Rapports de Human Rights Watch

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Historique

 

Deux guerres successives, l’une ayant commencé en 1996 et l’autre en 1998, ont laissé le Congo dévasté, faisant plus de 3,5 millions de victimes. En juillet 2003, après cinq années de combat, les parties impliquées dans la deuxième guerre ont signé un accord se partageant les postes dans un gouvernement de transition et appelant à mettre en place une nouvelle constitution et des élections nationales dans une période relativement courte de deux ans.1

 

Dès le départ, le gouvernement de transition a été miné par le manque de confiance entre ses différentes composantes —représentées par un Président et quatre vice-Présidents— et par la corruption. Apparemment peu pressés d’organiser des élections, les dirigeants politiques ont fait traîner l’adoption des lois nécessaires au démarrage du processus électoral. Les troupes des anciens belligérants devaient être intégrées dans les rangs d’une nouvelle armée nationale, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), mais à la fin de l’année 2005 moins d’un cinquième du nombre total estimé de soldats a terminé le processus.

 

Etant donné la lenteur des progrès de l’intégration dans l’armée, des soldats de l’ancien Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Goma (RCD-Goma) —censés faire eux-mêmes partie des FARDC—ont combattu contre les troupes des FARDC en mai et décembre 2004. D’autres soldats des FARDC ont continué le combat avec des groupes armés résistant encore contre le contrôle national dans le district d’Ituri au nord-est et dans la province de Katanga au sud. Devant ces obstacles logistiques et politiques, le gouvernement de transition a reporté au début de 2006 les élections qui étaient programmées pour le 30 juin 2005, et a décidé d’organiser un référendum sur la nouvelle constitution en novembre 2005, ensuite reporté à décembre 2005. Selon les termes de l’accord régissant la période de transition, les élections doivent être terminées d’ici le 30 juin 2006, sans que rien ne soit prévu dans le cas où cette date limite ne serait pas respectée.

 

La constitution proposée, adoptée par le Conseil des ministres et par le Parlement en mai 2005, représente un changement important dans l’organisation de l’Etat congolais. Si elle est acceptée par le vote populaire, la nouvelle constitution réduira le pouvoir du Président. Elle prévoit aussi une structure plus fédérale, avec de nouveaux pouvoirs dévolus aux provinces, qui passeront de onze à vingt-six. En dépit des efforts de dernière minute faits par la MONUC, la société civile et certains membres du Parlement,peu de citoyenscongolais ont bénéficié d’informations sur la nouvelle constitution et ils ont eu peu d’opportunités de débattre son contenu.

 

Avec les dates de référendum des 18 et 19 décembre qui se rapprochent, les préparatifs pour le vote sont très en retard sur le calendrier. Comme s’ils préparaient des excuses à l’avance, des membres du gouvernement et des diplomates à Kinshasa ont prévenu à plusieurs reprises les enquêteurs de Human Rights Watch que “les élections ne seront pas parfaites.”2

 



[1] Connu sous la dénomination d’Accord Global et Inclusif, est été signé en Afrique du Sud en 2002.

[2] Les enquêteurs de Human Rights Watch ont entendu ce refrain dans plus de dix entretiens à Kinshasa entre le 28 septembre et le 3 octobre 2005.


<  |  index  |  suivant>>decembre 2005