits de l’homme, Omid Memarian a été arrêté, avec plus de vingt autres bloggers, en octobre 2004. Il a été mis en confinement solitaire, torturé à plusieurs reprises et forcé à faire de fausses confessions. Suite aux protestations internationales, y compris celles de Human Rights Watch, il a été relâché en décembre 2004.  
 
En Egypte, Internet s’avère être, de même, un bienfait pour le développement de la société civile et pour la liberté d’information, mais il provoque aussi quelquefois une résistance du gouvernement. Les activistes et bloggers égyptiens utilisent désormais Internet, les messages électroniques, et les sms pour attirer l’attention sur les violations des droits de l’homme, pour organiser des manifestations, et même pour harmoniser les slogans chantés lors des protestations. Le premier site Internet de la fraternité musulmane, discutablement le plus grand groupe d’opposition d’Egypte, est fermé dans son propre pays.  
 
Le 26 octobre 2005, à 3 heures du matin, des agents de sécurité en civil ont emprisonné le blogger égyptien Abd al-Karim Nabil Suleiman à Alexandrie et ont confisqué les tirages de ses écrits en ligne. Suleiman étudiait la jurisprudence islamique à l’Université Al-Azhar à Muharram Bek, un district d’Alexandrie qui fut, quelques jours avant son arrestation, le décor funeste d’émeutes sectaires. Le 22 octobre, il avait posté des commentaires sur Internet, critiquant les émeutiers musulmans et l’Islam.  
 
En Syrie, les autorités censurent avec facilité les informations et les correspondances grâce aux conditions de la législation d’urgence promulguée il y a plus de 40 ans. Le gouvernement manipule la structure même d’Internet, limitant l’usage des règles de base qui permettent aux gens d’envoyer des messages électroniques et de construire des sites internet. Les forces de sécurité détiennent des internautes isolés du monde extérieur et les torturent uniquement parce qu’ils relatent des histoires que le gouvernement ne voulait pas voir divulguées.  
 
Malgré ces répressions, les syriens continuent à trouver de nouveaux moyens pour contourner la censure et la surveillance d’Internet et s’en sont servi rapidement pour obtenir les nouvelles en Syrie et hors du pays. Comme un important activiste syrien des droits de l’homme exposait à Human Rights Watch, « Internet est aujourd’hui, en Syrie, le seul moyen pour les intellectuels de se rencontrer et de partager des idées.»

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