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D'où viennent les menaces?

Les autorités rwandaises insistent sur le fait que le pays continue à vivre sous la double menace de possibles attaques lancées depuis l'étranger et de risques dus à des "forces négatives" internes. Les événements qui se sont déroulés dans l'est du pays, comme l'attaque lancée sur Tamira en décembre 1999, montrent que les groupes d'opposition armée, quel que soit le nom qu'on leur donne, continuent à représenter une menace pour la sécurité. Il est également évident qu'il règne au sein de la population rwandaise un profond mécontentement vis-à-vis du gouvernement actuel. Cependant, de nombreux rwandais estiment que le risque principal ne vient ni des insurgés ni des dissidents internes, mais bien des autorités elles-mêmes, qui sont précisément supposées protéger la population.

Les responsables gouvernementaux, les soldats et les hommes politiques lancent régulièrement des accusations qui sont soit fausses ou, dans le meilleur des cas, basées sur des faits douteux, et acceptent facilement le fait que d'autres, notamment leurs alliés, portent eux aussi des accusations similaires. Ils sont prompts à ordonner des arrestations mais se révèlent ensuite incapables de mener à bien des enquêtes dignes de ce nom et de faire juger les coupables. Le grand nombre de fausses accusations portées et la lenteur de la justice provoque au sein de la population un profond sentiment d'insécurité. Les hutu ont, depuis longtemps, souffert de ce type d'abus. Il semble aujourd'hui que les tutsi rescapés du génocide soient à leur tour de plus en plus souvent confrontés au même phénomène.

Dans un passé récent, les rwandais ont faussement accusé certains de leurs ennemis personnels ou politiques d'avoir participé au génocide ou de soutenir les insurgés. A ces accusations s'ajoute aujourd'hui celle d'être pour le retour du roi. Les rwandais accusent aussi certains de leurs compatriotes de corruption, ce qui, dans certains cas, est relativement plus crédible, de nombreuses personnes s'étant effectivement enrichies de manière illégale. Cependant, la manière dont de telles accusations sont souvent portées, qu'elles le soient à l'encontre de leaders politiques ou de journalistes dissidents, laisse penser que certaines d'entre elles sont motivées par des motifs de nature politique.

Tout comme il est difficile d'évaluer l'importance de la menace que les insurgés représentent, il est également difficile d'évaluer l'importance des dissensions politiques qui règnent dans le pays. Cependant, quels que soit les risques venant de l'extérieur ou de l'intérieur du Rwanda, le gouvernement ne peut en aucun cas profiter de la situation pour violer les droits des citoyens rwandais.

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