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Tadjikistan : Les États de l’UE et la Turquie ne devraient pas renvoyer des dissidents vers ce pays

Des opposants tadjiks en exil ont été arrêtés ou portés disparus

Groups protest against the visit of Tajikistan President Emomali Rahmon and other Central Asian leaders to Berlin, Germany, September 29, 2023. © 2023 snapshot-photography/FBoillot/Shutterstock

(Berlin, 16 avril 2024) – Plusieurs personnes vivant en Lituanie, en Pologne et en Turquie, et ayant des liens avec le Groupe 24, un mouvement d'opposition tadjik interdit, ont disparu ces derniers mois ou ont été arrêtées et menacées d'extradition vers le Tadjikistan, ont déclaré Human Rights Watch et le Comité norvégien d'Helsinki aujourd'hui.

Le Groupe 24 est un mouvement politique promouvant des réformes démocratiques au Tadjikistan, que le gouvernement tadjik a interdit et désigné comme organisation terroriste en octobre 2014. Au cours de la dernière décennie, le Tadjikistan a demandé l'extradition de membres du Groupe 24 exilés dans d'autres pays ; certains ont été tués ou soumis à des disparitions forcées. Les gouvernements des pays où vivent des personnes recherchées par le Tadjikistan ne devraient pas les renvoyer vers ce pays où elles risqueraient d’être torturées ; ils devraient respecter pleinement le droit des demandeurs d’asile tadjiks à une procédure régulière, notamment en ne les détenant pas arbitrairement sur la base de demandes infondées et politiquement motivées émises par le gouvernement tadjik.

« Le Tadjikistan devrait mettre fin sans équivoque à sa chasse aux opposants présumés vivant à l'étranger, qui dure depuis une décennie ; cette chasse vise en particulier les personnes suspectées de liens avec le Groupe 24 et avec d'autres groupes interdits », a déclaré Syinat Sultanalieva, chercheuse sur l'Asie centrale à Human Rights Watch. « L’UE et la Turquie devraient protéger les activistes de l’opposition et s’abstenir de les renvoyer au Tadjikistan, un pays connu pour sa répression transnationale, où ils risquent d’être torturés. »

Human Rights Watch a récemment publié un rapport sur la répression transnationale – le ciblage d’opposants vivant à l'étranger par des gouvernements répressifs. Le rapport cite plusieurs exemples de membres ou ex-membres du Groupe 24, ayant fui le pays avant d’être ciblés par le gouvernement tadjik ; celui-ci a cherché à obtenir leur arrestation et extradition vers le Tadjikistan, sur la base d’accusations prétendument liées au terrorisme ou à l'extrémisme.

Des activistes en exil ont également été victimes de disparitions forcées ou d'un usage abusif des notices rouges d'Interpol, qui consistent en une demande adressée aux forces de l'ordre du monde entier de localiser et d'arrêter provisoirement une personne parce qu'un gouvernement demande son extradition.

Le 5 avril 2024, les services de sécurité lituaniens ont arrêté Sulaimon Davlatov, ancien membre du Groupe 24, à Vilnius, accusé d'avoir prétendument violé la sécurité nationale de la Lituanie.

Les 23 février et 10 mars respectivement, deux hauts responsables du Groupe 24, Nasimjon Charifov et Sukhrob Zafar, ont « disparu » en Turquie. Tous deux avaient déjà été arrêtés par la police turque en mars 2018 à la demande des autorités tadjikes et menacés d'extradition, mais ont finalement été libérés.

Le 19 mars, un tribunal polonais a ordonné à Komron Khudoydodov, frère d’une ex-activiste du Groupe 24 Shabnam Khudoydodova, de quitter volontairement la Pologne avant le 19 avril, sous peine d'être expulsé vers le Tadjikistan.

La Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants interdit l'expulsion, le refoulement ou l'extradition d'une personne vers un autre État où il y a des motifs sérieux de croire qu'elle risque d'y être torturée. La Convention européenne des droits de l'homme comprend aussi une telle interdiction.

Texte complet en anglais : en ligne ici.

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