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Rapport Mondial 2003 : Burundi FREE    Recevez des Nouvelles 
Burundi : intensification des combats et la passation du pouvoir
(New York, 30 avril 2003) Les combats se sont intensifiés au Burundi au fur et à mesure que la passation du pouvoir présidentiel se rapprochait a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Au moins neuf sur les dix-sept provinces du Burundi ont connu des opérations militaires dans les deux derniers mois.


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HRW documents sur L'Afrique Centrale

En anglais :
HRW Documents on Burundi

" La situation est telle qu'au lieu de susciter l'espoir, la transition attise les peurs. "

Alison Des Forges, conseillère à la Division Afrique de Human Rights Watch


 
Il s'impose que toutes les parties concernées par le conflit au Burundi concrétisent leurs promesses en faveur de la paix et de la justice, estime HRW à l'occasion de l'installation au pouvoir, ce 30 avril 2003, du nouveau président Domitien Ndayizeye.

Sous le mandat de l'ancien président, le Major Pierre Buyoya, le gouvernement et trois des quatre branches de la rébellion ont signé des accords de cessez-le-feu en vue de mettre fin à la guerre civile qui dure depuis près de neuf ans mais ont failli à honorer leurs engagements.

Les 17, 19 et 20 avril, les rebelles des Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD) ont bombardé la capitale Bujumbura ainsi que les villes de Gitega et Ruygi, tuant au moins six civils et en blessant plus de quarante. Les obus tombaient dans des quartiers résidentiels, loin des cibles militaires. Un porte-parole des FDD a déclaré que les attaques visaient à contraindre le gouvernement à poursuivre les négociations.

Le 23 avril, les troupes gouvernementales auraient massacré une vingtaine de civils à Kabezi juste à la sortie de Bujumbura en représailles d'une attaque des forces rebelles contre un poste militaire local.

" La situation est telle qu'au lieu de susciter l'espoir, la transition attise les peurs ", estime Alison Des Forges, Senior Advisor à la Division Afrique de Human Rights Watch. " Les civils sont résignés et ne peuvent qu'espérer qu'ils échapperont à cette violence aveugle qui est le fait tant du gouvernement que des rebelles "

Dans ce qui est la première tentative de l'Union Africaine de mettre sur pied une mission de maintien de la paix, une grosse centaine de militaires sud-africains sont arrivés à Bujumbura cette semaine. Ils sont les premiers éléments d'une force de 3.500 hommes, qui inclura des soldats mozambicains et éthiopiens. La force a pour mission de superviser le cessez-le-feu instable. Malgré le total soutien international témoigné à cet effort, les bailleurs n'y ont contribué que pour une part infime en comparaison avec les millions que l'opération nécessite.

Le gouvernement de Buyoya ne s'est guère illustré dans l'exercice de la justice visant à sanctionner les crimes commis pendant la guerre, mais ces dernières semaines, les parlementaires se sont empressés d'adopter trois lois en rapport avec des crimes de ce type. Un premier pas vers la ratification de la Cour Pénale Internationale a été clairement posé, mais les autres lois suggèrent qu'une commission internationale d'enquête, une commission nationale vérité et réconciliation, et les juridictions nationales auront toutes à juger les massacres à connotation ethnique commis ces dernières quarante années. Avec des mandats aussi étendus et qui se superposent, la question reste posée de savoir comment la justice pourra vraiment être rendue.

" Les promesses ne mènent nulle part ", estime Des Forges. " Le gouvernement et la rébellion se doivent de concrétiser le cessez-le-feu, les bailleurs internationaux se doivent de supporter la mission de maintien de la paix, et il s'impose que les autorités législatives et judiciaires rendent effectives les nouvelles lois adoptées en matière de justice."