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Rapport Mondial 2002 : RDC FREE    Recevez des Nouvelles 
République Démocratique du Congo : un militant battu jusqu'au sang
(New York, 20 mars 2002) Human Rights Watch a aujourd'hui condamné les arrestations et passages à tabac de militants et journalistes perpétrés dans l'est du Congo par le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD). Human Rights Watch a également critiqué le RCD et son allié, le Rwanda, pour des détentions arbitraires de Congolais dans des containers, près de Goma.


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Les responsables du RCD disent toujours aux organisations locales de défense des droits humains de leur confier directement les récits de violations des droits humains plutôt que d'en informer des étrangers. Et ensuite, ils réduisent en bouillie le militant qui leur fait part de telles préoccupations."

Alison DesForges, conseillère à la Division Afrique de Human Rights Watch


 
Le 15 mars, les responsables de la sécurité à la Direction Provinciale de la Sécurité, à Goma ont arrêté et sévèrement battu Richard Muhindo Bayunda, un défenseur des droits humains. Il a été arrêté alors qu'il rencontrait des responsables de la sécurité pour protester contre la détention récente d'un journaliste et contre le fait que les autorités menaçaient de l'arrêter de nouveau s'il ne payait pas 60 USD, somme représentant en fait un pot de vin. Ces responsables ont donné des coups de pied à Bayunda et l'ont frappé avec des bâtons et des crosses de fusils. Lorsqu'ils l'ont relâché ultérieurement dans la journée, Bayunda vomissait du sang et avait des blessures ouvertes sur le dos, les fesses et la bouche. Bayunda dirige le Centre de Recherche sur l'Environnement, la Démocratie et les Droits de l'Homme (CREDDHO) à Goma, une organisation qui dénonce régulièrement les abus aux responsables du RCD.

"Les responsables du RCD disent toujours aux organisations locales de défense des droits humains de leur confier directement les récits de violations des droits humains plutôt que d'en informer des étrangers," a déclaré Alison DesForges, conseillère à la Division Afrique de Human Rights Watch. "Et ensuite, ils réduisent en bouillie le militant qui leur fait part de telles préoccupations."

Bayunda a été arrêté alors qu'il rencontrait des responsables de la sécurité pour discuter de l'arrestation, le 9 mars, de Raphael Paluku Kyana, directeur d'une radio communautaire à Kanyabayonga alors que ce dernier se rendait à une session de formation pour professionnels des médias organisée par le Conseil Inter-Africain des Eglises, à Nairobi. Kyana a été détenu pendant plusieurs jours à la Direction Provinciale de la Sécurité. Cette même semaine, Deo Baabo, qui dirige l'organisation non-gouvernementale, GEAD à Goma a également été détenu et interrogé pendant plusieurs jours parce qu'il avait, à tort, été accusé de s'être rendu à Kinshasa sans autorisation. Dans un autre cas de harcèlement d'acteurs de la société civile, les autorités du RCD ont suspendu, début mars, un journaliste de la Radio Télévision Nationale du Congo juste après qu'il ait présidé une conférence de presse organisée par des groupes de femmes à Bukavu pour célébrer la journée internationale des femmes. Les années précédentes, les organisateurs de la journée internationale des femmes ont également été menacés d'arrestations et d'autres mesures répressives.

Les soldats de l'armée rwandaise et le RCD, qui combattent des groupes locaux armés connus sous le nom de Mai Mai, détiennent actuellement des suspects, dans des conditions inhumaines, dans un container de bateau à Ndosho, à environ 15 kilomètres de Goma. Bien que ce site soit situé en territoire soi-disant administré par le RCD, les soldats rwandais semblent y exercer leur autorité, tranchant des questions comme celle de l'accès aux détenus. Selon des sources locales, les soldats rwandais ont même refusé d'autoriser des autorités judiciaires du RCD à se rendre au container. Les détenus, dont certains auraient été torturés, n'ont pas accès à une aide médicale ou légale ni à leurs familles. Le container devient très chaud dans la journée et très froid la nuit. Parmi les personnes détenues se trouvent cinq hommes appelés Muhondo Mirimo, Munihire Mirimo, Floribert Mirimo, Kamanyole et Weteshe.

Human Rights Watch demande au gouvernement rwandais et au RCD de fermer ce centre de détention illégal et inhumain. Les détenus devraient soit être relâchés, soit être inculpés d'un délit reconnu comme tel et transférés vers un site de détention officiellement reconnu, en accord avec le droit congolais.